Selon la rumeur, lorsqu'il développait son tout premier jeu vidéo intitulé « Raid on Bungeling Bay », Will Wright s’amusait d’avantage sur l’éditeur de niveaux que sur le soft lui-même. Du coup, pour son deuxième titre, il eut l’idée d’un jeu uniquement centré sur la conception et l'administration d'une ville. SimCity était né.
La première version de SimCity est d'abord sortie sur Amiga et Mac en 1989, avant de rapidement toucher d'autres supports tels que le PC, le Commodore 64, l'Amstrad CPC ou encore l'Atari ST. A vrai dire, chaque support semble avoir accueilli à un moment ou un autre une version de SimCity et au total, le titre aura été décliné sur pas moins d'une dizaine d'adaptations dont certaines, à l‘instar de la version Super Nes testée ici, proposent quelques modifications par rapport au jeu original. Ce grand nombre de portages symbolise la popularité d'un titre qui aura séduit avant tout grâce à son originalité. En effet, dans SimCity, le joueur incarne un maire chargé de fonder sa propre ville. Pour cela, il dispose d'un capital de départ, déterminé en fonction du niveau de difficulté sélectionné, allant de 20000$ en Facile à 5000$ en Difficile. La topographie de la carte, qui représente l'environnement où la ville va être bâtie, est paramétrable et peut être sélectionnée parmi le millier de modèles proposés. Une fois la partie commencée, plusieurs options de constructions sont mises à disposition du joueur qui est alors libre d'agir, pour le meilleur comme pour le pire.
Ainsi, il est possible de démarrer par l'installation d'une centrale thermique voire nucléaire afin d'assurer l'alimentation de la ville en électricité, puis d'enchaîner avec des résidences pour accueillir les habitants. Suite à quoi, il devient nécessaire d'ériger des industries, sources d'emplois, de même que des centres commerciaux, lesquels favorisent la consommation. Les poteaux électriques, routes et autres chemins de rails sont indispensables car ils permettent de connecter tous les bâtiments entre eux. Une fois l'infrastructure mise en place, il peut être judicieux d'établir un poste de police, soutenu par une caserne de pompiers, dans le but de réguler la circulation et de combattre la criminalité. Un vrai travail d'urbaniste en somme, mais qui ne représente qu'une infime partie du travail de maire. En effet, le joueur devra également répondre à des obligations, vis-à-vis de la population, dont certaines sont loin d'être de tout repos.
SimCity ne propose pas qu'un aspect « construction » au joueur, ce dernier doit également gérer une multitude d'éléments, à commencer par son argent ! Le capital de départ ayant tôt fait d'être investi, il devient rapidement vital de trouver d'autres ressources financières. C'est là qu'intervient le menu « budget annuel », lequel permet de taxer à loisir ses citoyens tout en déterminant les fonds alloués aux transports, aux forces de l'ordre ainsi qu'aux pompiers. Un excellent moyen de se remplir les poches ; toutefois, attention au revers de la médaille. Une population surtaxée désertera la ville sans coup férir. De même, la criminalité augmentera si les policiers ne sont pas suffisamment payés ; quant aux routes, elles se détérioreront si le service de la voirie est délaissé, ce qui aura pour effet de créer des embouteillages. Tout est question d'équilibre et il ne tient qu'au joueur d'en établir un, en s'aidant par exemple des prêts proposés par la banque ou bien encore des sondages, permettant de déterminer la côte de popularité du maire ainsi que les reproches qui lui sont adressés.
Cette version Super NES conserve donc les bases du jeu telles qu'elles ont été posées depuis les débuts de la série mais apporte aussi quelques changements. La plus grosse différence concerne bien évidemment le gameplay, lequel reposait initialement sur un clavier et une souris, et du coup, pas sur une manette. Pourtant, force est de constater que la transition s'opère ici sans douleur. Le curseur se déplace à l'aide de la croix directionnelle, tandis que les quatre boutons principaux servent à valider, annuler et faire apparaître ou disparaître la barre des menus. Ces derniers sont tous accessibles via une série d'imageries simples affichées en haut et à gauche de l'écran. L'ensemble, tout à la fois maniable et compréhensible, est malgré tout contrebalancé par des graphismes sommaires associés à une bande-son adéquate mais sous-développée.
Pour finir sur les spécificités de cette cartouche, signalons la présence du docteur Wright, alter-égo virtuel de Will Wright, occupant le poste de conseiller et dont la mission consiste à guider le joueur, à lui proposer de nouveaux bâtiments ou bien encore à soulever d'éventuels problèmes. Cela tombe bien puisque cette version comporte également un large éventail de soucis, regroupés dans le menu « désastre ». Ces derniers permettent de corser la difficulté du soft en invoquant sur la ville tornades, incendies voire carrément Bowser, l'ennemi juré de Mario ! Pour rester dans la thématique, le maire qui aura su ériger une cité de 500 000 habitants pourra construire un monument doré… à l'effigie de ce même Mario ! A noter aussi une amélioration visuelle intéressante puisque cette adaptation prend en compte les changements de saisons.
Un petit mot enfin sur le mode scénario, lequel place le joueur dans un contexte donné avec un objectif précis à atteindre, tel que réduire la pollution de Bern durant un nombre d'années ou bien encore entamer la reconstruction de Las Vegas suite à une attaque alien. Pour résumer, SimCity constitue une excellente adaptation, plus étoffée que son modèle et pas moins jouable pour autant. Un titre de choix pour les fans de gestion.
- Graphismes12/20
De toute évidence, le jeu n’a rien d’une tuerie visuelle, néanmoins son interface est un modèle de clarté. Les sprites manquent de détails mais ils sont nombreux, variés et facilement reconnaissables par le joueur. La multitude d’éléments à gérer explique en partie la pauvreté graphique du titre et en réalité, SimCity perd en beauté ce qu’il gagne en netteté. Mieux vaut ça que l’inverse.
- Jouabilité17/20
La manette Nintendo s’adapte très bien au gameplay de SimCity. L’interface de jeu a été simplifiée, probablement par souci de cohérence. Néanmoins, les possibilités offertes sont bien plus nombreuses que dans la version d’origine. De plus, les conseils du Docteur Wright facilitent l’immersion du joueur, lequel bénéficie toujours d’une totale liberté d’action. Bâtir un paradis fiscal ou recréer un No Man’s land n’aura jamais été aussi facile.
- Durée de vie19/20
Indéniablement le gros point fort du titre. Avec ses mille cartes, ses 8 scénarios et ses innombrables possibilités dont celle de pouvoir sauvegarder à tout moment, SimCity peut revendiquer une durée de vie absolument monstrueuse. Ceux qui apprécient le concept ne sont pas près de lâcher la manette.
- Bande son10/20
Le fait que la plupart des cartes soient rythmées par la même composition est dommageable pour le titre. Ce thème musicale, bien qu’apaisant dans les premières heures, devient rapidement lassant car passé en boucle. Quant aux bruitages, ils se contentent du minimum et parviennent péniblement à mimer la vie citadine.
- Scénario/
-
SimCity fut primé à maintes reprises pour son côté novateur. Toute l’originalité du titre vient du fait que c’est le joueur qui y crée l’action. Ici, il n’est pas question d’arpenter un niveau mais de bâtir sa propre scène et de la faire évoluer selon son bon vouloir. Une perspective bien singulière qui a le mérite de prouver que le jeu vidéo n'est pas seulement une question de niveaux à franchir ou de score à atteindre.