Soldats, l'heure est venue de réintégrer les rangs de la Bad Company ! Après une folle escapade en juin 2008, les quatre troufions les plus barjots de l'armée US rempilent pour une nouvelle mission à hauts risques. Mais le fait est que les bougres sont devenus plus sages, car refroidis par des enjeux nettement plus importants que dans le premier volet. Le corps d'exception que nous avions appris à apprécier a donc perdu un peu de ses couleurs, ce qui ne l'empêche pas de nous offrir un FPS solide et attachant, doublé d'un multijoueur qui pour le coup, risque bien de menacer votre vie de couple.
Sans doute recadrés à grands coups de rangers dans le popotin après les quelques incidents diplomatiques liés à leur dernière mission, Sweetwater, Haggard, Marlowe et leur bienheureux sergent Redford se retrouvent une nouvelle fois en première ligne. Il faut dire que la situation entre Russes et Américains ne s'est pas franchement améliorée et que les deux camps se tirent joyeusement dans les pattes (et ailleurs aussi). Manque de bol, le talent inné de notre quatuor de charme et de choc pour s'attirer des emmerdes va rapidement être mis à contribution en transformant une mission apparemment lambda en une course effrénée pour le contrôle d'une arme de destruction massive. L'histoire, toujours servie par une bonne petite quantité de cinématiques, adopte de fait un ton bien plus sombre que dans le premier opus. En fait, Bad Company 2 ne nous offre aucune de ces situations débiles qui faisaient tout le charme du premier opus et nous empêchaient du même coup de trop se concentrer sur les lacunes du gameplay. Exit l'invasion unilatérale d'un pays voisin par un Haggard à la masse, adieu également aux courses mémorables en voiture de golf, et bye bye l'hélico présidentiel doté d'une boule à facettes...
L'humour n'a pas totalement disparu de l'équation pour autant. Il se montre tout simplement plus discret et n'apparaît finalement plus que dans les réflexions de nos fiers combattants. Toujours aussi débiles, toujours aussi geignards, Sweetwater et Haggard n'hésitent pas à commenter chaque situation avec le charme et l'élégance qui les caractérisent. Et autant vous dire que les bonshommes vont avoir de quoi faire péter de la vanne, puisque les bougres vont enchaîner des situations de combat variées. A ce titre, disons que la campagne de Bad Company se révèle également plus sage que celle de son prédécesseur, et se contente de faire se succéder des séquences aussi classiques que rondement menées. Dans les montagnes sud-américaines, en pleine jungle ou dans le désert, nos fiers combattants vont donc exploser du malotru dans tous les sens, jouer aux snipers pendant un orage, défendre une pauvre bicoque, piloter tanks, Jeeps, quads et camions, avant de transformer l'adversaire en passoire du haut d'un hélicoptère. Seules quelques missions nous sortent un peu de l'ordinaire, à l'image d'un niveau d'ouverture assez inattendu et de cette session où l'on se retrouvera tout seul, séparé des trois autres clampins, et forcé de survivre aux morsures du froid.
Le fait est que Bad Company 2 a également adopté une structure nettement plus convenue que celle de son aîné. En dehors de quelques exceptions dans la deuxième partie de la campagne, les missions sont devenues archi linéaires et ne proposent plus d'attaquer les objectifs dans l'ordre qui nous convient. Heureusement que l'action a quand même beaucoup gagné en dynamisme et en crédibilité. Cela tient en premier lieu au fait qu'il est toujours possible de bousiller une bonne partie du décor, histoire de déloger un sniper ou de se frayer un chemin à couvert dans un bloc de bâtiments. Plus complète et impressionnante que dans le premier volet, au sens où il est maintenant permis de faire s'effondrer certaines bâtisses, la destruction dans Bad Company a tout de même quelques limites. En effet, on tombera régulièrement sur des murs indestructibles, des bouts de planches en béton armé ou d'autres curiosités de la nature de ce registre. Rien qui puisse véritablement nuire à l'immersion cela dit.
