Si la Super NES, formidable console au demeurant, avait un talon d’Achille, ce serait probablement dans le domaine des shoot’em up. Le processeur central de la machine cadencé à 3,5Mhz avait souvent du mal à gérer de nombreux sprites s’affichant simultanément à l’écran. Pourtant, la sortie du shoot spatial répondant au doux nom de Super Aleste fît taire tous les détracteurs de la 16bits de Nintendo car il faut dire que ce jeu s’y sentait "super à l’aise"...
Commençons par un peu d'histoire. 1992… La Super NES connaissait des jours fleurissants et grignotait de plus en plus le marché jusqu'alors dominé par sa concurrente directe la Megadrive de Sega, sortie avec près de deux ans d'avance. La console de Nintendo s'efforçait d'offrir des jeux encore plus beaux, avec plus d'effets spéciaux, des musiques plus jolies, etc… Mais il était encore un genre ludique dominé en Occident par la Megadrive, favorisée par son processeur cadencé à plus de 7Mhz : les shoot'em up. En Occident, car au Japon, la PC-Engine de NEC surclassait encore toutes ses concurrentes dans ce domaine, mais c'est une autre histoire. La série des Thunder Force en particulier, fer de lance de Sega qui connu trois épisodes sur la 16bits de la marque au hérisson bleu, proposait des shoots à l'animation stupéfiante, entre autres qualités. Les quelques shoot'em up réussis de la SNES avaient beau proposer des graphismes magnifiques et une animation tout juste correcte, on était encore loin d'égaler la nervosité d'un Thunder Force III et encore moins du futur Thunder Force IV qui était sur le point de sortir ! C'était sans compter sur la sortie de Super Aleste sur SNES, qui, fort de graphismes très jolis et surtout d'une animation époustouflante, allait devenir un concurrent sérieux à la série des Thunder Force et allait prouver que bien programmé, un shoot spatial pouvait allier beauté et nervosité sur une console ayant un processeur central faiblard.
Super Aleste nous lance rapidement dans le feu de l'action. Dès le premier niveau, ce shoot'em up à scrolling vertical nous assène de nombreuses et virulentes vagues de vaisseaux ennemis. Heureusement, pour faire face à ces aliens belliqueux, l'engin piloté par le joueur bénéficie d'une maniabilité exemplaire, d'une grande réactivité et d'une précision à toute épreuve. Ces qualités ne sont pas de trop pour slalomer entre les vaisseaux ennemis, leurs tirs, les explosions et les éléments du décor qui tentent d'entraver votre progression. Pour couronner le tout, le jeu n'est pas avare en effets de distorsion, de zooms et de rotations. Le deuxième niveau en particulier qui vous fera survoler une base spatiale ennemie mettra à rude épreuve votre système digestif. L'ensemble est plutôt joli, sans toutefois atteindre la beauté ni le charisme d'un Axelay qui sortira quelques mois plus tard, mais c'est surtout l'animation de tout ce petit monde qui est impressionnante. Le nombre de sprites simultanés à l'écran peut atteindre des sommets pour un jeu SNES, le tout sur un décor de fond qui se déforme, zoome et tourne dans tous les sens, et l'ensemble reste pourtant aussi fluide que la légendaire pâte à crêpes de tatie Ginette. On est bien loin des débuts de la console et des tristement célèbres ralentissements de Super R-Type ou autre Gradius III !
Pour faire face aux forces alien, votre frêle vaisseau au début du jeu va vite trouver de quoi s'équiper. En détruisant certains ennemis, ces derniers vont larguer des capsules numérotées correspondant à une arme, qui vont voltiger lentement à l'écran et que vous aurez à récupérer, ou pas, selon que l'arme en question vous intéresse, ou pas. Il existe 8 types d'armes différentes plus ou moins efficaces possédant chacune 6 niveaux de puissance. La puissance de votre armement augmente au fur et à mesure que vous récoltez des capsules correspondantes. La plupart des armes ont également deux variantes de fonctionnement, entre lesquelles vous pouvez switcher à tout moment via la gâchette R de la manette, ce qui fait au total bon nombre de possibilités. Le bouton select quant à lui permet de modifier la vitesse du vaisseau. Outre des armes, les adversaires peuvent également larguer ce qui ressemble à des œufs jaunes ou verts, et qui est en réalité sont un bonus de puissance pour l'arme dont vous êtes déjà équipé. Vous trouverez également de puissantes bombes que vous pourrez ensuite utiliser en cas de difficulté afin de nettoyer l'écran de tout opposant. De tels moyens ne seront pas superflus car le challenge est plutôt corsé, même si le niveau de difficulté est configurable dans les options.
Le nombre de niveaux dans Super Aleste s'élève à 12, ce qui est très honorable pour un jeu de ce genre. Trois niveaux sont en réalité des niveaux bonus qui s'intercalent dans le jeu pour faire du score et améliorer l'armement de notre vaisseau. Les environnements traversés sont variés et vous aurez tout loisir de survoler une planète verdoyante, une base spatiale, ou encore de vous faufiler dans une grotte quelque peu labyrinthique ou entre les tirs d'un énorme vaisseau… Les plaisirs sont donc variés ! Lorsque vous vous faites toucher, vous n'explosez pas tout de suite, votre arme perd un niveau de puissance. Comme le jeu a la mémoire des capsules que vous avez amassées, vous retrouverez le niveau de puissance 6 plus rapidement si vous avez récolté de nombreuses capsules lorsque vous aviez déjà la puissance maximale. Vous perdrez par contre une vie et devrez recommencer le stage si vous vous faites toucher lorsque votre équipement est au niveau 0 ou 1.
Ce Super Aleste est incontestablement une réussite aussi bien sur le plan technique que sur le plan du gameplay. A tel point qu'il est difficile de lui trouver des lacunes ! On peut toujours avancer que la profusion de sprites et d'effets spéciaux peut rendre l'action un peu confuse à certains moments. On peut également dire que le jeu aurait pu bénéficier de graphismes encore plus détaillés, mais tout cela relève du pinaillage. Les amateurs de shoot'em up ont enfin trouvé en ce titre leur maître sur Super NES !
- Graphismes18/20
Les graphismes sont plus que corrects mais ce sont surtout les effets spéciaux et l’animation de l’ensemble qui forcent le respect. Le jeu est nerveux, il se passe beaucoup de choses à l’écran et pas un seul ralentissement ne vient ternir le tableau.
- Jouabilité16/20
Le vaisseau est réactif et se prend en main rapidement. Le déroulement du jeu est classique mais efficace. Reste que le nombre parfois impressionnant de sprites à l’écran et le déluge d’effets spéciaux sur les décors de fond peuvent rendre l’action un peu confuse par moments.
- Durée de vie15/20
Le jeu propose 12 niveaux dont 3 bonus et la difficulté est configurable, chacun pourra donc y trouver un challenge à sa mesure. Un débutant peut cependant déjà trouver relativement ardu le niveau de difficulté le plus facile.
- Bande son16/20
L’environnement sonore est de fort bonne facture. Les musiques sont dynamiques et agréables, les bruitages sont réussis sans être envahissants.
- Scénario/
Comme d’habitude, votre peuple est menacé par de vilains aliens qu’il va falloir zigouiller. C’est le scénario typique de tout shoot’em up qui se respecte.
Super Aleste est une réussite à tous points de vue. Même s’il reste un jeu assez méconnu du grand public, son action soutenue et sa réalisation impressionnante en font incontestablement le shoot’em up favori des amateurs du genre sur SNES.