Taz-Mania, le jeu de plates-formes qui met en scène le célèbre diable de Tasmanie ne vous a pas laissé un souvenir impérissable ? C'est normal, le soft était pour le moins médiocre. Mais Warner Bros ne compte pas en rester là et décide, deux ans plus tard, de briser à nouveau la tranquillité dont jouissait Taz pour lui faire vivre des aventures extraordinaires. Et après tout, ce personnage est vraiment sympathique et mérite bien qu'on lui donne une chance de briller dans un jeu qui lui est dédié... Ou peut-être pas.
Tout commence quand Marvin le martien décide de faire un petit tour dans son zoo interstellaire. Il sillonne les différentes cages qui renferment des créatures venant des quatre coins de la galaxie. Soudain, c'est le drame : il constate qu'une d'entre elles est vide. Il empoigne alors rapidement la liste exhaustive de toutes les créatures qui peuplent la galaxie. Ca y est, c'est lui. C'est le diable de Tasmanie qui manque à sa collection. Il saute donc dans sa soucoupe spatiale direction la Terre où notre cher Taz batifole tranquillement dans la nature, inconscient de ce qui se trame dans son dos poilu. A peine a-t-il compris ce qui lui arrivait que notre bête féroce préférée se fait kidnapper et est enfermé dans le zoo spatial. Après 2 secondes et 15 centièmes de captivité, il brise le mur de la prison, bien décidé à rentrer chez lui, sur la belle planète bleue.
Plus facile à dire qu'à faire ! Il va devoir voyager de planète en planète en se cachant dans des colis de livraison et se laisser transporter comme une vulgaire marchandise. Il sera ainsi forcé de traverser six niveaux, divisés chacun en deux ou trois étapes et au bout desquels l'attend à chaque fois un boss. Le premier niveau se passe sur Mars tandis que les deux suivants se déroulent sur deux planètes lointaines (la poste interstellaire n'a pas pris le chemin le plus rapide on dirait). Il va ensuite atterrir au Mexique, se frayer un chemin dans un château hanté et finalement aller donner une bonne correction à Marvin, qui se détend dans sa résidence privée. Côté graphisme, même s'il y a un fameux progrès par rapport au dernier épisode, le résultat oscille entre le moyen et le très mauvais. Il faut dire que certaines zones (comme Mars ou le château hanté) sont naturellement sombres. Résultat des courses : on se retrouve avec des couleurs ternes au possible qui donnent juste envie de décoller les yeux de l'écran. D'autres environnements possèdent un ciel et des décors déjà plus colorés et supportables, même si leur répétitivité et leur monotonie leur enlèvent rapidement tout charme potentiel. Pour ternir encore un peu un tableau déjà pas très folichon, les animations qui composent le héros et les ennemis sont d'une pauvreté affligeante. Ne parlons même pas de leur quotient intellectuel qui frôle le zéro absolu.
Peut-être que les concepteurs se sont dit que de beaux graphismes ne font pas un bon jeu vidéo, mais que ce qui importe vraiment est la jouabilité et le plaisir de jeu. On ne va pas garder le suspense plus longtemps, le gameplay est une véritable catastrophe. En comparaison, les graphismes sont aussi réussis qu'un tableau de maître, c'est dire. Taz est incroyablement lourd à déplacer et ses sauts sont d'une imprécision rarement égalée. La situation s'aggrave encore un peu quand on appuie sur le bouton d'action : l'animal effectue alors sa célèbre attaque en tornade, qui est sa caractéristique principale. Il devient soudainement encore moins contrôlable : il se déplace à une vitesse folle, le scrolling vous donne alors un mal de tête incroyable et vous n'avez même pas le temps de voir les ennemis arriver. Pire encore, à chaque fois qu'il percute un mur, il rebondit violemment pour atterrir la plupart du temps dans un trou ou contre un ennemi. Le son abominable de perceuse qui accompagne l'attaque tornade finira par détruire les quelques neurones qui auraient survécu au défilement supersonique de l'arrière-plan. Si la pente s'y prête, il est aussi possible d'escalader un mur ou même de courir au plafond.
