Développée initialement sur Gameboy Advance puis portée avec succès sur DS, la série des Ace Attorney est désormais disponible en téléchargement sur WiiWare. Ces versions s'adressent toutefois davantage aux néophytes qu'aux fans de la série puisque Capcom s'est simplement contenté d'émuler les jeux originaux sur Wii, sans y apporter quoi que ce soit de vraiment nouveau.
Les retardataires ont donc une dernière chance de se rattraper en déboursant 1000 points Wii (soit 10 euros) pour l'achat de ce deuxième épisode. Au vu des screenshots qui accompagnent ce test, vous aurez compris que cette version Wii se contente simplement d'émuler l'épisode DS sans qu'aucun remaniement n'ait été effectué sur le plan graphique. Grossie pour n'afficher que l'écran supérieur de la mouture DS, l'image est donc pixellisée à mort et les éléments requis pour faire avancer l'enquête (liste des profils des personnages, détail des preuves...) apparaissent en surimpression lorsqu'on appuie sur la touche + de la Wiimote.
La télécommande est d'ailleurs mise à contribution de façon optionnelle pour ceux qui souhaiteraient lancer leurs objections en brandissant la Wiimote de manière théâtrale. En montant le son de la télécommande, on peut même entendre Phoenix crier « Objection » de vive voix... Plus sérieusement, ce portage ne comporte guère d'autres modifications par rapport au titre d'origine. Les textes sont toujours en français mais on peut maintenant accéder directement à n'importe laquelle des trois premières enquêtes dès le début du jeu, la quatrième étant à débloquer. La sauvegarde est d'ailleurs indépendante d'une enquête à l'autre, ce qui permet de mener plusieurs affaires en parallèle, même si ce n'est pas franchement conseillé. En parlant de sauvegarde, on apprécie de constater que le fait d'enregistrer sa partie ne nous ramène plus systématiquement au menu principal. Des options permettent enfin d'activer ou non l'utilisation spéciale de la Wiimote ainsi que le filtre de réduction des flashes.
Ce deuxième volet nous permet donc de retrouver le sympathique Phoenix Wright, avocat de la défense spécialisé dans les causes perdues. Un personnage auquel il est facile de s'identifier puisque, tout comme lui, le joueur se verra très souvent obligé d'avancer au bluff sans forcément savoir où ses tentatives désespérées vont le mener. Le titre faisant intervenir un très grand nombre de personnages issus du premier opus, il est fortement recommandé de ne pas démarrer par Justice For All sous peine de ne pas pouvoir apprécier à leur juste valeur chacune des références évoquées. Malgré tout, les développeurs ont pris le parti de rendre l'avocat amnésique durant le premier chapitre afin de justifier le rappel des routines du gameplay et présenter brièvement les anciens personnages. Mais dites-vous bien que les explications données ne suffiront pas pour comprendre réellement d'où ils viennent et encore moins quelle importance ils ont pour Phoenix Wright. De la même façon, l'ombre de Benjamin Hunter qui plane constamment en arrière-plan du scénario est un élément intéressant de l'intrigue qui ne se révélera aucunement pertinent si vous ne l'avez pas connu dans le premier jeu.
Malgré un concept de base pour le moins austère, les développeurs ont su rendre le tout véritablement passionnant en misant sur des histoires bourrées d'humour, une style narratif et visuel proche des mangas japonais, et un challenge exigeant une bonne dose de réflexion. Comme prévu, ce deuxième volet reprend cette même formule implacable avec autant de brio, et bien que l'effet de surprise ait disparu, on ne peut que replonger avec délectation dans l'enfer des procès surréalistes où la mauvaise foi et la démesure sont reines. Le soft est ainsi découpé en quatre affaires successives dont la progression est partagée entre les phases d'enquête et de procès. Les investigations systématiques sont nécessaires pour rencontrer les différents acteurs de l'histoire, recueillir un maximum de renseignements et fouiller les écrans à la recherche d'indices et de preuves. Relativement linéaires, ces phases d'enquête s'enrichissent d'une nouveauté intéressante, à savoir la notion de verrous-psychés. Concrètement, lorsque vous dialoguez avec quelqu'un qui semble vous cacher une information importante, vous pouvez maintenant essayer de le faire craquer en lui montrant les preuves qui l'obligeront à se trahir.
Le soft comporte évidemment beaucoup de lecture, mais les textes se boivent comme du petit lait tant il est facile de se laisser prendre au jeu. Mais le fond ne serait rien sans la forme, et il serait injuste de ne pas souligner l'excellence de la narration et le style très japonais qui donne l'impression de lire un manga intelligent et bourré d'humour. Le caractère hautement improbable des situations renforce l'efficacité de l'histoire et se répercute sur les attitudes des personnages animés avec un génie évident. Alors même si les situations sont parfois extrêmes et qu'on retrouve bon nombre de clichés vus et revus, on ne résiste pas à cette galerie de personnages aux attitudes hautement improbables. Mais c'est surtout leur évolution durant l'avancée du procès et leur changement brutal de personnalité à mesure que monte l'angoisse ou la colère qui font mouche auprès du joueur. Voir les témoins passer de l'assurance hautaine à la panique totale, sans oublier les crises d'énervement excessives, est un pur bonheur. Le summum est atteint généralement lorsque vous parvenez à retourner le verdict contre le témoin et que le coupable démasqué s'auto-flagelle, au sens propre comme au figuré, dans des scènes qui évoquent quasiment l'explosion d'un boss de fin dans un jeu d'action ! Aussi indispensable que son aîné, Justice For All est donc un titre à découvrir absolument, mais sur DS de préférence.
- Graphismes10/20
Comme l'a fait Square Enix pour Final Fantasy Crystal Chronicles : Echoes of Time, Capcom s'est contenté d'émuler sur Wii la version DS. L'image est donc très pixellisée et se focalise uniquement sur la partie la plus visuelle, les éléments clés s'affichant en surimpression en cas de besoin.
- Jouabilité14/20
Rien de nouveau par rapport à la mouture DS, si ce n'est la possibilité d'agiter la télécommande pour présenter les pièces à conviction, ce que l'on peut faire plus simplement en appuyant sur la touche -.
- Durée de vie13/20
L'accès direct aux trois premières enquêtes n'a pas vraiment de raison d'être, puisqu'il est fortement déconseillé de les faire dans le désordre. Les quatre dossiers doivent être joués d'une seule traite si vous ne voulez pas perdre le fil.
- Bande son16/20
Des musiques véritablement cultes dont on ne se lasse définitivement pas ! Les nombreux cris illustrant les objections et les pressions sur les témoins dynamisent grandement les plaidoiries.
- Scénario16/20
Les histoires sont moins marquantes que celles du premier opus mais les nombreuses références le destinent à ceux qui l'ont déjà terminé. La linéarité de l'ensemble et surtout des phases d'enquête est compensée par l'efficacité de l'intrigue et de la narration. La qualité de la traduction est à souligner, mais ce sont surtout les changements d'expression et les tics de langage variables selon les personnages qui rendent les textes si plaisants à lire.
Même s'il ne se justifie pas vraiment, ce portage WiiWare du deuxième volet de Phoenix Wright : Ace Attorney a quand même le mérite de laisser une dernière chance à ceux qui seraient passés à côté de la série de la découvrir à un plus faible prix. La mouture DS reste toutefois plus confortable à jouer, d'autant que cette version Wii n'apporte aucun bonus digne de ce nom. En résumé, les fans n'y verront aucun intérêt tandis que ceux qui ne connaissent pas encore le jeu peuvent rajouter 4 points de plus à la note !