Clockstone n'a pas perdu de temps. Un an et demi après Avencast, le studio récidive avec un nouveau hack'n slash baptisé GREED : Black Border. Sans surprise, on y retrouve la même formule, mais transposée dans un univers de science-fiction.
L'espace futuriste n'est pourtant pas un contexte spatio-temporel très apprécié des développeurs de hack'n slash, qui lui préfèrent en général l'heroic-fantasy. Il y a bien eu quelques tentatives, comme le Space Siege de Gas Powered Games, mais le résultat fut décevant. Sommes-nous condamnés à trucider des hordes de monstres à l'épée, laissant le blaster au placard ? Pas sûr, car avec GREED, Clockstone compte bien réconcilier le genre avec la SF. Bon, la SF du pauvre en ce qui concerne l'histoire, car on est tout de même loin des œuvres d'Asimov, K. Dick et consorts. En gros, vous recevez un appel de détresse du vaisseau Ishimura, euh non pardon Yukon 5. Vous arrivez à bord pour découvrir ce qu'il s'y trame, et tombez nez à nez avec un équipage zombifié et une horde de robots de sécurité déchaînés. Il n'y a quasiment aucun autre personnage, et donc aucun dialogue, aucune quête secondaire... Bref, l'aspect jeu de rôle est réduit à quelques statistiques. Le gameplay se résume alors à occire des monstres.
Pour cela, vous devrez d'abord choisir entre trois classes, ce qui est déjà une avancée notable par rapport à Avencast. Il y a le Marine, personnage le plus équilibré ; le Pyro, qui excelle dans le combat rapproché ; et le Plasma, spécialisé dans le tir à distance. A chaque niveau d'expérience, vous pourrez faire évoluer ces protagonistes en distribuant deux points parmi trois caractéristiques : bouclier, santé et énergie. Cette dernière sert à utiliser les compétences, qui sont réparties en plusieurs catégories (capacités activables, passives/offensives et passives/défensives). Bref, du classique. GREED propose tout de même quelques innovations, en fait directement issues des mécanismes d'Avencast, notamment le système d'esquive. Les touches ZQSD permettent en effet de faire des roulades, pratique pour éviter les tirs ennemis. D'une manière générale, les déplacements tiennent une grande importance dans le gameplay de GREED. Il est donc préjudiciable que le pathfinding soit aussi catastrophique. Dans les coursives du vaisseau, le héros bute dans le moindre obstacle, vous obligeant à le contourner manuellement. Ca s'arrange dans le deuxième environnement, une planète désertique, forcément moins encombré. Mais ce problème plombe une partie de l'intérêt du jeu.
Ce n'est d'ailleurs pas le seul souci rencontré. La difficulté, par exemple, est parfois assez mal dosée. Ainsi, le boss du premier chapitre constitue un sacré challenge, à même d'énerver le plus placide des joueurs. D'autres séquences posent problème à cause de la disposition des monstres : si un soigneur s'est glissé au milieu d'un paquet de zombies, vous ne pourrez pas le toucher, protégé qu'il est par une muraille de chairs putréfiées. Muraille que vous ne pourrez abattre, puisque le soigneur ne cessera de remettre ses petits camarades d'aplomb... Un cycle sans fin qu'il est souvent difficile de briser. Il suffit toutefois de dégoter une nouvelle arme ou armure pour que le jeu devienne subitement trop facile. Mais cela arrive rarement, car GREED est un hack'n slash sans loot. Oui, ça existe. Quand on sort de Torchlight, où l'on croule littéralement sous un déluge d'objets plus puissants les uns que les autres, ça fait bizarre. Il n'existe qu'une poignée de flingues et de protections presque identiques, et les rares objets proposés par le marchand du coin sont souvent meilleurs que ceux récupérés sur les monstres ! Il est heureusement possible d'améliorer les items avec des modules, mais ce système demeure très basique.
Que reste-t-il à GREED pour convaincre ? Sa plastique tout d'abord, assez réussie, avec de beaux décors et de jolis effets. Il y a aussi quelques bonnes idées, comme des pièges à traverser et des énigmes à résoudre. Ceux qui ont pratiqué Avencast reconnaîtront là encore une recette familière. Par endroits, vous devrez donc trouver un code pour progresser, notamment en lisant des fichiers afin d'y dénicher des indices. C'est aussi par ce biais que vous en apprendrez davantage sur l'univers du jeu et le scénario, une façon peu palpitante de faire avancer les choses. Le cœur du jeu reste cependant l'action. GREED a le mérite de proposer un panel d'adversaires aux attaques variées. Néanmoins, les combats finissent rapidement par tourner en rond. De plus, les ennemis sont costauds, vous pouvez dire adieu au sentiment de puissance procuré par certains hack'n slash, où une grosse grappe de monstres peut être explosée en un coup. Ici les affrontements sont beaucoup plus laborieux. Bref, niveau action, le soft est loin d'atteindre le gros délire jouissif d'un Shadowgrounds Survivor. Titre qui possédait d'ailleurs un côté hack'n slash, avec son système d'amélioration du personnage et des armes.
Au final, GREED souffre donc de trop d'imperfections pour prétendre à autre chose qu'au statut de jeu moyen. Dommage, ce n'est pas aujourd'hui qu'on pourra jouer à un hack'n slash futuriste de la trempe d'un Diablo.
- Graphismes13/20
Le design est assez générique, mais tout est réalisé de façon très propre. Le jeu vaut notamment le détour pour ses jolis effets de lumières, d'explosions et de flammes. On regrette tout de même qu'il n'y ait que trois environnements différents.
- Jouabilité10/20
Entre le pathfinding foireux, le cruel manque de loot et la difficulté mal dosée, les motifs d'insatisfaction sont nombreux. Reste quelques idées comme les énigmes, les pièges et le système d'esquive, mais c'est insuffisant pour compenser toutes les faiblesses du gameplay.
- Durée de vie11/20
Les trois chapitres se bouclent en une quinzaine d'heures, ce qui n'est pas trop mal pour une trentaine d'euros. La linéarité de la progression nuit à la rejouabilité, mais au moins le titre propose trois classes et un mode multi, ce qui n'était pas le cas d'Avencast.
- Bande son9/20
Chaque musique semble ne durer qu'une poignée de secondes avant de repartir au début en boucle... Du coup, les morceaux tapent vite sur le système et l'arrivée dans un autre niveau est un véritable soulagement (de courte durée...). Les bruitages sont par contre réussis.
- Scénario8/20
Le scénario est aussi mince que classique. Les informations sur l'univers arrivent uniquement par le biais de textes, ce qui n'incite pas vraiment à s'y intéresser.
Avencast était imparfait mais recelait tout de même un certain potentiel. Du coup, pour ce nouveau projet, on était en droit d'attendre une copie au moins équivalente. Las, c'est exactement l'inverse qui s'est produit. La sauce a vraiment du mal à prendre. Sans être catastrophique, GREED est fade et décevant.