Inspiré par la référence des jeux de courses à items en multijoueur, j'ai nommé Mario Kart, Sonic & Sega All-Stars Racing s'empare d'une place jusqu'à présent laissée vacante sur machines HD. Le hérisson bleu et toute la clique étaient les mieux placés pour se frotter à Mario sur son propre terrain et l'ayant bien compris, Sega a mis à contribution quasiment toutes ses licences !
Ils sont une vingtaine réunis pour le meilleur et pour le pire, tous issus des nombreuses franchises de l'éditeur américano-japonais. Sonic, Amigo, Beat, Ryo Hazuki, Alex Kidd et compagnie, autant de noms clinquants qui répondent présents dans un jeu de courses censé accomplir les mêmes prodiges qu'un certain Mario Kart. Deux fois déjà que nous citons le jeu de Nintendo et nous pourrions quasiment lui associer une part du mérite dans le développement de Sonic Racing (c'est plus court) tant il a servi de modèle aux petits gars de chez Sega. Pourtant, nous ne leur en voulons pas et vous ne leur en voudrez pas. S'inspirer fortement d'une référence n'est pas une tare en soi, a fortiori si l'équipe en charge du projet soigne le design comme c'est présentement le cas. En effet, la grande force de Sonic Racing, c'est d'exploiter au mieux l'univers souvent très coloré de toutes ces figures de la marque Sega. Au total, ce ne sont pas moins de 24 tracés qui ont été créés et dessinés à partir de tableaux tirés de Sonic The Hedgehog, Billy Hatcher, Samba de Amigo, Jet Set Radio Future, Curien Mansion et Super Monkey Ball. Six mondes bien différents mais finalement homogènes tant les circuits sont bourrés de personnalité, fouillés au possible et surtout, volontairement alambiqués.
Voilà l'un des points qui permet de distinguer Sonic Racing de son illustre modèle : le profil des circuits. On ne croise pas beaucoup de lignes droites dans le jeu de Sega et c'est tant mieux. En effet, et aussi étrange que cela puisse paraître, c'est dans les virages que les huit furieux qui s'affrontent peuvent gagner un maximum de vitesse. Comment ? Via une technique inspirée du fameux snake de Mario Kart, consistant à déclencher des dérapages et à les faire durer pour bénéficier d'un turbo. Si dans le jeu de Nintendo, le snake est un choix de pilotage, dans Sonic Racing, c'est une figure imposée. Pas de dérapage, pas de victoire ! Les joueurs passent alors environ 80 à 90% du temps d'une course à glisser de droite à gauche, profitant d'enchaînements de virages pour prolonger leur drift. En fonction de la durée de celui-ci, ils profitent d'une, deux ou trois doses de turbo, automatiquement utilisées simultanément à la fin du dérapage. La technique nécessite une certaine pratique mais la conduite hyper arcade et partiellement assistée permet de la maîtriser très rapidement. Du coup, c'est à celui qui connaîtra le mieux le tracé pour appréhender idéalement ses courbes que reviendra la victoire ou tout du moins, une place sur le podium. Car comme dans tout Mario Kart-like qui se respecte, l'IA ne s'avoue jamais vaincue et sait élever son niveau en fonction de celui du joueur.
Cette quête constante de boost éclipse quelque peu l'utilisation des items et ce n'est finalement pas pour nous déplaire. A l'inverse de Mario Kart Wii (toujours lui), le pilotage a beaucoup plus d'importance que les différents objets ramassés çà et là. Moins aléatoire, Sonic Racing est de fait moins frustrant, évitant le nivellement des valeurs qui va trop souvent de pair avec ces fameux items. Toutefois, les joueurs en paient le prix lorsqu'ils constatent au fil des courses que les objets manquent un peu d'originalité. Les grands classiques sont au rendez-vous et nous pouvons faire un énième parallèle bien malicieux avec qui vous savez en listant quelques objets à la volée : les plots (bananes ?), les chaussures de Sonic (champignons ?) les gants de boxe (carapaces vertes ?), les missiles (carapaces rouges ?), les bombes (carapaces bleues ?) et surtout les mouvements all-star (boulets de canon ?). Ce dernier objet déclenche une sorte de transe dont l'action en elle-même est propre à chaque personnage. Par exemple, Sonic se transforme en Super Sonic et remonte un à un ses concurrents en les éclipsant de sa trajectoire au moindre contact. La majeure partie du temps, cet item miracle est pioché par un joueur qui se trouve en queue de peloton, afin de l'aider à refaire une partie de son retard. Comme dans ? Mario Kart. On ne pourra en tout cas pas reprocher à Sonic Racing de briser des conventions et de contraindre le joueur à un dépaysement massif !
