Après avoir exploité avec succès la licence des Jeux Olympiques d'été grâce à Beijing 2008, Sega remet ça. Cette fois, ce sont bien évidemment les olympiades d'hiver que l'éditeur nous propose de vivre sur nos machines. Vancouver 2010 a le même objectif que son cousin : devenir une référence dans le genre multi-épreuves inspiré d'une compétition existante et qui plus est, la plus populaire qui soit.
Forts d'une expérience réussie au cours de l'été 2008, les développeurs d'Eurocom partaient avec toute notre confiance dans leur mission d'adapter les Jeux Olympiques d'hiver en jeu vidéo. Avant eux, d'autres s'y sont risqués en se basant sur les licences Lillehammer 1994, Nagano 1998 ou Torino 2006 pour ne citer qu'elles, avec des fortunes diverses. Cette fois, la peur de l'inconnu n'est plus puisque sans révolutionner le genre, Beijing 2008 demeure un très bon souvenir pour nous, subtile mélange entre fun et exhaustivité. Malheureusement, l'expression qui revient dans les bouches des joueurs qui essaient brièvement Vancouver 2010 est la même : "ils ne se sont pas foulés !". Et en effet, le moins que l'on puisse dire, c'est que ce titre nous déçoit. Peut-être en attendions-nous beaucoup trop mais quoi de plus naturel pour un titre possédant la licence officielle des J.O. ? Après avoir fait le tour des possibilités, Vancouver 2010 est un titre tout juste moyen dont le contenu est bourré de trous, des manques inexplicables qui vont faire rager ceux qui l'attendaient comme le messie. Chronique d'un petit gâchis.
Le premier faux pas de Vancouver 2010 concerne les disciplines qu'il résume en un petit écran. Certes, on compte un total de 14 épreuves (que nous ne listons pas, l'image accompagnant ce paragraphe parle d'elle-même) mais en mettant de côté les dérivés, on constate qu'il manque un bon tiers des disciplines officielles des J.O.. L'absence la plus marquante est sans nul doute le biathlon, l'une des épreuves phares des Jeux Olympiques, combinant ski de fond et tir à la carabine. Par voix de conséquence, le ski de fond est purement et simplement zappé, au même titre que le curling, le combiné nordique, le patinage artistique ou encore le hockey sur glace. Nous ne saurons pardonner ces oublis, exception faite du dernier nommé, le hockey nécessitant un développement à part entière, ce que font les séries NHL et NHK 2K depuis des années maintenant. En bref, on fait très vite le tour des disciplines proposées, assez largement dominées par le ski et toutes ses variantes. On peut être également étonné par le fait que toutes ces épreuves sont réparties de manière gratuite et arbitraire entre les deux sexes. Le patinage de vitesse est par exemple réservé aux dames alors que le bobsleigh, le skeleton et la luge l'est aux hommes. Un détail toutefois.
Très rapidement devant le fait accompli (pas de personnalisation d'avatar, pas de choix parmi une liste d'athlètes...), le joueur couvre l'intégralité des disciplines en une heure à peine. Pour commencer, les épreuves de ski souffrent d'un mal évident : la redondance des pistes. Difficile de demander à ce que le tracé change à chaque fois (ce qui serait irréaliste) mais pourquoi la météo ne varie-t-elle jamais ? A croire que Vancouver dispose d'un micro-climat et que la jolie poudreuse de ses pentes n'est finalement que de la neige artificielle ? Les rares flocons ne sont que des leurres, des effets visuels timides et scriptés. On aurait apprécié une bourrasque de vent qui soulève un fin manteau blanc ou une neige omniprésente au point de réduire la visibilité des athlètes. Dans l'optique de la course aux records, les développeurs ont sans doute préféré éviter toute apparition aléatoire et donc perturbatrice d'éléments en mesure de donner aux courses ce côté imprévisible qui existe pourtant bien en réalité. Cela dit, le ski, sous toutes ses formes (Descente, Super-G, Slalom et Slalom Géant) est l'épreuve qui s'en sort le mieux de toutes. Immersives et techniques, les descentes sont réellement bien fichues, comme les slaloms, a fortiori si l'on opte pour la fameuse vue à la première personne. Malgré tout, cette dernière aurait pu être encore meilleure si derrière le casque du skieur, ce qui aurait contribué à apporter l'impression de vitesse manquante.
