Un déménagement s'accompagne généralement d'une liste de surprises et de vices cachés dans le nouveau lieu d'habitation. Le couple nouvellement propriétaire que nous suivrons dans Phantasmagoria se serait sans doute contenté d’une fuite de robinetterie. Au lieu de ça, les voilà poser leurs cartons dans une demeure aux antécédents sanglants. Une maison au passé violent, de nouveaux locataires, le décor est planté, la descente aux enfers peut alors commencer et croyez-moi Amityville peut aller se rhabiller.
Un cauchemar éveillé dont on aimerait pouvoir s'échapper, voilà comment on pourrait brièvement présenter l'ambiance horrifique qui se dégage de Phantasmagoria, un jeu en point and click bien particulier. Rarement un jeu d'aventure n'aura été aussi angoissant, grâce notamment à un scénario mélangeant habillement suspens, surnaturel et gore, le tout interprété à l'écran par de véritables acteurs. Soyons clairs, concernant son aspect sanglant, Phantasmagoria ne fait pas vraiment dans la dentelle et n'est donc pas à mettre entre toutes les mains. Il faut l'avouer, même si les trucages présentés sont parfois un peu kitch, l'envie de détourner les yeux de l'écran est parfois bien présente. Une option activant la censure est fort heureusement présente pour rassurer les âmes sensibles.
Le joueur débute l'histoire dans la peau d'Adrienne Delaney, célèbre romancière tout juste arrivée dans un vieux manoir avec son mari Donald, Don pour les intimes. Le premier chapitre consistera essentiellement à faire connaissance avec les personnages et à visiter l'imposante demeure, c'est d'ailleurs durant ce premier tour du propriétaire que les problèmes vont commencer. Adrienne découvre petit à petit le sombre passé qui entoure le lieu. Elle apprend que l'ancien propriétaire était un magicien sous l'emprise d'un démon et qu'il a fini par tuer une à une ses différentes femmes. Avec cette découverte, la vie au sein du manoir se dégrade à petit feu, les phénomènes étranges se multiplient et Don devient de plus en plus irritable. C'est au milieu de cette ambiance oppressante qu'il faudra pourtant avancer. Heureusement, pas de stress à avoir du côté des contrôles. Phantasmagoria se prend facilement en main. Vous dirigez un signet doré à l'aide de la souris, ce dernier devient tout simplement rouge quand vous le passez sur un objet ou un personnage avec lequel il est possible d'interagir, tandis qu'il se transforme en flèche lorsqu'il est possible de quitter une zone. Un vrai point'n click, en somme.
Au cours de votre périple vous trouverez divers objets qui iront se placer dans l'inventaire, visible en permanence en bas de l'écran. Il est possible d'examiner un objet de plus près grâce à l'icône en forme d'œil, mais cette option est rarement utilisée, les items étant facilement identifiables dans la plupart des cas. Et puis si vous bloquez et n'arrivez pas à progresser, pas d'inquiétude à avoir. Il existe un onglet pour vous aider, un crâne vous conseillera et vous livrera de précieux indices d'un simple clic. Mieux vaut tout de même éviter l'usage de cette option, sous peine de se priver de la fierté d'avoir résolu soi-même un problème. De toute manière, les diverses énigmes sont en général plutôt logiques. Notez que l'aspect point'n click propre à la progression d'ensemble s'efface un peu lors du dernier chapitre. Phantasmagoria emprunte alors une orientation différente, et met davantage en avant le côté film interactif. Le joueur doit prendre des décisions dans un court laps de temps, sachant que certains choix peuvent engendrer une mort douloureuse. Il est d'ailleurs possible une fois le jeu terminé de visionner votre performance dans ce chapitre.
Puisqu'on parle de performance, venons en à celle des acteurs qui, il faut l'avouer, est de la plus haute importance dans ce type de productions. Les comédiens retenus plutôt convaincants dans leurs rôles respectifs. Leur jeu participe largement à instaurer une crédibilité à un scénario qui donne pourtant dans le fantastique. Ils sont de plus plutôt bien intégrés dans les décors en 2D, ce qui ajoute à l'immersion de l'ensemble. Les décors vous feront visiter le mystérieux manoir bien sûr, mais aussi un petit village de bord de mer, et des cryptes humides. Tout cela n'aura rien d'une promenade de santé. L'atmosphère réussie dépend aussi grandement de la bande-son parfaitement en accord avec le scénario. Les mélodies parviennent à distiller la peur de manière efficace tandis que les bruitages savent rendre nerveux quand il faut.
En conclusion Phantasmagoria s'adresse aux joueurs qui aiment se faire peur. Seule condition pour ce voyage dans l'horreur, avoir le cœur bien accroché. Le titre n'hésite pas à montrer plusieurs morts violentes ainsi que des scènes hautement dérangeantes (un viol, par exemple). Si c'est le cas alors vous pouvez fermer les volets et éteindre les lumières pour vous plonger dans une expérience que vous n'oublierez pas de sitôt.
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{{test_note_old_critere|nom=Graphique|texte= Des graphismes très agréables qui donnent le sentiment que les acteurs, joliment intégrés, se déplacent dans des tableaux, tant l[u |8217]aspect peinture ressort de certains écrans. L'ambiance est parfaitement réussie. Il réside par exemple un agréable contraste entre l[u |8217]aspect lugubre du manoir et la tranquillité qu[u |8217]inspire le petit village côtier.|note=16}}
Très simple, le signet répondant au doigt et à l’œil. Avec l’inventaire à portée de main, tout est fait pour simplifier la vie du joueur. Il suffit d’un bon sens de l’observation pour trouver les objets et d'un peu de logique pour résoudre les énigmes. Seul le dernier chapitre demandera plus de rapidité, les actions étant alors chronométrées.
Tout dépend du type de joueurs. Pour un habitué du genre il faudra compter entre 6 et 8 heures de jeu tandis qu'un débutant prolongera son voyage entre 8 et 10 heures. Le temps de jeu dépendra aussi de la curiosité du joueur. En effet beaucoup de révélations sur l’histoire sont optionnelles. A noter aussi qu’il existe parfois plusieurs manières de résoudre un même problème, de bonnes raisons pour revivre les 7 chapitres que compte l'aventure.
Un très bon doublage des acteurs avec notamment la voix de Françoise Cadole, célèbre voix de Lara Croft, qui double ici Adrienne. Les musiques servent parfaitement l’histoire, allant des airs menaçants aux mélodies mélancoliques, accompagnées par des bruitages dans le ton, avec grincements et autres bruits étranges qui ne manqueront pas de donner froid dans le dos. Notez tout de même des petits défauts. Par exemple, le son craque à quelques rares reprises lors de certaines séquences vidéo. Pas de quoi gâcher le plaisir de jeu cela dit.
Partant d’une idée de base assez courante (une maison hantée + nouveaux habitants), le scénario se démarque pourtant en mélangeant habillement le thriller et le fantastique, comme un croisement entre l’univers de Mary Higgins Clark et celui de Stephen King.
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Commençant d’une manière plutôt calme Phantasmagoria parvient à construire l’inquiétude grâce notamment à sa jolie réalisation. Le titre entraîne ainsi crescendo le joueur dans l’horreur d'un scénario habillement construit. Une expérience inoubliable à vivre et même à revivre pour déceler tous les secrets que l’histoire renferme. Bref, un voyage fantasmagorique qui restera gravé dans bien des esprits et qui donnera suite à un second épisode.