Après trois ans d'attente, la célèbre simulation de combats sous-marins Silent Hunter revient enfin sur PC dans un épisode se voulant à la fois plus accessible et plus technique que les précédents. Ubisoft parviendra-t-il à séduire le grand public tout en satisfaisant les vétérans de la série ? Pas si sûr.
Jusqu'à présent, la saga Silent Hunter débutée en 1996 était synonyme de simulation pure et de réalisme sur fond de Seconde Guerre mondiale. Une longue pratique était nécessaire pour se familiariser avec les commandes des sous-marins dont nous avions le commandement et le moindre tir de torpille exigeait un doigté certain. Nous sommes aujourd'hui en 2010 et la plupart des éditeurs cèdent les uns après les autres aux sirènes du casual gaming. Visant désormais le grand public, ils effectuent de plus en plus souvent des aménagements de gameplay sur leurs grandes licences afin qu'un maximum de joueurs puisse s'y essayer. Toutefois, le risque majeur avec une série telle que Silent Hunter, c'est que les vétérans ne retrouvent plus la complexité et la profondeur auxquelles ils étaient habitués. Ubisoft a donc tenté de simplifier les mécanismes de jeu tout en conservant la richesse du soft.
La première chose que remarquera le spécialiste de Silent Hunter, c'est sans aucun doute que l'intérieur du U-Boat allemand de type VII dont il est capitaine a été intégralement modélisé. Entendez par là que l'on peut non seulement admirer sous toutes leurs coutures les entrailles de ce formidable engin mais que l'on peut également s'y déplacer librement. Les couloirs et autres salles sont parfaitement reproduits et l'équipage est criant de vérité. Il suffit simplement de cliquer sur un élément du décor (périscope, hydrophone...) pour l'activer ou sur un de nos hommes pour interagir avec lui. Officier en second, bosco, cuisinier, artilleur... Chaque individu à bord a comme d'habitude une fonction et des compétences essentielles à la bonne marche du sous-marin qu'en bon capitaine, on essaiera de gérer au mieux. Néanmoins, le fait de les croiser dans les coursives, de leur parler ou de les voir rejoindre leur poste entre deux quarts constitue un plus indéniable au niveau de l'immersion. Et ce, même si l'expression de leurs émotions reste beaucoup trop rudimentaire (ils ne paniquent pas lorsque l'alerte est donnée, ne montrent pas de signes de faiblesse quand ils sont blessés, etc.).
Ensuite, il apparaîtra très rapidement aux yeux des connaisseurs que l'interface a subi une refonte complète afin de convenir à un public beaucoup moins calé en matière de simulation. Ainsi, les commandes clavier ont été largement simplifiées, il y a moins de données à l'écran et les obscurs menus d'autrefois ne sont plus qu'un souvenir. A la place, on trouve des icônes placées dans les coins de l'écran nous permettant par exemple de sélectionner aisément une profondeur pré-calculée (surface, périscope, plongée) ou de charger un tube de torpille précis. Le contrôle du cap et de la vitesse de notre bâtiment dépend des flèches directionnelles et là encore, on n'a le choix qu'entre des commandes préréglées telles que virer d'un degré, virer à fond ou se diriger vers l'endroit où pointe le périscope. En ce qui concerne les combats proprement dits, on peut désormais locker une cible et toucher cette dernière beaucoup plus facilement qu'auparavant. Un système d'évaluation chiffrée nous aide également à calculer la trajectoire de nos torpilles afin de maximiser nos chances d'atteindre les bâtiments ennemis. Inutile de préciser que les vétérans des derniers opus risquent de sérieusement grincer des dents durant leurs premières heures de jeu et même après. Heureusement, il est tout de même possible de régler la difficulté du soft pour rehausser le challenge et retrouver des sensations plus authentiques. De plus, à l'heure où Silent Hunter 5 sort en France, les modeurs ont déjà trouvé de nombreuses solutions pour que les fans de Silent Hunter 3 ou Silent Hunter 4 retrouvent un peu leurs repères (barres d'options, données supplémentaires, etc.).