Pour le reste, disons que le moteur Frostbite, s'il manque clairement de finesse et affiche des couleurs parfois trop saturées, permet de profiter d'une respectable distance d'affichage et joue des particules avec une certaine élégance. La moindre explosion fera toujours naître une bonne quantité de débris en tout genre, tout en noyant les environs de fumée et de poussière. Plongé en pleine fusillade dans un village de montagne, on galérera parfois pas mal pour discerner un ennemi à travers quinze mètres de neige, de flammes, de fumée noirâtre et de morceaux de briques. Si cela s'avère parfois gonflant, il faut reconnaître que Bad Company 2 donne vraiment l'impression d'évoluer dans le chaos d'un véritable champ de bataille, et ça, ce n'est pas donné à tous les FPS. Dans un autre registre, on apprécie le fait que l'IA des ennemis ait été largement retouchée. On n'affronte plus ces espèces de terminators capables de sentir votre présence à deux kilomètres avant de ne concentrer leur feu que sur votre propre petite personne, sans se soucier de vos camarades. Les bougres ne sont certes pas des lumières, et l'on assistera parfois à des moments de grand n'importe quoi, mais au moins, on aura la possibilité de les contourner et de les surprendre.
En somme, on prendra vraiment plaisir à traverser la campagne de Bad Company 2, même si celle-ci ne semble plus posséder le grain de folie qui donnait son charme au premier opus. Plus sérieuse et nettement plus dirigiste, elle semble vouloir jouer sur les plates-bandes de Modern Warfare, sans pour autant parvenir à atteindre le rythme effréné du dernier bébé d'Infinity Ward. L'ensemble reste néanmoins suffisamment sympatoche pour nous maintenir scotchés à l'écran pendant quelques heures, car oui, hélas, Bad Company 2 n'échappe pas à la règle actuelle de la petite campagne de sept heures. De fait, si vous comptez vraiment en avoir pour votre argent, c'est vers le multijoueur qu'il faudra vous tourner. De sympatoche, Bad Company 2 entre alors dans une toute autre catégorie : celle de la machine de guerre. On sait toute l'expertise de DICE lorsqu'il s'agit de réunir des joueurs pour qu'ils s'entretuent joyeusement dans la joie et la bonne humeur. Eh bien pour le coup, les Suédois se sont littéralement surpassés.
Allez, autant le dire d'emblée, le multijoueur de Bad Company est aussi excellent que ce à quoi nous nous attendions, à la lumière des démos et de la bêta. Sachez donc, jeunes soldats avides de tripaille, de faits d'armes et de frags en série, que le titre propose quatre modes de jeu, dont les principaux sont sans conteste Ruée vers l'or et Conquête, classiques mais toujours aussi redoutables. Les cartes s'avèrent quant à elle variées et bien équilibrées, offrant ainsi une multitude de possibilités différentes, que l'on se retrouve en attaque ou en défense. Dans tous les cas, on devra s'efforcer de rester au sein de son escouade, afin de profiter des munitions ou des soins que les fusiliers et les médecins ne manqueront jamais de vous offrir. On essaiera en outre de s'adjoindre les services d'un sniper ou d'un spécialiste des armes lourdes, toujours utile lorsqu'un gros blindé s'invite à proximité. Mais l'autre intérêt d'intégrer une escouade, c'est indubitablement de pouvoir respawner auprès de vos collègues, et non plus seulement dans les bases contrôlées par vos petits camarades.
L'autre élément à retenir pour bien appréhender le multi de Bad Company 2, c'est que les ennemis ne sont plus automatiquement marqués par un petit symbole triangulaire dès lors qu'ils entreront dans votre champ de vision. Non, le repérage est maintenant manuel, et vous devrez signaler à vos potes la présence de troufions ou de véhicules adverses en appuyant sur une touche d'ordre. Anodin en apparence, ce petit changement impose souvent aux joueurs de se transformer en petite tourelle de détection mobile. Un sniper bien placé aura donc tout intérêt à se faire oublier dans le camp ennemi, afin de marquer des cibles et obtenir du même coup des points d'expérience supplémentaires. L'autre intérêt de ce système, c'est d'inciter tous les soldats à la prudence, car un troufion repéré risque de voir rapidement s'abattre une pluie de projectiles divers sur sa position.
