Les Dupont et Dupond de la guerre privée sont de retour pour une suite à Army of Two qui parvient à corriger les erreurs de son prédécesseur. Du coup, on est bien content de retrouver Rios et Salem.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Rios et Salem ont le chic pour se mettre dedans. Une attaque terroriste d'envergure frappe Shanghai et devinez qui se retrouve au premier plan ? Ben ouais, les deux mercenaires intrépides. Et quand on parle d'attaque d'envergure, on pèse ses mots. Même si le terme est un peu galvaudé à force d'être employé, il faut bien reconnaître que le début d'Army of Two 2 est apocalyptique, les missiles pleuvent, les avions s'écrasent, les immeubles s'effondrent, parfois avec vous à l'intérieur, en bref, on en prend plein la tronche et ce jusqu'à la fin de la campagne. Des rues commerçantes au zoo en passant par un centre commercial ou le port, même si on ne sort pas de Shanghai, les environnements changent régulièrement de style et nous offrent un tableau de plus en plus sombre et désastreux de la ville. Une belle réussite, d'autant qu'on assiste au spectacle sans que le moteur 3D ne fasse des siennes.
En quelque sorte, Army of Two : Le 40ème Jour retient les leçons prodiguées par un Modern Warfare en assurant une mise en scène de l'action maîtrisée et qui mise sur une surenchère parfaitement dénuée de crédibilité mais diablement efficace. Quant au gameplay, il reprend évidemment ce qui était à la base du premier opus : la coopération entre Rios et Salem. Ponctuellement, il faudra donc agir de concert pour ouvrir une porte bloquée ou se faire la courte échelle pour prendre de la hauteur, mais c'est bien dans les combats que cette coopération est la plus intéressante. Si vous avez fait l'impasse sur le premier volet, on résume. Army of Two se contente de mettre en valeur un principe simple : l'un fait diversion pendant que l'autre contourne. Demandez à votre équipier d'offrir un feu nourri à l'ennemi, ce dernier le verra alors comme une menace prioritaire. Pendant ce temps, vous êtes plus libre de vos mouvements et pouvez donc prendre l'adversaire à revers. On peut le dire, le jeu se contente un brin de réinventer la roue mais à la différence de son prédécesseur, ce second épisode s'offre un level design bien plus convaincant. Si on n'évite pas les couloirs étroits, on compte également un bon nombre de zones largement ouvertes dans lesquelles on a réellement le sentiment d'avoir à chercher le bon passage ou la bonne planque pour éliminer le camp adverse pendant que son petit camarade détourne leur attention. Cette construction plus élaborée des niveaux élimine l'aspect très artificiel et du coup franchement lassant qui plombait le premier Army of Two. Les ficelles sont moins grosses.
Même certains principes ont subi des corrections mineures. A titre d'exemple, on rencontre toujours des unités spéciales mais il ne suffit plus de leur passer dans le dos en empruntant le petit chemin à droite pour s'en débarrasser. Non, en général, on les trouve dans de vastes arènes très encombrées et il faudra batailler pour qu'elles vous oublient le temps de vider plusieurs chargeurs sur leurs points sensibles. Dans le cas d'un grenadier lourd, il s'agira de ses 3 sacoches pleines d'explosifs. Le challenge est nettement plus intéressant. Le passage en « dos à dos » est lui aussi de retour mais dans le cadre précis de scènes scriptées, et seulement deux fois au cours du jeu. Globalement, le coop est donc à la fois toujours aussi basique dans son principe vieux comme le monde mais plus pertinent, plus fun et plus naturel. Evidemment, si on peut jouer avec l'IA, c'est avec un autre humain qu'on en prendra la mesure. L'intelligence artificielle fait sans doute des progrès, mais elle est encore loin de la perfection. On s'en rend compte notamment lorsque, blessé, on demande à son équipier de venir nous mettre à couvert pour nous soigner. Il n'est pas rare de la voir nous traîner un peu n'importe où.