Juste derrière le ski vient l'épreuve du saut à ski, elle aussi, tout à fait réussie et suffisamment technique pour que l'expérience et le niveau des joueurs aient un réel impact sur le résultat. Très immersive également, au rythme du souffle et du stress du skieur, elle débute par le choix crucial du moment où partir. Cela se fait selon la force du vent, jusqu'à ce que le moment opportun se présente. Ensuite, il n'est plus question que de timing entre le saut, l'équilibre et la réception. Des scores de réussite (allant de zéro à 100) vous informent alors étape par étape sur la qualité de votre timing. Toujours par ordre qualitatif, viennent ensuite les trois disciplines qui partagent le même tube : le Bobsleigh, la Luge et le Skeleton. Si elles comprennent quelques variantes dans les mécanismes, notamment au niveau de la poussée ou quelques changements gratuits de commandes pour dépayser le joueur, leur principe est logiquement très similaire. En jouant avec le poids du pilote, le joueur doit prendre un maximum de risques en montant le plus haut possible le long de la paroi glacée avec son bolide, afin de gagner encore et toujours de la vitesse. Le challenge est bien là, les performances élevées de l'IA également et une connaissance quasi parfaite du tube est indispensable pour éviter tout contact brutal entraînant une perte de temps rédhibitoire.
Enfin, arrivent les deux disciplines les moins réussies du jeu : le patinage de vitesse d'un côté et le snowboard de l'autre. La première est handicapée par une gestion des contacts totalement absente, à savoir que votre athlète est systématiquement maintenu à une distance respectable de ses adversaires lors des regroupements. Un principe relativement incompréhensible, repris d'ailleurs à l'identique lors des courses de snow, où deux ou quatre descendeurs ne peuvent jamais se frôler. Une véritable bizarrerie qui semi-automatise les déplacements de votre avatar, alors tenu de suivre une trajectoire différente de ses adversaires pour ne pas être bêtement ralenti ! Dommage car les variantes de ces deux sports s'approchent de manière suffisamment différente pour que l'on puisse y revenir. Faut-il encore accepter ce fichu problème de collisions ! Notez que le dernier défaut majeur de Vancouver 2010, c'est toute l'organisation de la compétition, limitée à quatre nations (sur 20 pourtant représentées dans le jeu) et donc, à quatre athlètes par discipline (en dehors du bobsleigh à deux). Tout ceci est bien maigrichon, d'autant que les J.O. sont censés rassembler une palanquée de pays autour de l'esprit olympique ! Quant au multijoueur, il est limité à 4 hors ligne et en 4 ligne (contre 4 et 8 à Beijing). Hors ligne, l'écran splitté (pour les épreuves qui le nécessitent) nuit énormément à la lisibilité des tracés mais sachez qu'il est possible de connecter quatre machines pour l'éviter. C'est là le seul moyen de prolonger un peu la durée de vie très décevante de ce Vancouver 2010.
- Graphismes15/20
Fin, soigné, fluide et doté d'effets visuels travaillés et contribuant à l'immersion, Vancouver 2010 est un titre graphiquement réussi, d'autant que la profondeur de champ est tout à fait honorable. Peut-être que le background aurait mérité un peu plus d'attention.
- Jouabilité14/20
Inégal selon les disciplines, le gameplay peut s'avérer tantôt fun et technique, tantôt simpliste et bancal. Alternant les mécanismes, parfois sans chercher bien loin, les développeurs ont tout de même fait en sorte que chaque épreuve possède une approche qui lui soit propre. La vue à la première personne apporte une vraie immersion mais ne révolutionne pas le genre, comme on pouvait l'espérer. On regrettera également que la jouabilité soit ternie par un manque de profondeur de certaines disciplines.
- Durée de vie11/20
Un tiers des épreuves officielles est absent de ce titre qui se veut pourtant exhaustif... De plus, le jeu en ligne se limite à 4 alors que Beijing pouvait accueillir le double de joueurs. Enfin, chaque compétition se déroule entre quatre pays, ce qui donne sérieusement l'impression de participer à un ersatz de Jeux Olympiques.
- Bande son13/20
En vue à la première personne, les sons sont mis en avant et densifiés pour donner au joueur l'impression d'incarner réellement l'athlète. L'effet est sympa mais rapidement gadget. Quant aux morceaux de rock californien, nous nous en serions volontairement passés !
- Scénario/
Vancouver 2010 : Le Jeu Vidéo Officiel des Jeux Olympiques plaira aux amateurs de chasse aux records, une course déjà sérieusement entamée Online. Toutefois, il était promis à un résultat bien plus probant que celui-ci, d'autant que Beijing 2008, développé par cette même équipe d'Eurocom, avait vraiment séduit. Derrière une réalisation de très bonne facture et quelques fines idées se cache un contenu franchement décevant pour un jeu licencié. Reste qu'en l'état, il s'impose comme le titre à posséder si l'on n'arrive vraiment pas à se défaire d'une paire de skis.