Retournons une bonne vingtaine d'années en arrière. La Megadrive vient alors tout juste de sortir en magasin. Pour convaincre les joueurs que son nouveau bébé propose ce qu'il y a de mieux en matière de technologie, Sega nous offre entre autres The Revenge of Shinobi. Notre ninja se voit alors confier une mission de la plus haute importance puisqu'il va devoir en mettre plein les yeux à des millions de joueurs. Alors, pari tenu ?
The Revenge of Shinobi est la suite directe de Shinobi, sorti en 1987 et qui avait fait les beaux jours de la Master System. Ce premier opus contait les péripéties des ninjas du clan Oboro et de leur lutte sans merci contre l'organisation criminelle Zeed. Grâce à leur courage et à leurs années d'apprentissage, les fidèles défenseurs de la justice l'emportèrent. Depuis, trois longues et paisibles années se sont écoulées. Ce n'est que lorsque vous lancerez la scène d'introduction de ce second volet de la série que la paix et la prospérité se briseront : l'organisation Zeed, sobrement renommée Neo Zeed est de retour et compte bien se venger de l'affront qui lui a été infligé. Vous incarnez Joe Muzashi, jeune ninja membre du clan Oboro qui, de retour d'une séance d'entraînement, trouve son vieux maître gisant sur le sol. Encore sous le choc de cette découverte, il tentera de lui porter secours… mais il arrive trop tard. Les derniers mots du sage lui apprendront que l'organisation criminelle s'est reformée et est encore plus puissante qu'auparavant. Déjà motivé par un sentiment de vengeance, Joe apprend en plus que sa fiancée a été kidnappée. Cette fois, c'en est trop ! Son katana à la main, il se jette à la poursuite de ses assaillants, bien déterminé à faire justice lui-même.
Notre petit ninja ne se rend pas compte de l'ampleur de la tâche qu'il va devoir accomplir : le quartier général de Neo Zeed se trouve aux Etats-Unis et il lui faudra traverser toute la planète pour l'atteindre. En tout, vous traversez 8 niveaux, chacun divisé en 2 étapes qui proposent pratiquement à chaque fois un environnement différent. Il faudrait bien trop de temps pour tout dévoiler d'emblée, mais en guise d'amuse-gueule, sachez que vous commencerez votre aventure dans le village du clan Oboro au fin fond du Japon, vous escaladerez les dangereuses montagnes qui entourent ce dernier, vous monterez clandestinement à bord d'un avion, finirez dans une décharge publique, sur le toit d'un train ou encore dans une discothèque ! L'organisation étant très influente, des criminels en tout genre sont à sa solde et votre périple ne sera donc pas une balade de santé : chaque niveau mettra en scène plusieurs nouveaux types d'ennemis en plus des anciens que vous avez déjà croisés. Certains ne sont autres que des ninjas ou des samouraïs comme vous, mais les choses vont rapidement se corser quand des armements beaucoup plus sophistiqués vont faire leur apparition. Mitrailleuses, lance-flammes et autres grenades vont rendre la vie de Joe absolument cauchemardesque ! Ne parlons même pas des terribles boss qui l'attendent à la fin de chaque niveau avec une nervosité qui trahit de leur état d'excitation et d'impatience. A l'instar des ennemis "classiques", ils disposent de leurs propres techniques de combat et il faudra les observer longuement pour en trouver la faille.
Devant un tel déluge d'opposants, vous êtes en droit de vous demander quelles actions vont vous permettre de tirer votre épingle du jeu. Et bien, comme tout bon ninja qui se respecte, le protagoniste pourra lancer des shurikens sur ses ennemis distants. Étant en nombre limité, il convient de ne pas les gaspiller, d'autant qu'ils pourront être parés avec des armes blanches ou tout simplement esquivés par des ninjas qui sautent, qui volent ou qui s'accroupissent. Si vous vous rapprochez suffisamment, Joe portera un coup de katana ou un coup de pied de façon à économiser sa réserve de shurikens. Avec l'agilité d'un félin, il est bien évidemment possible de sauter pour atteindre des lieux inaccessibles à pied. Plus fort encore, vous pouvez effectuer un double saut (ressauter une fois que vous êtes en l'air) pour décoller encore plus haut. Quand vous êtes en plein double saut, essayez-donc de presser le bouton d'attaque. Que se passe-t-il ? Et bien pas moins de 8 shurikens seront envoyés simultanément et se fracasseront sur une bonne moitié de l'écran, ne laissant aucune chance aux malheureux qui se trouvaient là… Enfin, ça c'est sur le papier, en pratique le double saut demande de presser le bouton de saut à un moment bien précis et pas un autre. Ce qui aura pour fâcheuse conséquence, si vous manquez de timing, de laisser votre pauvre héros s'écraser au fond d'un ravin ! C'est plutôt énervant et si vous êtes du genre à vous emporter facilement, la manette risque de voler par la fenêtre.