Quelle est l'autre particularité qui donne son charme à Taz ? Son appétit démesuré bien évidemment ! Comme dans tout jeu de plates-formes qui se respecte, divers items sont éparpillés dans les niveaux. Comme Taz n'a pas franchement l'intelligence d'un prix Nobel de physique, il ne peut que les dévorer ! On trouve par exemple des vies, des crédits et des aliments qui lui rendent de la vie, comme les hamburgers ou les trousses de soins. Si vous ingurgitez des caisses remplies de cailloux ou des bidons d'essence, ce n'est pas l'indigestion qui vous guette. Au contraire, vous disposerez d'attaques spéciales. Il sera ainsi possible de cracher des pierres ou des flammes pour anéantir les vilains qui grouillent dans les niveaux. Mais attention, si vous marchez sur des bombes ou autres gâteaux piégés, Taz va aussi les manger et sa barre de vie s'en verra diminuée. Finalement, Taz peut rétrécir (il sera inoffensif mais pourra se faufiler dans les endroits exigus), devenir géant (il deviendra invincible), voler en tourbillonnant s'il a un parapluie en main et même creuser dans la terre.
- Graphismes12/20
C'est probablement le point fort du jeu et pourtant le résultat est largement perfectible. En fait, Taz in Escape From Mars se cherche, entre des couleurs ternes qui vont feront presque regretter de ne pas être non-voyant et des lieux un peu plus rayonnants qui ne cassent pas trois pattes à un canard. On apprécie tout de même la présence de personnages connus comme Coyotte et Bip Bip. Les animations se résument au strict minimum et les décors sont répétitifs à souhait.
- Jouabilité8/20
C'est une véritable catastrophe. On savait que Taz était une bête sauvage indomptable mais quand même, ce n'est pas une excuse pour proposer un gameplay aussi frustrant. Notre pauvre bonhomme saute avec une imprécision affolante, il bouge beaucoup trop vite, se cogne contre les murs, rebondit sur les ennemis ou des bombes... Le level design n'est pas non plus très inspiré : les niveaux se présentent souvent sous forme de labyrinthe et regorgent de phases de plates-formes rébarbatives au possible.
- Durée de vie12/20
Il faudra survivre dans six mondes divisés chacun en deux ou trois étapes. On est dans la moyenne des jeux de plates-formes sortis à cette époque. Mais une fois encore, le gameplay médiocre rend le jeu beaucoup trop difficile et coupe toute envie de progresser.
- Bande son10/20
Il y avait des musiques ? Vraiment ? Il va falloir relancer le jeu et tendre attentivement l'oreille alors. Tiens oui, c'est vrai, il y en a. A part pour quelques rares exceptions, elles sont passe-partout et seraient plus à leur place dans une cage d'ascenseur. Les bruitages bruts de décoffrage donnent mal à la tête et Taz n'émet même pas ses célèbres rugissements.
- Scénario/
Comme c'est souvent le cas dans ce genre de jeu, il est convenu et classique. Il a néanmoins le mérite de nous faire parcourir quelques classiques de l'univers de Warner Bros.
Il y a des jeux qui marquent toute une génération et dont le souvenir vous transporte à nouveau à une époque bénie malheureusement révolue. Ce jeu n'appartient pas à cette catégorie. Les graphismes, déjà médiocres, ne sont rien comparés à la jouabilité désastreuse du soft. Rajoutez à cela des musiques qui passent inaperçues, des bruitages atroces et un level design peu inspiré et vous obtenez Taz in escape From Mars. Un jeu à éviter à tout prix, sauf peut-être si vous êtes un fan inconditionnel de la bestiole poilue. Ne perds pas espoir Taz, un beau jour, toi aussi tu te verras gratifié d'un jeu digne de ce nom.