L'empire Orn est de retour, bien décidé à prendre le contrôle du monde civilisé. Il s'attaque à la fédération galactique et prend un avantage certain sur cette dernière. Tout espoir n'est néanmoins pas perdu, l'ultime rempart de l'espèce humaine contre l'invasion ennemie venant tout juste de voir le jour dans les laboratoires les plus sophistiqués de la fédération. En 1990, enrichis des leçons qu'ils ont pu tirer des imperfections de leurs précédents titres, les développeurs de chez Technosoft sont sur le point de créer un shoot'em up qui va s'imposer comme une référence du genre sur console de salon : Thunder Force III était né.
Cette fois-ci aidé du Cerberus, gigantesque vaisseau spatial ayant pour mission principale la détection et l'anéantissement de toute menace avant même qu'elle n'ait l'occasion de nuire, l'empire Orn semble paré contre toute réplique de la fédération galactique. Mais c'était sans compter sur Shely et Jean, deux pilotes chevronnés déterminés à repousser l'envahisseur. Ainsi que sur le dernier-né des engins de combat, suffisamment discret pour ne pas être découvert par le Cerberus : le FIRE LEO-03 Styx. Le Styx décolle donc dans l'espoir de ramener le calme et la paix dans ce monde devenu fou. Enfin sur le papier, car vous allez vite vous rendre compte que pour ramener la paix en ce bas monde, il faut avant tout semer la mort et la destruction dans les rangs adverses. Et ça, Thunder Force III le fait merveilleusement bien. Pourtant, il reste difficile de comprendre ce qui fait la différence entre un bon et un mauvais shoot'em up. Tous semblent en effet posséder les mêmes caractéristiques principales, à savoir un gameplay on ne peut plus basique et un level design assez linéaire. Essayons donc de déterminer, à travers ce test, ce qui procure à ce jeu cette aura d'excellence, qui n'a toujours pas disparu malgré le temps.
Thunder Force III vous met aux commandes d'un appareil manipulable grâce à trois boutons : un pour le tir, celui de changement d'arme et un dernier permettant de modifier votre vitesse. L'armement du Styx est originellement composé de deux tirs différents : le twin shot, qui constitue votre arme principale, et le back shot qui permet de se défendre des petits vicieux qui attaquent par derrière. Vous pouvez améliorer votre arsenal à l'aide de 6 différents items disséminés à travers les niveaux. Deux d'entre eux servent d'upgrades respectifs aux tirs de base, trois autres sont de nouvelles armes et le dernier vous octroie deux satellites qui gravitent autour de votre engin, pouvant bloquer certaines attaques adverses et venant renforcer votre puissance de feu. Au final, vous pouvez vous retrouver en possession de 5 armes qui, correctement combinées, permettent de couvrir tous les angles d'attaque des ennemis. Vous pouvez également trouver des boucliers, qui prendront trois coups pour vous avant de disparaître, et quelques rares vies dont l'utilité semble évidente. Comme précédemment évoqué, la vitesse de votre vaisseau peut être choisie parmi 4, allant de "trop lent pour éviter quoi que ce soit" à "assez rapide pour renter dans le premier mur qui passe". Si la 3ème vitesse semble correcte pour appréhender la plupart des niveaux, certains passages particuliers vous demanderont cependant des déplacements plus précis et par conséquent une rapidité moindre. Remarquez que les armes et la vitesse du Styx peuvent toujours être modifiées une fois le jeu en pause, ce qui n'est pas du luxe, à la vue du nombre d'éléments à gérer en même temps.
Chaque niveau possède sont lot d'adversaires dédiés et beaucoup d'entre eux ont été gratifiés d'un mode d'attaque personnalisé. Tous ont cependant un point commun : après leur apparition à l'écran, il ne leur faut pas plus de 2 secondes pour vous foncer dessus ou vous envoyer des lasers et autres missiles. Le jeu ne laisse donc aucun répit au joueur et ne cesse de lui rappeler qu'avant de se gratter le nez, il est préférable de mettre le jeu en pause... Mais les ennemis sont loin d'être les seuls freins à votre progression. Le jeu propose en effet 7 niveaux différents qui vous feront traverser des environnements comme des galeries glacées, une jungle ou encore une terrible grotte volcanique. Et vous pouvez compter sur les concepteurs de génie à l'origine du jeu pour exploiter au maximum les possibilités de pièges offertes par ces différentes destinations. A titre d'exemple, Seiren, un niveau qui se déroule entièrement sous l'eau, est rempli de mines et de lasers se déclenchant à votre approche. Passer ces obstacles demande déjà une certaine dextérité, mais quand des bulles d'air qui s'échappent de crevasses viennent modifier la trajectoire de votre vaisseau, cela devient vite ingérable.
