S’il n’a jamais connu la notoriété et le succès des autres classiques de la plate-forme sur la machine de Sega, Rocket Knight Adventures n’en reste pas moins un jeu de référence rempli de nombreuses idées de gameplay originales. Sorti en 1993, ce titre apportait son lot d’innovations notamment par sa construction très particulière et son heureux mélange des genres.
L'action prend place dans le Royaume de Zébulos, à mi-chemin entre contrée médiévale et l'univers steampunk : les vaisseaux à vapeur y côtoient les rois, les princesses et les ordres de chevaliers. Le héros, Sparkster, est le chef d'un de ces ordres, les Rocket Knights, renommés pour leur habileté à l'épée et leur utilisation d'un Jetpack situé au dos de leurs armures. Lorsque le royaume voisin de Devotindos envahit ses terres, et fait enlever la princesse de Zébulos, Sparkster prend les armes pour la délivrer et se venger d'Axel Gear, Rocket Knight déchu ayant assassiné son ancien maître avant de s'allier à l'ennemi.
Sparkster est un chevalier opossum se battant contre une armée de cochons contrôlant toutes sortes de robots. Si le scénario est somme toute classique, Rocket Knight Adventures parvient tout de même à tirer son épingle du jeu, notamment grâce à sa réalisation. Les personnages profitent tous d'un design propre et soigné, et d'animations qui, malgré un manque de fluidité, restent cohérentes avec l'esprit du jeu. Le design est aussi très réussi pour les niveaux à proprement parler, notamment dans la capitale de Devotindos, avec des bâtiments en forme de têtes de cochons grises et menaçantes. Les décors sont d'ailleurs extrêmement variés. De la campagne en flammes aux profondeurs d'une mine, de la mégapole industrielle et polluée au Pig Star, vaisseau amiral de Devotindos, le joueur est emmené dans un véritable périple à la recherche de l'origine du conflit.
La variété et le soin apportés aux décors se retrouvent dans les level et game design du titre. Les niveaux sont structurés sous forme de courts tableaux proposant chacun un type de gameplay bien précis. La plate-forme domine bien sûr, avec quelques variantes intéressantes ; on pense notamment à une séquence où le héros se fraye un chemin entre les obstacles en passant sur deux plans de part et d'autre d'une chute d'eau. Mais la véritable trouvaille se situe dans le Jetpack de notre ami Sparkster. Ce dernier est absolument nécessaire dans la progression car il permet d'atteindre plates-formes et bonus cachés autrement inaccessibles. Mais l'utilisation du Jetpack ne s'arrête pas là puisqu'il peut également être utilisé comme arme. Il faudra d'ailleurs un certain temps pour maîtriser cet outil, en évitant de céder à la tentation de s'en servir systématiquement, sous peine de finir dans un gouffre ou sur un ennemi que l'on n'avait pas vu arriver. Le Jetpack sera aussi prétexte à des séquences de shoot'em up en scrolling horizontal, qui donneront alors l'occasion de changer le rythme de l'action et de faire monter le score en détruisant le maximum de cochons volants.
Comme si tout cela n'était déjà pas suffisant, la progression réserve aussi quelques scènes plus exotiques : montagnes russes, passages sous-marins, fuite hors d'une salle qui s'effondre au fur et à mesure… Dans tous les cas la maniabilité est exemplaire et permet à tout joueur rigoureux de s'en sortir sans trop souffrir d'injustices, même si certaines collisions parfois hasardeuses avec les ennemis ou les obstacles entraînent des dégâts importants, voire même une mort directe, pour peu que vous jouiez à un niveau de difficulté élevé. Et on meurt souvent dans Rocket Knight ! Il est donc important de bien mémoriser l'architecture des niveaux pour s'en sortir indemne. Ceci est particulièrement vrai pour les boss souvent titanesques que l'on rencontre au cours du jeu et qui exigent une connaissance parfaite de leur timing et de leurs faiblesses si l'on veut pouvoir les vaincre sans y laisser trop de vies. On appréciera notamment le superbe combat de robots géants, que l'on pourra piloter après une course-poursuite effrénée avec celui d'Axel Gear.
Il serait injuste de parler de Rocket Knight sans évoquer sa fabuleuse bande-son. Les musiques se situent dans des thèmes plutôt épiques et chevaleresques sur les premiers niveaux pour évoluer vers des sonorités plus sombres et électroniques vers la fin, en particulier au dernier niveau. Leur composition est en partie l'œuvre de Michiru Yamane, plus connue pour son travail sur les musiques du mythique Castlevania : Symphony of the Night. Les bruitages, bien qu'inégaux en qualité, n'en contribuent pas moins à créer l'ambiance unique qui caractérise ce soft, tout en évitant la lassitude durant les nombreuses heures nécessaires pour compléter le jeu en mode Crazy Hard, un mode qui ne vous accorde qu'une seule vie et aucun continu. Le moindre contact avec un ennemi implique directement un game over !
Rocket Knight connaîtra une suite nommée simplement Sparkster, assez semblable au premier opus mais dont l'utilisation du Jetpack varie quelque peu : chargé automatiquement, celui-ci permet de rester plus longtemps en l'air, mais enlève cependant l'aspect tactique de maîtrise de la charge. A noter que le jeu Sparkster sorti sur Super NES, bien qu'ayant le même nom, est complètement différent de son homologue Megadrive.
- Graphismes16/20
Rocket Knight était assez impressionnant pour l’époque, avec ses graphismes colorés et ses décors soignés, mais surtout pour l’originalité de l’univers qu’il mettait en scène.
- Jouabilité17/20
Sparkster répond au doigt et à l’œil, avec des sauts précis et sans trop d’inertie. Il faudra néanmoins un peu d’entraînement pour tirer le meilleur parti du système de Jetpack, notamment lors des affrontements contre les boss.
- Durée de vie14/20
Le mode Easy peut être bouclé en un après-midi sans problème, mais pour obtenir la vraie fin qui exige la fin du jeu en Hard, il faudra quelques jours d’entraînement. Quant aux autres niveaux de difficulté pouvant être débloqués, en particulier le Crazy Hard, il vous faudra tout simplement connaître le jeu par cœur.
- Bande son18/20
Tout simplement une référence. Les bruitages très cartoon complètent admirablement une des plus belles partitions musicales de l’ère 16 bits. Cerise sur le gâteau, le sound test présent dans les options permet d’écouter tous les sons du jeu un par un pour ceux qui désireraient prolonger l'immersion.
- Scénario11/20
Rien que du très classique : une princesse est enlevée et un chevalier doit vaincre le royaume ennemi pour la retrouver. Cela n’empêche pas du tout d’adhérer à l’aventure, mais force est de constater qu’il ne s’agit pas du point fort du jeu.
Rocket Knight est un jeu qui sort du lot. Beau, rythmé, original, il ne laisse pas au joueur le temps de s’ennuyer et exige une concentration de tous les instants. Par son enchaînement de séquences courtes chacune basée sur un gameplay spécifique, son univers unique et ses personnages attachants, le titre arrive à se renouveler sans cesse, conservant le plaisir de jeu du début à la fin.