Jeu de rôle à la première personne, King's Field est pour l'Europe le premier épisode d'une série controversée créée par From Software. Nous allons tenter de comprendre dans ce test ce qui le rend si décrié ou vénéré, selon la personne à qui l'on s'adresse. Ses défauts seraient-ils en fait des qualités ?
Alexander, chevalier que le Roi estime, a accepté de se lancer à la recherche d'une épée légendaire cachée, dit-on, sur l'île de Melanat. Une terrible tempête fera échouer son bateau, et ne laissera aucune chance de survie à son équipage. Alexander lui-même n'en réchappe que de peu, et échoue miraculeusement sur l'île, seul, et n'ayant conservé, pour seul bien, qu'un petit couteau.
C'est ici que commence et recommencera bien des fois l'aventure. Car mille dangers nous guettent, et la mort viendra bien vite à notre rencontre. Ce n'est que petit à petit que notre persévérance portera ses fruits. Nous saurons où nous diriger, trouverons la cachette du premier point de sauvegarde, la fontaine d'eau régénératrice et apprendrons à combattre les bêtes qui rôdent autour de nous. La difficulté est réelle, et rien ou presque ne nous aidera. Il faudra comprendre par soi-même l'utilité de chaque objet récupéré, et tester sur chaque coffre les clés ramassées... Il sera parfois possible d'en apprendre un peu plus grâce aux habitants de l'île, si nous prenons le temps de les écouter, malgré une traduction approximative. Leur parler est toutefois important, si l'on désire en savoir plus sur les lieux, les histoires et les légendes qui leur sont attachées.
L'intérêt de King's Field repose en grande partie sur son ambiance très réussie. Sur l'île de Melanat règne le désespoir, et tout est fait pour que celui-ci déteigne sur nous. Les villageois ont tous de bonnes raisons de ne pas avoir confiance en l'avenir... Les zones éclairées par le soleil sont bien rares, les créatures maléfiques hantent les lieux, leurs proches se font tuer ou tombent malade... Travailler à la mine ne rapporte plus aussi gros qu'avant, il faut creuser toujours plus loin, là où c'est dangereux. La tristesse des lieux traversés renforce cette sensation de détresse omniprésente. Au niveau sonore, c'est très réussi. Les bruitages sont rares mais inquiétants. Les thèmes musicaux s'adaptent souvent bien aux lieux que l'on traverse, et renforcent notre conviction que, décidément, le danger est partout. Terminer ce jeu à 100% relève de l'impossible ou presque. Le labyrinthe de King's Field n'est vraiment pas de ceux que l'on peut explorer en entier. L'un des atouts du jeu est son système de cartes. Ici, pas de plan qui se complète à mesure que nous explorons les longs et sinueux couloirs. Les vieilles cartes sur lesquelles nous mettons la main sont peu lisibles, dessinées sur un mauvais papier et ne seront pas forcément à jour... ce qui ne facilitera pas notre repérage.
Malgré toutes ses qualités, King's Field n'est techniquement pas convaincant. Ce n'est pas uniquement dû à son âge élevé, car la Playstation était capable de beaucoup mieux. Et à l'heure où nous profitons de décors magnifiques sur nos consoles nouvelle génération, l'aspect de King's Field aura de quoi en rebuter plus d'un. Les autres défauts sont moins faciles à cerner. Difficile de savoir dans quelle mesure la lourdeur des combats en est un. Il faudra faire preuve de prudence, et n'attaquer qu'au moment choisi, prévoir dans sa stratégie que chaque mouvement met du temps pour s'enclencher. Ce qui est certain, c'est que foncer dans le tas est le meilleur moyen de perdre. Ce système, que l'on retrouve aussi dans les autres épisodes de la série, rend la progression lente, ardue, et ne conviendra pas à tout le monde...
- Graphismes9/20
Aimer ce jeu est une chose, apprécier ses graphismes en est une autre. On est loin d'atteindre ce que la Playstation pourrait offrir de mieux. Malgré tout, l'intérêt est bien présent, l'ambiance étant renforcée par les autres atouts.
- Jouabilité14/20
Le jeu est difficile, mais c’est voulu. Nous goûterons à bien des morts avant d’avoir une chance de parvenir au bout. Globalement, la prise en main est tout à fait convenable, mais la lenteur de l'action en rebutera plus d'un.
- Durée de vie18/20
Il faudra quelques dizaines d'heures pour venir à bout de King's Field, et autant de plus si l'on veut l'explorer de fond en comble ! De plus, la certitude de ne pas avoir percé chacun des nombreux mystères nous poussera bien souvent à recommencer l'aventure une seconde fois.
- Bande son14/20
La bande-son est tout à fait correcte. Chaque zone est accompagnée de sa musique, qui restitue avec brio l’atmosphère des lieux. La qualité des morceaux est toutefois inégale, ce qui explique que la note ne soit pas supérieure.
- Scénario14/20
Le scénario est au choix inexistant ou complexe, selon que l’on décide de parler ou non aux habitants des lieux. Ils nous apprendront tout de la mythologie inquiétante qui les entoure, et ce n’est qu’ainsi que l’on comprendra vraiment ce que l’on fait, et que l’on saura ce qui s’est passé dans les lieux traversés.
King's Field est un très bon jeu, bien qu'il souffre de nombreux défauts. Ceux-ci sont heureusement rattrapés par de forts atouts tels que son ambiance, sa durée de vie, voire son scénario. Sa difficulté et le parti pris de la lenteur ne conviendront cependant pas à tous.