Il n'y a pas que les doubles sauts qui risquent de vous mettre en pétard : en fait c'est le jeu tout entier qui est scandaleusement difficile ! Vous aurez beau augmenter le nombre de shurikens dans le menu option du jeu ou diminuer la difficulté, cela ne changera pas grand-chose. En guise de consolation, les concepteurs ont donné à leur personnage la possibilité d'utiliser 4 ninjutsu (c'est-à-dire magies des ninjas) différents. Le premier créera un bouclier électrique qui vous protégera avant de se briser après un trop grand nombre d'attaques. Ensuite, le deuxième ninjutsu décuplera votre agilité et vous bondirez à des hauteurs vertigineuses. Les deux dernières magies sont quant à elles offensives : des dragons de feu viendront semer la pagaille à l'écran tandis que la technique de l'autodestruction, même si elle vous coutera une vie, infligera des dégâts considérables. A l'exception de l'attaque autodestructrice (utilisable tant qu'il vous reste des vies), vous ne pourrez utiliser les ninjutsu qu'une fois par étape seulement.
Pour vous aider à finir le jeu, vous disposerez de trois crédits. Il reste également possible d'augmenter son nombre de vies en atteignant un certain score en tuant des ennemis ou en détruisant les caisses qui jonchent le sol de l'ensemble des niveaux. Ces dernières contiennent aussi des réserves de shurikens, des cœurs pour soigner votre énergie et des items qui augmenteront la puissance de vos armes qui pourront soudainement bloquer les shurikens ennemis. Cependant, un certain nombre de caisses renferment des bombes à retardement et il vaudra mieux déguerpir en vitesse ! Décidément, ces programmeurs sont vraiment vicieux.
- Graphismes16/20
Pour l'un des tout premiers jeux de la Megadrive, le résultat est plus que satisfaisant et rend tout à fait hommage à ses capacités. Même si l’on reste encore un peu loin des derniers jeux sortis sur la machine, l’immense diversité des décors et des ennemis vous en mettront plein les mirettes.
- Jouabilité16/20
Les actions sont simples et plutôt peu nombreuses mais bon sang, qu’est-ce que c’est intuitif et efficace ! De plus, les ninjutsu vous permettront d’aborder chaque niveau de différente façon. On regrettera quand même que le héros ne puisse pas courir… le comble pour un ninja !
- Durée de vie15/20
Seulement huit niveaux me direz-vous. Et bien, finissez-les et ensuite on en reparle. Ne pensez pas que vous le finirez du premier coup. De longues, très longues heures vous attendent si vous voulez en voir le bout. Il faudra quand même une sacrée dose de courage et de patience et il vaut mieux être du genre à recommencer un jeu depuis le début juste pour tenter de comprendre comment appréhender un passage.
- Bande son16/20
Le grand, le seul, l’unique Yuso Koshiro est de la partie et met ses talents au service de cet opus de la série des Shinobi. Dans l’ensemble, les musiques sont entraînantes et collent parfaitement à l’atmosphère du jeu. Avouons tout de même que l’homme devait être un peu fatigué à cette époque car la qualité est quand même un peu en deçà de certaines autres de ses compositions.
- Scénario/
Le fun ! Ce jeu transpire le fun ! Le scénario est classique et banal, juste une petite excuse pour vous faire traverser les niveaux qui composent cet opus.
La première escapade de la licence Shinobi sur Megadrive est une grande réussite. Graphismes colorés et variés, level design soigné et original, gameplay à la fois simple et terriblement efficace, les musiques sont signées Yuso Koshiro en personne. On pourrait tout de même critiquer la difficulté franchement excessive qui mettra vos nerfs à rude épreuve, et encore, c’est un euphémisme. Vous voulez savoir si Sega est parvenu à faire briller le potentiel de la Megadrive par l’intermédiaire de ce jeu ? La réponse est oui ! Pari tenu !