The Pirates of Dark Water est une série animée créée par David Kirschner. Bien que populaire, elle connut, deux ans après son lancement, une fin abrupte suscitée en grande partie par des coûts de production trop importants. Ironiquement, cette œuvre fleurant bon l’inachevé, a donné lieu à une adaptation sur Super Nes sous forme d’un beat’em all exhalant un parfum semblable.
Le titre développé par Sunsoft débute par un sympathique prologue, faisant office de remise à niveau pour les profanes. L'intrigue, calquée sur celle du dessin animé, se déroule dans un monde fantastique, submergé par les flots, répondant au nom de Mer. Le roi Primus est à l'agonie et confie à son fils Ren la lourde tâche de rassembler les Trésors de la Domination. Ces précieux joyaux ont le pouvoir de contrôler la Dark Water, une substance noirâtre et mortelle qui menace de recouvrir peu à peu la planète. Dans sa quête de salut, Ren est épaulé par Ioz, un chasseur de trésors pragmatique, ainsi que Tula, une navigatrice hors pair pouvant commander aux éléments. Cette fine équipe ne sera pas de trop pour lutter contre l'infâme Bloth, un terrible capitaine corsaire souhaitant régner sans partage grâce au pouvoir des joyaux.
The Pirates of Dark Water, jouable jusqu'à deux, propose uniquement un mode aventure, lequel consiste à retrouver sept des treize trésors existants, disséminés sur huit niveaux. Pour y parvenir, les joueurs ont à leur disposition trois personnages aux attributs propres. Ren est équilibré à tous les niveaux ; Tula, bien que particulièrement véloce, n'inflige que peu de dommages ; quand à Ioz, il compense sa lenteur affligeante par une force et une allonge accrues. Les commandes sont les mêmes pour tous et peuvent donner lieu aux habituels attaques de mêlée, attaques armées, sauts et autre projections. A tout cela s'ajoute aussi un coup spécial propre à chacun, ne pouvant être bloqué mais grignotant en contrepartie la santé de son utilisateur. A noter la possibilité, plutôt bienvenue dans un beat'em all, de se mettre en garde à l'aide des gâchettes L et R. Dommage que son utilisation ici soit extrêmement restreinte. Le fait est que se protéger ne sert strictement à rien contre les boss, ces derniers ayant la faculté de passer à travers la défense. Quant aux ennemis de base, la meilleure façon de les vaincre consiste à prendre les devants, cela limite d'autant plus l'utilisation de la posture défensive qui, pour le coup, se révèle quasiment inutile. Ce côté « sous-exploité » se retrouve à maintes reprises au cours du jeu.
Les niveaux, par exemple, sont limités dans le temps, probablement pour accentuer leur difficulté. Ceci étant dit, les secondes s'écoulent si lentement qu'il est impossible pour le joueur de ressentir la moindre pression. Le concept est présent mais mal adapté et, en conséquence, ressemble d'avantage à une absurdité qu'à un challenge. De même, le fait que les stages soient truffés de pièges en tout genre serait appréciable si seulement les ennemis n'étaient pas, de toute évidence, préprogrammés pour tomber dedans ! En effet, l'intégralité du bestiaire de Dark Water a semble-t-il hérité d'un QI limité. En conséquence, la plupart des mécanismes pensés pour handicaper le joueur finissent par le servir en éliminant une bonne partie de ses adversaires sans qu'il ait à bouger le petit doigt. A signaler enfin les quelques phases de plates-formes du titre. Rafraîchissantes, elles n'en demeurent pas moins particulièrement irritantes pour qui a choisi de jouer avec Ioz. La rigidité presque cadavérique de ce personnage incitera de nombreux joueurs à perdre un précieux continu afin de pouvoir changer de héros.
Toutes ces maladresses sont d'autant plus regrettables que le jeu bénéficie d'un univers soigné, retranscrivant de bien belle manière celui de la série originale. Ainsi, les fans seront ravis de traverser des lieux connus, comme le palais d'Atani ou bien encore l'île de Mobo, se confrontant au passage à des visages familiers tels Bloth, Mantus et Konk, le nabot à la jambe d'acier toujours accompagné de ses deux géants sans plomb dans le crâne. Même l'humour du dessin animé est présent, notamment grâce à Niddler, le célèbre singe ailé, lequel n'hésitera pas à chouraver les items de santé au nez et à la barbe du joueur. Dark Waters jouit incontestablement d'une bonne ambiance, laquelle ne suffit malheureusement pas à sauver le titre.
- Graphismes13/20
L’ensemble est plutôt de bonne facture. Les sprites sont fidèles aux modèles de la série, dont l‘ambiance est assez bien retranscrite. Le design des ennemis est plaisant, à défaut d’être varié. De plus, les environnements contrastés exhibent bien souvent une flore agréable à contempler, entre deux séances de castagne. Ceci étant dit, le titre se démarque d’avantage par son univers que par ses graphismes.
- Jouabilité13/20
Plombé par ses lacunes, le gameplay de Dark Water peine à se montrer convaincant. Les phases de jeu, tout à la fois récurrentes et peu nombreuses, finissent irrémédiablement par lasser. Le soft tente pourtant d’innover par moments en proposant, par exemple, un système de garde ou bien une courte phase de shoot’em up. De telles tentatives sont rares et mal imbriquées, à tel point qu’elles ne parviennent pas à faire oublier le reste.
- Durée de vie9/20
L’aventure ne demande pas plus de trois heures pour être bouclée. Pas très ardue, celle-ci ne représente qu‘un intérêt limité. Dark Water proposerait sans doute un réel challenge si l’IA était un tant soit peu développée. Le jeu n’ayant pratiquement aucun potentiel de rejouabilité, ceux qui veulent du fil à retordre peuvent privilégier le mode Hard d’emblée.
- Bande son14/20
A défaut de rester dans les mémoires, les compositions ont au moins le mérite de coller à l’action. Disparate mais toujours pêchue, la bande-son de Dark Water fait office de fidèle compagne pour le joueur, le secouant sans arrêt pour qu’il reste dans l’ambiance. Les bruitages, évoquant pour la plupart une brute épaisse en manque d’analgésique, collent assez bien au contexte.
- Scénario/
-
L’impression générale qui se dégage de Dark Water n’est pas celle d’un mauvais jeu mais celle d’un jeu bâclé. Le soft exploite bien plus sa licence que son gameplay. Les idées sont pourtant là, cependant rien n’a été fait pour les mettre en valeur. Il en résulte un titre répétitif qui ne remportera l’adhésion que d’une petite communauté de joueurs, d’avantage intéressée par la nostalgie que par l’adaptation elle-même. Cet aspect communautaire est ce qui dessert le plus Dark Water, lequel stagne dans les eaux sombres sans sortir la tête de l’eau.