Qui dit gameplay simplifié devrait se traduire par accessibilité accrue et plaisir de jeu immédiat. Or, ce n'est pas vraiment le cas et ce pour une raison toute bête : tout est très mal expliqué. Du briefing des missions au tutoriel en passant par le manuel, rien ne nous dit correctement ce que l'on doit faire et surtout comment on doit le faire. Il en résulte des heures entières à tâtonner pour maîtriser les commandes du sous-marin, l'interface d'action tactique, la carte de navigation, etc. On refait souvent la même mission simplement parce qu'on a mal compris les ordres ou plus trivialement à cause d'un bug. On se demande que faire une fois à quai. Bref, si les spécialistes seront déconcertés par les changements de gameplay apportés par cet épisode, il n'est pas sûr que les néophytes insistent suffisamment pour ne pas décrocher aux aussi. Certes, de la patience il en faut de toutes façons puisque Silent Hunter reste avant tout une simulation de sous-marins. Le problème ici, c'est que l'on doit apprendre à jouer seul tout en se dépatouillant avec des bugs. La campagne solo couvrant toute la Seconde Guerre mondiale est constituée d'objectifs pas toujours clairs, les missions historiques (couler tel cuirassé célèbre, passer le détroit de Gibraltar...) ne sont introduites que par un pauvre écran de briefing. En multijoueur, il est facile de se perdre également. C'est dommage car d'une part, Silent Hunter 5 bénéficie d'une réalisation convaincante et d'autre part, il est probable que son potentiel sera sublimé dans les semaines qui viennent par quelques patches, mods et autres guides stratégiques. A l'heure actuelle, Silent Hunter 5 n'est pas un mauvais jeu, loin s'en faut, mais il est clair qu'il faut insister avant de prendre plaisir à se tapir sous la surface pour traquer nos proies.
- Graphismes16/20
La modélisation de l'eau, des bâtiments ennemis ou des côtes est vraiment réussie. On peut marcher à l'intérieur d'un U-boat criant de réalisme. Les effets météo ou les explosions forcent également l'admiration. Ceci étant, notre équipage ne dégage quasiment aucune émotion et quelques bugs gâchent l'expérience.
- Jouabilité14/20
La nouvelle interface ne plaira pas à tout le monde, c'est le moins que l'on puisse dire. De plus l'absence d'un véritable tutoriel se fait gravement ressentir dans un épisode se voulant à la portée du grand public. Heureusement, surgir des flots à l'improviste pour torpiller les vaisseaux ennemis s'avère toujours aussi jouissif et les mécanismes de jeu (dont on peut paramétrer le degré de réalisme) sont solides.
- Durée de vie16/20
Si les missions historiques sont peu nombreuses, la campagne qui couvre toute la Seconde Guerre mondiale est longue et il y a du multijoueur en ligne pour prolonger le plaisir. Attention, quelques bugs majeurs liés au software comme au DRM basé sur la connexion Internet nuisent actuellement au bon déroulement des parties solos comme multi.
- Bande son16/20
Les doublages en allemand nous plongeront dans le bain immédiatement tandis que les bruitages font parfois froid dans le dos tant ils s'approchent de la réalité. Les musiques sont correctes.
- Scénario/
-
D'un abord laborieux malgré la volonté affichée de capter l'attention d'un public moins expérimenté, Silent Hunter 5 nécessite une certaine persévérance avant de se laisser apprivoiser. Le jeu en vaut cependant la chandelle car une fois qu'on s'est fait à son interface et que l'on maîtrise son principe, le plaisir est bel et bien au rendez-vous. Lorsque tous ses bugs seront corrigés et que des mods permettront aux vétérans de retrouver leurs sensations d'antan, nul doute ne fait que ce cinquième épisode de Silent Hunter vaudra plus que sa note actuelle.