Progresser dans le jeu n'est pas possible par la seule aide de vos réflexes. Il faut également fournir quelques efforts de mémorisation des modes d'attaques de certains ennemis et de plusieurs passages piégés. Haides en est l'exemple le plus concret puisque l'intégralité du niveau se déroule dans une grotte dont les murs se déplacent sans crier gare. Dès lors, le joueur non averti risque de se retrouver piégé du mauvais côté d'une paroi, le scrolling le condamnant à finir écrasé contre un mur. Il n'est également pas une mauvaise idée de tenter de retenir les mouvements des différents boss. Une solide connaissance de leur schéma d'attaque peut largement faciliter la recherche d'un bon emplacement d'où attaquer et esquiver. Mais si vous êtes totalement réfractaire à la mémorisation d'informations de ce type, ne vous en faites pas, cet aspect reste assez anecdotique en regard du déroulement complet du jeu ; on est vraiment loin des ténors du genre comme R-Type ou plus récemment DUX. De plus, au lancement d'une partie, vous pouvez choisir par quel niveau commencer parmi les cinq premiers. Cela permet de se concentrer sur les passages qui vous posent problème ou simplement d'éviter de devoir toujours repasser par les mêmes niveaux avant d'atteindre votre favori.
La réalisation du titre est quant à elle globalement réussie, bien que la Megadrive possède d'autres shoot'em up aux graphismes plus travaillés. Ce qui impressionne avant tout, c'est la profusion de sprites à l'écran, accompagnée d'une vitesse de scrolling époustouflante et parfois même d'effets de distorsion, et ce sans le moindre ralentissement. L'action reste toujours claire et il est vraiment rare que le joueur perde une vie sans en être personnellement responsable. La bande-son n'est pas en reste et offre de belles compositions, dont les airs ont le don de s'installer au plus profond de votre tête pour resurgir plus tard et vous rappeler les bons moments passés en compagnie du jeu. Il est à noter que le jeu s'est vu adapté sur Super Nintendo et sur bornes arcades, respectivement sous les noms de Thunder Spirits et Thunder Force AC. Ces deux versions possèdent quelques différences avec l'opus original ici testé et sont, dans l'ensemble, inférieures à cette mouture Megadrive.
- Graphismes16/20
Très réussis à la sortie du jeu, les graphismes ont cependant vieilli et ne sont pas à la hauteur des meilleurs titres de la console de Sega. Ils restent avant tout très propres, et l'action est toujours d'une parfaite fluidité malgré la vitesse parfois hallucinante de certains passages. Certains boss sont imposants mais on ne peut que regretter la pauvreté de leurs animations.
- Jouabilité18/20
On a avant tout affaire à un shoot'em up old-school, c'est-à-dire au gameplay finalement assez peu novateur mais incontestablement efficace. Les déplacements sont précis et peuvent être adaptés à vos goûts via le choix de la vitesse. La diversité de l'armement peut être mise à profit en fonction des situations rencontrées et on a vraiment l'impression que le moindre pixel est là où il doit être et pas ailleurs.
- Durée de vie13/20
La durée de vie du jeu est dans la moyenne du genre à l'époque, avec sept niveaux de taille moyenne et un challenge relativement accessible. Il est possible d'augmenter la difficulté du jeu, ce qui entraîne l'apparition d'ennemis là où on ne les attendait pas et la modification des attaques de certains boss. Le jeu se renouvelle donc plutôt bien, et l'idée de pouvoir choisir par quel niveau commencer permet d'éviter la répétitivité des parties.
- Bande son17/20
De l'entraînant thème principal du premier niveau au puissant riff qui accompagne la traversée des grottes volcaniques, toutes les compositions participent à l'ambiance de manière adaptée à l'environnement parcouru. Mention spéciale au thème du sixième niveau qui, en quelques secondes, instaure à lui seul une atmosphère pesante qui indique au joueur qu'il est sur le point d'accomplir de grandes choses...
- Scénario/
Si vous lisez ceci, c'est que vous n'avez pas compris ce à quoi vous avez affaire ! Enfin, si vous insistez : vous êtes le dernier espoir de l'humanité face à une invasion hostile... Rien que ça.
L'un des meilleurs shoot'em up de la Megadrive avec son cadet Thunder Force IV et MUSHA. Il fait toujours partie aujourd'hui des meilleurs shoot à scrolling horizontal toutes consoles confondues. Alors, qu'est-ce qui différencie un Thunder Force III d'un shoot'em up moyen ? Son rythme effréné ? Son animation sans faille, ses splendides compositions musicales ou son level design très inspiré peut-être ? Et puis finalement, est-ce vraiment possible de créer la recette du shoot'em up parfait ? La seule chose dont on puisse être certain, c'est que Thunder Force III en contient tous les ingrédients.