« Et s’il allait marquer, et s’il allait marquer, et s’il allait marquer… » Ici votre consultant préféré en direct du stade. C´est l´heure du plus grand tournoi jamais organisé. La foule en délire retient son souffle. Les meilleures équipes du monde sont sur le point de croiser le fer. La pelouse est impeccable, la météo clémente, des conditions idéales pour jouer au football. L’arbitre donne le coup d’envoi de la rencontre dans une ambiance surchauffée.
Premier jeu de foot de la Super Nintendo lors de sa sortie dans nos salons en 1992, Super Soccer profite alors du choix très limité de titres sur la console pour se faire une place dans la ludothèque de nombreux gamers de l'époque. Développé par Humain Entertainment, il est en effet proposé parmi les 5 premiers jeux de la Super NES, au même titre que Super Tennis, F-Zero et Super R-Type. On se souvient au passage que Super Mario World était directement vendu avec la console.
Le joueur prend directement part à une compétition internationale fictive. Pas de Coupe du Monde ici, mais un tournoi qui consiste à affronter toutes les équipes du jeu, de la plus faible à plus forte. Parmi les 16 sélections disponibles, on devra ainsi éliminer entre autres la Belgique, la France et l'Angleterre en passant par le Cameroun et la Colombie pour se hisser en finale jusqu'à l'Allemagne de Rudi Voller. C'est malheureusement l'unique mode de jeu proposé, hormis les matchs d'exhibition et les séances de tirs au but. Pas de licence de compétition donc, et pas de licence de joueurs non plus, qui ne sont identifiés que par un prénom. Cependant, certaines équipes recèlent dans leur effectif des joueurs vedettes, qui ne sont pas sans rappeler les stars de la Coupe du Monde 1990. Ainsi, ne vous étonnez pas de retrouver Lotar et Rudi en Allemagne ainsi que Diego en Argentine, qui correspondent respectivement à Lothar Matthaus, Rudi Voller et Diego Maradona.
Cependant, ces joueurs vedettes ne peuvent être reconnus que par leur talent sur le terrain, car tous les membres d'une même équipe sont modélisés de la même façon. L'équipe de France, par exemple, possède uniquement des joueurs blonds, tandis qu'en Angleterre ils sont tous roux. L'ensemble est particulièrement bigarré : chaque équipe possède ses propres couleurs et le public est animé lors de la célébration des buts. On ne voit pas les yeux des joueurs, mais ça n'enlève rien au côté chatoyant du design très réussi. Certes ce n'est pas parfait techniquement, mais on ressent une signature graphique unique qui a le mérite d'exister et qui peut plaire comme déplaire. Cette ambiance est complétée par une bande-son très fournie, chaque équipe disposant d'un thème qui lui est propre et les deux musiques sont jouées au cours du match, une par mi-temps.
On retrouve bien évidement les bases du jeu de foot : 22 joueurs qui se disputent joyeusement pour expédier le ballon dans les filets adverses afin de remporter la coupe. De nombreuses formations sont disponibles, du 4-4-2 classique au plus audacieux 2-3-5. Ici, pas de feinte de corps, de crochet, ni même de sombrero ou de roulette, le gameplay est simplifié à l'extrême. Deux boutons sont dédiés aux passes : l'un incite le joueur à envoyer la balle devant lui, l'autre plus subtil le pousse à donner le ballon à un autre joueur sélectionnable grâce à une autre touche, ce qui permet des passes rapides et précises infaisables autrement, capables de créer le décalage. Le bouton de tir est confondu avec celui des centres, le footballeur lève son ballon, et il est possible de le brosser grâce à la croix directionnelle, selon les qualités du joueur. En défense, il existe un bouton de tacle classique mais évitable, et l'autre pour un coup d'épaule violent, qui garantit de récupérer la balle mais qui peut être sanctionné par l'arbitre. A n'utiliser que lorsqu'il y a danger. Trois statistiques par joueur sont présentes. Attaque, qui influe justement sur la puissance de tir et le niveau de courbe pour réaliser des frappes plus ou moins enveloppées. Défense, qui agit sur la réussite des tacles et de la récupération du ballon. Vitesse, qui détermine si votre joueur se rapproche plus d'un Usain Bolt en grande forme ou d'un certain Franklin la tortue.
