Après une première aventure aussi difficile que rafraîchissante, notre magicien à la robe reluisante et au physique d’Apollon revient dans de nouvelles aventures. Après avoir éloigné des dragons du royaume d’Ankh-Morpork, c’est maintenant à une icône carrément différente d’être la cible du magicien : La Mort. Victime d’un attentat, elle décide de prendre sa retraite, les gens n’ayant plus aucune reconnaissance de son dur labeur. Rincevent est heureusement (ou malheureusement) là pour remédier à ce problème !
Petit rappel sur l'univers de Discworld. Tiré des romans du célèbre (mais pas assez) Terry Pratchett, le Disque-Monde est une planète ronde et plate jonchée sur quatre éléphants eux-mêmes en équilibre sur la carapace de la Grande Tortue A'Tuin, un chélonien qui navigue dans l'espace pour une raison inconnue. Sur ce disque se trouve Ankh-Morpork, là où se passe le plus gros de l'aventure. Pour le premier acte du jeu, notre magicien errera dans la ville à la recherche d'objets incongrus, ce qui aura pour effet, après une séance de spiritisme complètement déjantée, d'invoquer la Mort et essayer de la raisonner. Mais celle-ci est catégorique, tant qu'elle ne retrouvera pas sa gloire passée, le nombre de morts-vivants dans la ville continuera d'augmenter. C'est à partir du deuxième acte que l'aventure commence réellement. En effet, Rincevent partira à des endroits les plus improbables comme Hollywood (ou du moins un semblant) ou des pyramides (mais pas d'Egypte !) à la recherche de La Mort, on le verra même faire du surf ou prendre des photos avec un appareil quelque peu spécial. Vous l'aurez compris, c'est un univers totalement surprenant et le décrire en détail serait un sacrilège.
Mais comment retranscrire une telle imagination en jeu vidéo ? C'est là toute la force des développeurs. En effet, par rapport au premier épisode qui était assez moyen au niveau des textures et des couleurs assez ternes (basse résolution ?), il y a eu une évolution flagrante. Les couleurs ne bavent plus, les animations ont été améliorées (même si ce n'est pas vraiment le fort du jeu mais en fait son charme) et on a droit à de véritables personnages tous aussi délirants les uns que les autres. On les découvre un par un avec plaisir et on s'attache même aux plus répugnants d'entre eux (qui a dit les Trolls ?). Bref, l'univers est totalement maîtrisé sans parler des nombreuses situations "Pratchettienne" que les lecteurs de la série pourront retrouver. Une véritable bande dessinée interactive.
On retrouve aussi un doublage des plus convaincants. Malgré quelques problèmes de synchronisation entre les lèvres et la voix, les acteurs sont dans leurs rôles, ça surjoue mais ça surjoue divinement bien ! Tout est au poil, on ne se lasse pas d'écouter toutes les bêtises que les différents protagonistes débitent à chaque seconde. Certains se souviennent encore de Casanulla, le Don Juan raté vendeur d'échelles, du vendeur de pop-corn avec sa voix irritante ou encore de l'alchimiste version Doc Gyneco. Les musiques, bien que discrètes, collent parfaitement à l'ambiance et d'ailleurs diminuent de volume lorsque les personnages parlent. On a aussi droit à des commentaires d'une voix off quand on découvre un nouveau lieu et je conseille vraiment de l'écouter, vous y découvrirez des choses surprenantes sur l'univers du Disque-Monde.
Découvrons maintenant comment se joue ce jeu d'aventure hors du commun. Tout comme le premier, c'est un système point & click, des éléments du décor servant… de décor et d'autres d'objets utiles à notre magicien. Ici pas de menu, juste une simple souris pour les interactions et un coffre sur pattes pour stocker les objets récoltés au fur et à mesure. Notre magicien est aussi capable de porter des objets (comme par exemple sa bourse pleine de pièces d'or) mais il est limité à deux seulement. Ce n'est pas bien grave vu que son bagage, lui, est un véritable sac de Mary Poppins. Mis à part placer les objets et les utiliser, y a-t-il quelque chose de spécial ? Bien sûr ! Reprenant la recette de son grand frère, mais aussi de certains autres jeux d'aventure, il est possible de combiner deux objets entre eux pour en créer un nouveau. Avec une scie et une planche à repasser, qu'est-ce que ça donne ? Je vous laisse découvrir par vous-même au lieu de gâcher ce plaisir. Rincevent a aussi la possibilité de discuter avec les personnages du jeu. Grâce à un simple menu de cinq icônes (Bonjour, Blague, Question "sérieuse", Pensée, Au revoir), notre magicien pourra choisir entre plusieurs dialogues qui amèneront à des répliques tordantes et souvent inoubliables. D'autres choix s'ajouteront lorsque cela sera nécessaire pour le bon déroulement de l'aventure.
Avec une solution à portée de main, le jeu ne devrait pas vous tenir plus d'une après-midi mais cela est fortement déconseillé. Certaines énigmes étant difficiles, quoi de plus gratifiant que de tout découvrir par soi-même et se dire qu'on arrive à penser comme Terry Pratchett ? Il faut cependant savoir que toutes les énigmes servent à l'aventure et qu'il n'y a rien (ou presque) à côté pour augmenter la durée de vie. Le jeu est tellement délirant que vous vous sentirez obligé de rejouer des scènes marquantes ou même essayer de découvrir la seule énigme annexe du jeu : le clin d'œil spécial au premier épisode. Par rapport à son grand frère, tout a évolué, une bande-son complètement localisée, des graphismes plus fins, une difficulté revue à la baisse mais pas trop et un univers toujours aussi rafraîchissant. Tout cela en fait un des meilleurs jeux d'aventure de sa génération.
- Graphismes17/20
Respectant à merveille l’univers de Terry Pratchett, le jeu nous propose en plus une 2D soignée qui ravira vraiment les joueurs de la première heure comme les autres. Une courte scène en 3D nous est même offerte pour notre plus grand plaisir.
- Jouabilité16/20
Malgré une jouabilité d’une simplicité effarante, cela peut parfois être lourd de tout diriger à la souris, surtout lorsqu’on doit essayer de nombreux objets jusqu’à trouver le bon. Mais au final, cela ne gêne en rien la progression.
- Durée de vie15/20
Une huitaine d’heures sera suffisante pour terminer le jeu, ce qui peut sembler court. Heureusement, la difficulté de certaines énigmes vous demandera un peu plus de temps.
- Bande son16/20
L’excellence des doublages français fait plaisir à voir. Cependant, on remarquera quelques imperfections dans la synchronisation entre la voix et les lèvres des personnages. Rien de grave toutefois.
- Scénario18/20
Un univers qui peut sembler incohérent au début puis qui devient cohérent à la fin, voilà comment définir le Disque-Monde. Une imagination débordante, des répliques qui tuent, des situations invraisemblables mais tellement déjantées qu’on ne peut qu’adhérer au charme du jeu et de son univers.
Discworld II : Mortellement Vôtre ! est un jeu d’aventure original en point & click qui fait partie des meilleurs de sa catégorie. Certes, il n’est pas sans défaut mais possède tout ce dont un adorateur de Sam & Max ou Day Of The Tentacle recherche : un humour décapant, des personnages loufoques, des énigmes tirées par les cheveux et un héros dont on se souviendra toute sa vie. Si après ça, vous n’avez toujours pas envie de découvrir le Disque-Monde, nous ne pouvons plus rien faire pour vous !