Premier volet d’une longue série, Mega Man (ou Rockman en version originale) fut créé en 1987 par Keiji Inafune de Capcom pour la console NES. Bien vite, le titre deviendra une référence du jeu de plates-formes et donnera lieu à de très nombreuses suites. Véritable phénomène pour les uns, boudée par les autres, la série Mega Man et plus particulièrement son petit robot en armure bleue, font désormais partie des incontournables du jeu vidéo. Présentation d'un grand classique.
Vous incarnez Rock, un androïde créé par le Dr Light, brillant savant aux nobles intentions. Aidé de son assistant le Dr Wily, Light cherche à créer plusieurs robots afin de faciliter le quotidien des habitants de Monsteropolis. Malheureusement, le Dr Wily dérobe six créations de son mentor et les reprogramme pour conquérir le Monde. Grâce à sa nouvelle armée de monstres-robots, Wily sème désormais la terreur partout où il pose les pieds. Votre mission est donc de rétablir l'ordre et la paix dans le monde et de contrecarrer les plans du diabolique Wily. Ainsi commence le jeu.
En dépit d'un scénario relativement classique, Mega Man a su déjouer la concurrence et devenir un succès international. Comment ? Tout repose en fait sur un concept simple mais révolutionnaire pour l'époque : une progression à choix multiples rendant chaque partie différente. Le jeu est divisé en 7 mondes, dont un n'est accessible qu'après avoir terminé les 6 autres. Chaque monde est gardé par un Robot Master différent (le septième monde est l'antre de Wily). Dès le départ, le joueur est libre de choisir dans quel ordre affronter les Robots mais doit obligatoirement terminer par Wily. Puisqu'il n'est pas linéaire, Mega Man permet au joueur d'évaluer facilement les difficultés de chaque stage et de trouver quelle est la meilleure tactique à adopter pour chaque zone. Le fait est que le jeu intègre aussi une autre innovation de taille. Le petit héros peut récupérer le pouvoir de chaque Robot Master battu à la fin du niveau. Loin d'être anecdotique, cette trouvaille permet d'élaborer des stratégies particulières sachant justement que chaque Robot Master est sensible au pouvoir d'un autre.
Cet aspect impose une certaine réflexion sur le choix de l'arme à utiliser pour terrasser les ennemis. Par exemple, en tuant Elecman, associé à l'électricité, vous récupérez son rayon laser qui vous permet de vaincre plus facilement Iceman, le robot glacé. Ce dernier vous donne alors accès à son pouvoir gelé, bien utile pour terrasser en un rien de temps Fireman, lié au feu. Et ainsi de suite. En plus des six pouvoirs acquis au fil de la progression, le chien robot Roll vous accompagnera dans l'aventure lorsque vous aurez détruit un certain nombre d'androïdes. L'animal est capable de créer des plates-formes sur lesquelles vous pouvez monter afin d'atteindre des endroits jusque-là inaccessibles. Notez que vous serez alors libre de recommencer les niveaux terminés - sans pour autant avoir à rebattre les boss - pour récupérer des objets insaisissables.
Peut-être encore plus que la majorité des titres de l'époque, Mega Man est connu et réputé pour sa difficulté légendaire. Des sauts quasi millimétrés aux apparitions de monstres aux quatre coins de l'écran en passant par les mouvements imprévisibles des Robots Master, le joueur aura du mal à traverser les niveaux. Cette difficulté peut rapidement devenir frustrante au point de décourager les joueurs les moins tenaces qui finiront par lâcher prise. D'autant qu'aucun système de sauvegarde n'est présent pour reprendre sa partie et qu'il faut donc tout recommencer depuis le début en cas d'échec. La difficulté particulièrement élevée du titre est heureusement compensée par une manette qui répond plutôt bien. Cependant, si les sauts du héros peuvent être facilement dosés (plus on appuie, plus on saute haut et loin), l'absence d'orientation des tirs ou de double saut se fait sentir. Surtout aujourd'hui.
Mega Man est soutenu par une réalisation de haut vol. Visuellement, le jeu n'a rien à envier à ses concurrents de l'époque. Avec une 2D bien animée, le titre de Capcom impose son style graphique soigné. On remarque particulièrement les décors de fond qui défilent lorsque le héros se déplace, ce qui enrichit le dynamisme de l'action. De plus, l'animation des androïdes est tout bonnement magnifique, aussi bien lors de la sélection dans l'écran titre que dans les combats. Signalons cependant un choix de couleur parfois maladroit, posant de temps à autre quelques problèmes de lisibilité. A certains moments, on peine par exemple à distinguer les ennemis du décor puisqu'ils se fondent dans la masse. La bande-son, en revanche, est irréprochable. Elle profite des compositions géniales et mémorables de Yoshihiro Sakaguchi, responsable du son des deux premiers Street Fighter. Toujours bien pensées, les musiques collent parfaitement à chaque niveau et aux affinités élémentaires des androïdes. Les bruitages sont eux aussi de grande qualité.
Au final, Mega Man est, et restera un excellent titre grâce à son gameplay savamment étudié et sa réalisation réussie. Même terminé, on ne se lasse pas de recommencer plusieurs fois l'aventure afin d'améliorer sa stratégie, ou encore pour battre des records personnels, en Speed Run par exemple. Disponible depuis 2007 sur console virtuelle, le titre 8 bits fait encore des émules aujourd'hui. Grâce à cette dernière version, il est aujourd'hui encore possible de découvrir, de re-découvrir ou même de faire découvrir un jeu d'une rare qualité.
- Graphismes16/20
Une 2D bien animée, des décors en mouvement, le style graphique de Mega Man impose son originalité malgré des choix de couleur parfois curieux.
- Jouabilité15/20
Difficile pour un jeu de l’époque, Mega Man a suscité quelques controverses. Pour certains le challenge relevé permet d'allonger la durée de vie, pour d’autres, il est mal dosé et frustrant. Quoi qu'il en soit, le gameplay n’en reste pas moins très simple et accrocheur.
- Durée de vie17/20
Pour les néophytes, n’espérez pas boucler le jeu en 2 heures. La première fois, une dizaine d’heures seront nécessaires pour atteindre la fin du jeu. Une durée de vie conséquente qui mise beaucoup sur la difficulté.
- Bande son19/20
Fabuleuse, c’est le premier mot qui nous vient à l’esprit lorsque l’on écoute les musiques et bruitages. Certaines thématiques sont devenues cultes (comme celle de l’écran titre). Yoshihiro Sakaguchi signe ici un coup de maître qu’il réitéra lors du second opus.
- Scénario7/20
Si l’on joue à Mega Man, ce n’est certainement pas pour le scénario. Relativement simple, peu inventif et avec très peu de cut-scenes, on connaît déjà le fin mot de l'histoire avant même d’avoir terminé le jeu.
Mega Man marque le départ de l'une des plus longues et prolifiques séries dans les jeux vidéo. Avec un concept simple et accrocheur, Capcom signe un titre culte et phare des années 80 capable de surprendre aujourd'hui encore. A réserver tout de même aux joueurs les plus acharnés de par sa difficulté bien élevée.