La saga vidéoludique des Teenage Mutant Ninja Turtles débuta en 1989 avec l’apparition du premier opus sur Nes. Le titre, produit par Konami, fut un véritable succès commercial qui accoucha de nombreuses suites dont Turtles in Time. Un sympathique beat’em all très inspiré du dessin animé de 1987 mais qui conserve l’essentiel de l’œuvre originale : des tortues, des pizzas et de grosses mandales !
En parlant de mandales, les premières secondes de jeu fournissent un bon prétexte pour en distribuer : le vol éhonté de la Statue de la Liberté, perpétré et revendiqué par l'infâme Shredder, charismatique leader du clan Foot. L'occasion rêvée pour Leonardo, Donatello, Michelangelo et Raphaël de partir en vadrouille à travers une dizaine de niveaux qui leur feront d'abord traverser les égouts de New York jusqu'au Technodrome de Krang, puis visiter des époques passées et futures, pour finalement revenir dans le présent et solder les comptes avec leur ennemi de toujours. Afin de mener à bien leur quête, nos chevaliers à carapace d'écailles disposent chacun de particularités que le joueur avisé ne manquera pas d'employer.
Dans Turtles in Times, il est possible d'incarner n'importe laquelle des fameuses quatre tortues adeptes du ninjutsu. Les commandes restent les mêmes pour tous les protagonistes mais cela ne signifie pas pour autant qu'ils soient égaux. Au contraire, chacun dispose de forces et de faiblesses propres, réparties sur des critères tels que l'attaque spéciale, la défense ou bien encore la vitesse. Ainsi, un personnage comme Donatello profitera d'une allonge monstrueuse contrebalancée par une lenteur conséquente alors qu'un autre, Raphaël par exemple, bien que désavantagé par sa courte portée, se révélera en contrepartie incroyablement véloce. Une idée intéressante qui, couplée aux diverses possibilités de projection et de glissade, apporte de la saveur au gameplay d'un titre déjà bien corsé.
Si la difficulté du soft se révèle progressivement, elle est bel et bien présente. En témoignent les nombreux ennemis rencontrés au fil des niveaux. Tous n'aspirent qu'à une chose, une bonne soupe de tortues ! Et ils viendront en masse pour l'obtenir. Aux traditionnels membres du clan Foot et aux mousers s'ajouteront des créatures plus insolites comme des joueurs de foot américain équipés de poutre ou bien encore des similis d'aliens couleur vanille. Chaque zone traversée est peuplée d'adversaires particulièrement tenaces qui, une fois défaits, laisseront la place à un opposant d‘un tout autre niveau.
C'est bien des boss dont il est ici question, avec un casting pour le moins prestigieux. Aux habitués de la série tels Baxter, Krang, Rock et Bebop s'ajoutent des invités de marque comme Tokka, Razhar ou bien encore Super Shredder, en provenance directe des Tortues Ninja 2, film de Michael Pressman. Un conglomérat d'affreux, en quelque sorte, dont certains membres, à défaut d'être invincibles, se révéleront extrêmement ardus pour un joueur ne sachant que foncer dans le tas. La patience est de mise dans ces affrontements où l'empressement est bien souvent synonyme de défaite. Les vies s'enchaînent alors et, une fois le stock de continus épuisé, l'écran « Game Over » contraint inévitablement à reprendre l'aventure depuis le début.
Bien que jouable à deux, l'aventure, intense et remplie de combats âprement disputés, n'en reste pas moins brève et par là même frustrante. La variété des stages et les interactions qu'ils proposent ne parviennent pas à faire oublier leur brièveté. Ceci étant dit, la présence des modes « Versus » et « Time Trial » permet de prolonger l'expérience de jeu. Le premier offre la possibilité à deux joueurs de combattre en un contre un, sous le regard attentif de Splinter. Quant au second, il s'agit d'épreuves chronométrées imposant à une tortue solitaire de terrasser tout ce qui bouge le plus rapidement possible.
- Graphismes14/20
De ce point de vue là, Turtles in Time s’efforce d’être le plus proche possible de la série animée. S’il n’y réussit pas parfaitement, le soft fourmille néanmoins de références graphiques au background des tortues, ce qui suffit amplement à lui conférer une réelle identité visuelle. De même, les décors, s’ils ne flattent pas la rétine, sont diversifiés et apportent du crédit à l’histoire.
- Jouabilité16/20
Exactement ce que l’on est en droit d’attendre d’un bon beat’em all. La prise en main est simple et intuitive. Le titre donne les moyens au joueur d’aller au bout de son périple, sans se lasser et en variant quelque peu les plaisirs.
- Durée de vie12/20
Théoriquement, l’aventure principale ne nécessite pas plus de deux heures de jeu. En pratique, le challenge se révèle toutefois assez relevé. Défaire le clan Foot, ainsi que son terrifiant leader, ne constitue pas une tâche aisée et donnera du fil à retordre, même aux tortues aguerries. Les deux modes supplémentaires, ainsi que la possibilité de partager l‘expérience avec un ami, augmente également le potentiel de rejouabilité du soft.
- Bande son15/20
Le titre s’en sort avec les honneurs. Les stages sont rythmés par des compositions pêchues, idéales pour mettre de l’ambiance. A noter la présence d’une partie des doublages figurant sur la version d’origine du jeu, sortie dans les salles d’arcade en 1991.
- Scénario12/20
L’histoire en elle-même ne casse pas trois pattes à un canard et tient probablement sur un timbre-poste mais peu importe car Turtles in Time se distingue moins par son scénario que par son atmosphère « tortuesque ». Le titre est truffé d’anglicismes désopilants, allant de « Let’s kick shell! » à « Where no Turtles has gone before. ». Des petites notes d’humour mais qui rendent l’ensemble fort distrayant.
Il est des jeux dont le potentiel n’apparaît clairement qu’à une certaine catégorie de joueurs. Turtles in Time est de ceux-là. Véritable hommage à la série animée de Fred Wolf, le jeu multiplie les clins d’œil à cette dernière. Le soft de Konami, s’il ne révolutionne clairement pas le genre du beat’em all, se démarque néanmoins par un humour omniprésent auquel s’ajoute une certaine originalité. Un bon titre et clairement l’une des meilleures adaptations sur console mettant en scène les célèbres tortues.