A l’occasion de la récente sortie, sur PC, de la démo de Magnetis, nous vous proposons de revenir sur ce sympathique puzzle-game, développé par le studio parisien Yullaby et vendu à un tarif tout à fait raisonnable sur Wiiware et sur Steam.
Comme la majorité des jeunes studios de développement, Yullaby alterne productions alimentaires et créations originales. Ainsi, peu de temps avant Pékin Express Wii, un jeu de commande que nous avions copieusement assassiné, cette sympathique équipe de programmeurs parisiens avait su prouver qu'elle en avait sous le pied. Car s'il est un domaine où il semble difficile de se renouveler, c'est bien celui du puzzle-game, quelque peu saturé depuis l'ouverture du jeu vidéo au grand public. Or, avec Magnetis, Yullaby a su s'approprier, digérer et réinvestir les codes du genre dans une production suffisamment originale pour sortir du lot.
Dans Magnetis, tout est question d'attraction. Des dominos, constitués de deux blocs collés l'un à l'autre, tombent régulièrement d'une machine située en haut de l'écran. Il y a trois types de blocs : les aimants tournés vers la gauche, les aimants tournés vers la droite et les blocs porteurs. L'objectif est de former des lignes en reliant des aimants gauches à des aimants droits, si possible par l'intermédiaire de blocs porteurs, car plus la ligne est longue, plus vous marquez de points. Bien sûr, il y a un hic : la machine va rapidement cracher des aimants de plusieurs couleurs (jaune, bleu, vert...). Et là, c'est le drame, parce que les aimants de teintes différentes ne sont pas compatibles : si vous les reliez par accident, ils génèrent des blocs morts, dont vous ne pourrez vous débarrasser qu'en détruisant des lignes à proximité. Heureusement, outre la possibilité de faire scroller le tapis roulant pour poser vos dominos là où vous le souhaitez, vous pouvez aussi inverser les blocs qui les constituent (l'un passe à gauche et l'autre à droite) afin de lutter contre la part d'aléatoire et de réaliser de jolis combos en formant plusieurs lignes à la fois.
Au fur et à mesure des points marqués, vous franchissez des paliers comme dans un Tetris, synonymes de vitesse accrue dans la chute des blocs, mais aussi de couleurs d'aimants de plus en plus nombreuses. Si vous jouez en mode normal, l'objectif est de réaliser le meilleur score. Magnetis propose également deux modes solo alternatifs qui permettent de varier les plaisirs : Time Attack vous invite à effectuer le meilleur score dans un temps imparti (hélas non paramétrable), tandis que Block Attack vous impose une limite de 100 blocs pour placer votre highscore (vive les combos !). Bref, Magnetis est un jeu de scoring ; la présence d'un classement mondial en témoigne (sur PC uniquement, la fonctionnalité étant curieusement absente sur Wii). Mais le titre n'oublie pas d'inclure une option multijoueur pour 2 à 4 participants en local, en mode Coopératif ou Versus. En coop, chacun joue à tour de rôle, ce qui n'est pas forcément très motivant. En versus, les joueurs s'opposent sur un même écran partagé ; chaque ligne que vous formez envoie des blocs morts à vos adversaires, sachant que vous pouvez jouer en « chacun pour soi » ou par équipes.
Le multi est donc classique, mais particulièrement efficace. Du moins sur Wii, où il paraît plus facile de rassembler quatre volontaires, munis chacun d'une télécommande, que sur PC où les éventuels motivés devront se munir d'un pad USB sous peine de devoir se partager le clavier ! Dans les deux cas, les contrôles restent bien pensés, même si certains s'étonneront que la Wiimote ne tire pas partie de la reconnaissance de mouvements. Dans l'ensemble, la réalisation de Magnetis souffle le chaud et le froid. Visuellement, le jeu n'est pas très attrayant. La page de titre, qui affiche des engrenages dont les dents se rentrent allègrement dedans, annonce la couleur. Et une fois dans le jeu, les décors pâlichons et les effets visuels minimalistes ne font pas honneur au concept. En même temps, l'écran a le mérite de rester clair, et c'est bien le plus important. Sur le plan sonore, par contre, Magnetis envoie du lourd ! Romain Gauthier, alias Nino Mojo, a encore frappé, avec des compositions délicieusement rétro qui feront frétiller vos oreilles de plaisir, et qui sont disponibles en téléchargement gratuit sur le site officiel du jeu. N'hésitez pas à aller écouter ces petites perles !
- Graphismes10/20
Visuellement, Magnetis n’a rien d’attrayant. Anguleux, austère, fade... il a pour seul vrai mérite de rester suffisamment clair en toutes circonstances. Le thème des aimants aurait pu donner lieu à des effets visuels sympathiques, mais ce n’était visiblement pas à l’ordre du jour.
- Jouabilité15/20
Le gameplay, qui réinvestit des éléments typiques du genre tout en étant suffisamment original, se montre aussi simple qu’efficace. La jouabilité n’est jamais prise en défaut, que ce soit sur Wii ou sur PC.
- Durée de vie13/20
En dépit de ses trois modes de jeu solos (où seules varient les conditions de victoire) et d’un multi assez solide, Magnetis peut se montrer répétitif à la longue. Le jeu souffre en effet de l’absence d’options de paramétrage. En même temps, vu son prix, on ne peut pas trop en demander.
- Bande son18/20
Certains diront que je n'y vais pas de main morte, d'autant que les bruitages sont plutôt quelconques. Mais qu'importe : les thèmes musicaux composés par Nino Mojo sont d'une qualité tout simplement exceptionnelle et boostent de façon évidente le plaisir de jeu.
- Scénario/
Pour un jeu basé sur l’attraction, Magnetis n’est pas particulièrement attirant, et pourtant : les amateurs du genre qui feront l’effort de s’y intéresser découvriront un puzzle-game qui a le double mérite d’être original et bien pensé. Que ce soit pour scorer ou pour partager une partie entre amis, on s’y amuse et c’est bien là l’essentiel. Mieux : proposé à un tarif plus que raisonnable, le jeu est littéralement porté par une bande-son d’une prodigieuse efficacité, qui vaut à elle seule l’investissement demandé.