En 1991, soucieux de se doter d’une mascotte pouvant rivaliser avec le plombier fétiche de Nintendo, Sega crée ce qui deviendra l’un des personnages les plus connus et les plus appréciés du monde vidéoludique. Passé de prototype à véritable chef-d’œuvre, vendu à plusieurs millions d’exemplaires, Sonic The Hedgehog a plus que rempli sa tâche de promotion de la Megadrive de Sega. Retour sur les origines d’un mythe…
Tout commence à South Island où Sonic et les nombreux animaux peuplant l'île mènent une vie paisible. Alors que rien ne semble pouvoir ébranler ce petit paradis sur terre, l'infâme docteur Robotnik, savant aux intentions perfides, capture les animaux afin de les transformer en robots maléfiques et obéissants. Seule une personne peut dès lors stopper ce plan machiavélique : Sonic le hérisson.
Si le scénario n'a jamais été le point fort des jeux estampillés Sonic, il est largement suffisant pour nous entraîner au travers de 6 zones chacune divisée en 3 actes pour un total de 18 niveaux et 6 boss. Mais le succès du hérisson bleu est avant tout dû à sa légendaire vitesse et à la formidable envergure des environnements, permises par une découverte technique accélérant la vitesse de défilement de l'écran. Oui, Sonic, c'est avant tout le plaisir de parcourir à grande vitesse monts et vallées, de sauter et parcourir des dizaines de mètres dans les airs, et ce, à la barbe et au nez d'ennemis semblant presque statiques face à vos exploits. Jouer à un tel jeu procure un sentiment de liberté, à l'époque, novateur et aujourd'hui encore, rafraîchissant.
Cependant, avant de pouvoir pleinement jouir des capacités du hérisson, il vous faudra vous habituer à son maniement… En effet, alors qu'un seul bouton de la manette est utilisé, le gameplay est bien plus profond qu'il ne semble de prime abord. Les déplacements de Sonic, contrôlables par des pressions plus ou moins maintenues de la croix multidirectionnelle et du bouton de saut, sont également soumis aux lois de la physique ! Ainsi, les pentes accéléreront ou diminueront la vitesse du personnage en fonction de leur inclinaison et ces dernières modifieront également la trajectoire de ses sauts. Il vous arrivera de vouloir sauter à pleine vitesse depuis une côte pour finalement ne réussir à avancer que de quelques centimètres, en plein dans l'obstacle à éviter… Et vous pouvez compter sur le level design pour exploiter au mieux les possibilités offertes par un tel gameplay, les célèbres bumpers, boucles et half-pipes vous accompagneront tout le long du jeu dans des chorégraphies aussi plaisantes à jouer que belles à regarder.
Mais Sonic reste un jeu de plates-formes et si le premier niveau est une promenade de santé, les suivants regorgent de passages difficiles, plus ou moins tordus. Mélangeant phases de plates-formes et zones à grande vitesse, la structure des niveaux ne vous laissera pas le temps de vous lasser. Traverser des flots de lave sur un radeau de fortune et combattre des piranhas-robots dans une cité engloutie n'est, en effet, pas de tout repos. Et parlons-en, de ces passages sous l'eau, dont le compte à rebours à l'approche de la noyade provoque toujours des sueurs froides à toute une génération de joueurs. En effet, Sonic ne peut retenir sa respiration que durant un temps limité et vous aurez à traverser de longs passages en apnée avec pour seule source d'oxygène des bulles d'air qui s'échappent ici et là. Lors de ces phases, les mouvements du hérisson sont ralentis et la présence de toutes sortes d'obstacles destinés à freiner votre progression n'a pas fini de jouer avec vos nerfs.