Outre ces corrections bienvenues, EA Montréal a également pensé à apporter un peu de neuf. S'il est toujours possible de faire le mort pour tromper l'ennemi, on peut aussi simuler sa reddition. De temps à autre, la chose vous sera proposée. Il ne reste qu'à appuyer sur la touche contextuelle pour voir le personnage se rendre pendant que son camarade attend bien planqué. Au dernier moment, on dégaine en bullet time pour régler le problème. L'autre larron se chargeant de nous couvrir de loin. Par ailleurs, Shanghai est peut-être envahie par les mercenaires, elle n'en reste pas moins peuplée de civils, souvent pris en otages. Régulièrement, on croisera la route d'une bande de malotrus maltraitant des civils. On pourra alors décider de les sauver ou pas. Pour ce faire, il faudra s'approcher du soldat le plus gradé, le saisir et forcer ses troupes à se rendre. En cas de réussite, les civils vous récompenseront avec un peu de cash ou avec des pièces pour vos armes. La transition qu'il fallait pour signaler que la customisation des armes est toujours d'actualité et que le choix est vaste. Mais aider les civils aura également une conséquence sur votre moralité, la façon dont vous traiterez les locaux innocents pourra influencer la réaction de quelques PNJ plus tard dans le jeu.
On trouve d'ailleurs un autre ajout assez cosmétique mais fort sympathique : les choix moraux. A l'occasion, vous serez confronté à une prise de décision morale. Par exemple, lorsque vous trouverez un soldat mort dans la cage d'un tigre blanc en voie d'extinction, choisirez-vous de tuer l'animal pour récupérer les munitions ou l'épargnerez-vous ? Et ce vigile qui refuse de vous laisser approcher de l'armurerie ? Chaque fois que vous prendrez une décision, une séquence de plans fixes façon comics vous éclairera de sa justesse en vous dévoilant ce qu'à fait ce personnage ou ce qu'il s'apprête à faire. Une excellente idée.
Moins lourdaud, plus impressionnant, en somme plus fun, Army of Two le 40ème jour n'est bien sûr pas sans défauts. Sa progression reste malgré tout linéaire et parfois un peu prévisible avec une structure qui tend à se répéter. Lors des prises d'otages par exemple, l'officier le plus gradé est toujours celui qui se trouve le plus près de vous et vous tourne le dos. L'IA a encore de beaux ratés avec des ennemis qui restent parfois figés. La prise elle-même pourra en rebuter certains par sa relative lourdeur. Mais on parvient assez facilement à passer outre en se laissant happer par le rythme du jeu. Ce qui nous amène à son défaut principal : sa durée de vie d'à peine 6 heures, en poussant la difficulté. Fort heureusement, on peut refaire la campagne sans déplaisir, mais l'addition reste un peu salée.
- Graphismes16/20
Mis à part des modèles de personnages un peu plastique, le moteur n'est pas pris en défaut, malgré une mise en scène explosive.
- Jouabilité15/20
On déplore quelques lourdeurs dans les déplacements, ceux qui n'apprécient pas le côté 33 tonnes à la Gears of War ne seront pas super à l'aise. En dehors de ça, le gameplay reste assez simple et abordable avec une construction des niveaux moins artificielle que dans le premier volet.
- Durée de vie13/20
On peut boucler la campagne en un peu plus de 5 heures. Mieux vaut donc monter le niveau de difficulté au max. Heureusement, on pourra y revenir sans déplaisir, en coop ou via le mode en ligne Duel.
- Bande son16/20
Rios et Salem s'expriment toujours comme deux gros ringards mais certaines répliques arrivent finalement à faire rire ou sourire. Les effets sonores sont excellents et immersifs. Les thèmes musicaux sont en revanche un peu noyés sous le reste.
- Scénario12/20
Le scénario tient sur un timbre-poste mais on ne lui en veut pas vraiment. L'idée des choix moraux suivis par la démonstration de leurs implications est sympathique.
Tout en conservant un gameplay pratiquement inchangé, EA Montréal a su apporter les changements nécessaires à Army of Two, notamment une progression moins lourde, plus naturelle et profitant d'une mise en scène chaotique qui nous fait assister à la destruction quasi totale de Shanghai. Alors certes, l'IA déraille encore un peu et certaines redondances se font sentir mais on traverse la campagne, malheureusement trop courte, seul ou à deux en en prenant plein la tête. Une copie revue et corrigée avec brio.