Sonic Racing va jusqu'à copier son modèle dans l'architecture de ses modes de jeu. En solo, le mode Grand Prix propose six coupes (Chao, Graffiti, Oeuf, Mutant, Samba et Singe) composées de quatre courses à l'issue desquelles il faut monter sur le podium pour débloquer l'accès aux coupes justement bloquées, le tout dans trois niveaux de difficulté. Nous avons également droit aux contre-la-montre avec fantômes, aux courses simples mais surtout aux missions, introduites par Mario Kart DS et grossièrement reprises ici bien que plus axées sur la course. Le multijoueur n'est pas en reste puisqu'en plus de pouvoir jouer jusqu'à quatre en écran splitté et huit en ligne, le jeu compte différents modes, comme le battle dans lequel vous devez détruire les pommes qui gravitent autour du véhicule de vos adversaires (Mario Kart Super Nintendo ?). Mais Sonic Racing, c'est aussi une chasse aux miles, la monnaie qui vous permet de dévaliser la boutique particulièrement gonflée. Vingt pilotes, 24 circuits et 32 musiques peuvent être achetés, soit à peu près les deux-tiers du contenu total ! Autant dire que la rejouabilité existe bien mais nous avons pu constater que les miles s'acquièrent assez rapidement en quelques heures de jeu. Au final, Sonic & Sega All-Stars Racing de son vrai nom récite parfaitement les gammes composées par Mario Kart tout en proposant un design complètement différent et un gameplay moins aléatoire.
- Graphismes16/20
Particulièrement soigné, le jeu de Sega s'impose immédiatement à nos yeux comme un titre ayant une véritable identité visuelle. Bien qu'il n'exploite que six univers différents, il propose une vingtaine de circuits hyper colorés, fins, variés, fouillés, vraiment originaux et constamment animés. A tel point qu'il faut par moments supporter quelques petites chutes de framerate qui, dans l'action, ne sont pas toujours perceptibles par celui qui joue.
- Jouabilité17/20
L'idée d'un pilotage soumis à un enchaînement de dérapages n'est pas révolutionnaire en soi. Pourtant, Sonic & Sega All-Stars Racing a su l'exploiter de sorte à ce qu'on prenne un pied fou à glisser en essayant de restreindre au maximum la conduite en ligne droite. Ainsi, les items sont relégués au second plan et rares sont les moments de frustration où l'on peste contre un quelconque manque de réussite. Ici, c'est le pilotage qui prévaut !
- Durée de vie14/20
Dans un premier temps, le contenu peut paraître astronomique : 20 pilotes, 24 circuits, de nombreuses possibilités en solo comme en multi... Certes, Sega a mis le paquet. Mais converti en temps de jeu, ce contenu n'offre pas mieux qu'une bonne durée de vie. Cela dit, le plaisir étant au rendez-vous en solo comme en multi, on y revient bien volontiers !
- Bande son16/20
En dehors d'une voix off française un peu en dedans (une habitude chez Sega), l'ambiance sonore est de qualité, principalement parce qu'elle reprend des thèmes bien connus comme Samba de Janeiro.
- Scénario/
Sonic & Sega All-Stars Racing est l'une des très bonnes surprises de ce début d'année 2010. Esthétiquement sans faille, le jeu a été soigné par une équipe de Sega qui s'est largement inspirée de Mario Kart pour ce qui est du contenu. En revanche, le gameplay tout en dérapages lui est propre, ainsi que sa vingtaine de pilotes tous aussi charismatiques les uns que les autres. Fun, accessible à tous mais très technique si l'on est perfectionniste, Sonic & Sega All-Stars Racing s'impose d'emblée comme l'un des meilleurs jeux de courses multi du moment.