Lorsque l'on dispute quelques parties, on se rend compte que la vitesse est la caractéristique la plus importante, car elle permet à votre joueur de prendre de court les défenseurs adverses et de multiplier les face à face avec le portier. A noter que le gardien est jouable en auto ou en manuel, et vers la fin du tournoi il devient impératif de prendre le contrôle car l'IA ne réagit pas assez vite sur les tirs. Cela peut poser des soucis si vous jouez avec un libéro, car le gardien bougera si vous bougez le libéro dans votre surface, ce qui peut entraîner des situations cocasses dans lesquelles votre défense se retrouve crucifiée.
Ainsi, chaque équipe possède en général une vedette aux stats revues à la hausse. Placée généralement en numéro 7, au milieu, cette star en fait voir de toutes les couleurs, à la fois capable de revenir défendre et de participer à l'attaque. Plus on avance dans le tournoi, plus les équipes rencontrées sont fortes. En battant l'Allemagne en finale, cela débloque une cinématique remplie d'humour dans laquelle l'arbitre corrompu, aucun honneur et aucune dignité, vole la coupe ardemment gagnée, et met le joueur au défi de battre sa propre formation, la Team Nintendo. Rempli de frustration, il faudra s'armer de courage pour défaire cette sélection des meilleurs joueurs du jeu et ainsi déverrouiller la possibilité de jouer en mode Hard.
Au final, Super Soccer se révèle être un bon jeu de foot, une bonne dose d'humour et de fun, saupoudrée d'un challenge tactique intéressant au fur et à mesure que la difficulté augmente. Il est bien sûr possible de jouer à plusieurs, et même de relever le challenge du grand tournoi à deux dans la même équipe. Ce tournoi dure 16 matchs de 10 minutes sans compter les nombreux arrêts de jeu, la durée est donc correcte si vous voulez le gagner avec chaque équipe. Toutefois, on regrette le faible nombre d'équipes, 16 c'est trop peu, comparé à la pléiade d'équipes dans des jeux comme Sensible Soccer ou European Club Soccer. L'unique mode de jeu disponible est aussi un défaut du soft. Cependant, Super Soccer a marqué de son empreinte l'univers vidéoludique du football, notamment grâce à son style coloré et son ambiance sonore inimitable.
- Graphismes14/20
Coloré, vivant et chatoyant, l’aspect graphique du soft est assez unique, ce qui tend à renforcer les sensations durant les parties. Les mini-cinématiques bourrées d’humour y participent également.
- Jouabilité17/20
Fluide et fun, le fond de jeu à produire devient de plus en plus exigeant après quelques matchs faciles contre les équipes les plus faibles. Les commandes sont rapides à prendre en main, mais seuls les plus persévérants parviendront à soulever le trophée final.
- Durée de vie14/20
Finir la coupe en battant les 15 autres équipes puis en découvrant la dernière surprise présente un certain challenge, mais c’est malheureusement le seul mode de jeu disponible outre les matchs amicaux. Il est néanmoins possible de débloquer le mode Expert, et le potentiel de rejouabilité est intéressant pour les amateurs de challenge, bon courage par exemple pour vaincre l’équipe Nintendo avec la Belgique.
- Bande son15/20
Les petites animations sonores donnent véritablement vie au match et sont parfois hilarantes, comme celle du but contre son camp. Chaque équipe possède une musique unique qui est jouée au cours des matchs, en respectant le style et la culture du pays concerné.
- Scénario/
Malgré quelques défauts dont une durée de vie assez limitée, Super Soccer offre la possibilité de passer un agréable moment devant sa console. Sorti avec la Super Nintendo, il a marqué toute une génération de joueurs et est encore capable, grâce à son style unique et son ambiance inimitable, de faire rêver certains joueurs même aujourd’hui. A essayer par tous les aficionados du genre.