Dans ce contexte, on appréciera encore davantage la présence du drone, un hélicoptère miniature dirigé par un troufion de base, et capable de survoler le champ de bataille à haute altitude pour signaler les positions des troupes ennemies d'une part, mais aussi pour expulser occasionnellement une roquette punitive. A tout cela s'ajoutent évidemment des chars lourds ou légers, des transports, des quads et différents types d'hélicos (qui ne pourront d'ailleurs êtres pilotés qu'en multi). Battlefield : Bad Company 2 repose en outre sur un système de progression classique, qui fait que l'on obtiendra de nouvelles armes et de nouveaux gadgets en fonction de sa classe et de ses résultats. Lunettes de visée, défibrillateurs permettant de porter secours à un camarade fauché dans la fleur de l'âge et autres joyeusetés vous permettront de soutenir vos potes ou de réduire en purée des adversaires récalcitrants et des décors qui eux, n'attendent que ça. Pour compléter ce joli tableau, le soft propose quinze spécialisations différentes aux joueurs, qui ne disposent pourtant que de deux emplacements dédiés. A vous de voir si vous souhaitez disposer de plus d'adrénaline pour courir plus longtemps, de plus de protection, de grenades ou de munitions. Sans rien apporter de véritablement neuf par rapport à son prédécesseur, Bad Company 2 se révèle pourtant plus complet, plus jouable et plus intense que son modèle.
A dire vrai, DICE nous livre tout simplement l'un des meilleurs multijoueurs jamais créés. Aussi, si vous comptez acquérir un exemplaire de cet excellent jeu, il convient tout d'abord de vous demander ce que vous recherchez vraiment. Car avec sa brève campagne sympathique mais pas exceptionnelle et son redoutable multi, Battlefield : Bad Company 2 ne parlera pas de la même façon à tous les joueurs. En tout cas, vous êtes maintenant prévenu. A vous de voir si vous souhaitez vraiment rejoindre la Bad Company. En ce qui nous concerne, on sait déjà que nos nuits vont être sérieusement écourtées dans les mois à venir.
- Graphismes15/20
Le moteur Frostbite laisse une impression mitigée. D'un côté, le soft nous livre des scènes de destruction absolument sensationnelles, et de l'autre, le bougre nous inflige des textures bien moches, pas mal de clipping, une bonne couche d'aliasing ainsi que des jeux de lumières un peu étranges, car trop saturés. Cela dit, ces défauts sont largement compensés par la grande taille des cartes, leurs nombreux détails ainsi qu'une fluidité sans faille.
- Jouabilité17/20
Bad Company 2 se joue exactement comme son prédécesseur. Les contrôles y sont donc relativement intuitifs et marqués par une certaine lourdeur, lourdeur à laquelle on s'habituera cependant très vite. La campagne solo ne manque pas de charme, mais apparaît un petit peu trop classique et dirigiste. Elle ne profite pas de cette étincelle de folie qui faisait le charme de son aînée, mais remplit tout de même bien son office, grâce à une IA honnête. Reste le multijoueur qui se pose en véritable modèle du genre. Particulièrement profond et maîtrisé, notamment grâce à un level design irréprochable, Bad Company 2 risque d'occuper les nuits d'une multitude de joueurs pour des mois et des mois.
- Durée de vie16/20
Il est très difficile de noter ce critère pour la simple et bonne raison que ce Battlefield propose une campagne sympathique qu'on traversera en sept heures, et l'un des meilleurs multijoueurs du moment. Tout dépendra de ce que vous recherchez.
- Bande son18/20
Comme son prédécesseur, Bad Company 2 est doté d'une excellente bande-son, en dépit du classicisme certain des musiques qui agrémentent la partie solo. Les effets sonores en revanche font dans le très haut de gamme, de même que les dialogues, très réussis en français, mais toujours un petit peu plus percutants en VO.
- Scénario13/20
Trop sage et trop convenu, le scénario n'est clairement pas le point fort de Bad Company 2. On se demande pourquoi DICE a choisi de rendre le ton de cette suite plus sérieux que celui de son prédécesseur, qui valait pourtant par son humour et son côté décalé. Restent quelques idées rigolotes et quelques dialogues savoureux.
Pour pas mal de raisons, Bad Company 2 pourrait bien passer pour le négatif de son grand frère. En effet, alors que le premier opus nous offrait une campagne délirante en dépit de ses lacunes et un multi un peu léger, voilà que cette suite se contente d'un solo efficace et maîtrisé, mais qui ne laissera pas de souvenirs impérissables, avant de faire péter la baraque avec un redoutable multijoueur à ne manquer sous aucun prétexte !