Mais le Dr Robotnik a bien d'autres moyens de vous empêcher de mener à bien votre quête. Ses robots sont présents partout, volant, nageant, ou se protégeant à l'aide de picots… Chaque niveau possède son propre lot d'adversaires à affronter, au design et au comportement différents. Afin de les détruire, Sonic devra s'aider de ses dons de hérisson : ses piquants aiguisés ! Lors de ses sauts, l'animal se mettra automatiquement en position d'attaque, mais il est également possible de rouler à même le sol par une simple pression du bouton bas du pad directionnel en pleine course. Et si cette position est très pratique pour détruire les ennemis et même certains murs, elle s'avère aussi moins évidente à contrôler à cause de sa forte inertie, laissant aux pentes le soin de vous mener à peu près n'importe où… Mais un Sonic ne serait pas un Sonic sans ses boss tous plus farfelus les uns que les autres. A la fin de chaque zone, vous aurez, en effet, à affronter le Dr Robotnik, armé de l'une de ses dernières « inventions »… Pourquoi utiliser des guillemets, me demanderez-vous ? Eh bien, simplement parce que tenter d'écraser un hérisson avec un boulet géant ou de lui catapulter des projectiles ne semble pas vraiment digne d'un génie au soi-disant Q.I. de 300 ! Mais ces boss, en plus d'être amusants dans leur forme sont également plaisants à combattre, une analyse de leurs mouvements étant souvent indispensable avant de pouvoir correctement appréhender les phases d'esquive et d'attaque.
Côté graphismes, les décors sont remplis d'éléments animés, les fleurs bougeant au gré du vent, les lumières clignotantes ou les vagues à la surface de l'eau ne sont que des exemples du soin apporté aux détails. On peut également noter la présence d'un nombre impressionnant de plans constituant le décor qui, en défilant à des vitesses différentes, créent une impression de profondeur très convaincante à l'époque. Les six zones constituant le jeu abordent des thèmes divers et variés. On se voit parcourir l'univers de Sonic, de vertes collines jusqu'à une cité antique ravagée par des coulées de lave avant d'être propulsé dans les usines de l'horrible Dr Robotnik. Le tout est coloré, vaste, sans la moindre baisse de framerate et ce, malgré le nombre important d'éléments affichés à l'écran. Sonic est également bien animé, les différentes étapes de sa course étant différemment modélisées en fonction de sa vitesse ou de l'inclinaison du sol.
Un point fort récurrent de la série est son ambiance sonore. Souvent composée par de véritables groupes musicaux, la bande-son de ce premier opus est assurée par le groupe de pop-rock japonais Dream Come True. Chaque niveau est accompagné de sa propre musique, toutes collant parfaitement au style d'environnement concerné. Vous pourrez ainsi vous évader dans le ciel étoilé de Star Light Zone ou encore remuer la tête au rythme de Marble Zone. Les bruitages, sans être exceptionnels, se sont néanmoins imposés comme des standards, et aujourd'hui encore, le ramassage d'anneaux ou les sauts de Sonic sont accompagnés des mêmes sons qu'à l'époque.
- Graphismes18/20
Plus tard dépassés par ses propres suites, les graphismes de ce premier opus sont variés et colorés. Mais c’est avant tout la taille des environnements et la vitesse de défilement, véritables prouesses techniques, qui sont à l’origine du succès de la série.
- Jouabilité19/20
Le système d’accélération/décélération propre aux épisodes Megadrive de la série est parfaitement exploité. Ici, il n’est nullement question d’enfoncer la touche droite du pad multidirectionnel jusqu’à l’arrivée. La jouabilité, simple, prend tout son intérêt grâce à la structure des niveaux, extrêmement bien pensée.
- Durée de vie14/20
18 niveaux, ça peut sembler court, mais le level design donne au joueur le choix du chemin à emprunter et les nombreux croisements les reliant permettent d’innombrables combinaisons. Vous n’aurez jamais l’impression de faire deux fois un niveau de la même façon. Rajoutez à cela la présence de niveaux bonus déblocables en terminant les niveaux en possession de plus de 50 anneaux et vous obtenez un jeu à très grande rejouabilité. Vous n’êtes pas près de vous lasser !
- Bande son18/20
L’ensemble des thèmes composant la bande-son du jeu est mémorable. Parfois rythmés, parfois mélodiques, vous vous surprendrez à les fredonner en quelques parties seulement. Contrairement à Nintendo, Sega n’a que rarement réutilisé ses musiques les plus connues, leurs droits revenant aux organismes musicaux les ayant composés…
- Scénario/
Le semblant de scénario motivant l’aventure de Sonic n’est explicité que dans son manuel, il est totalement absent du jeu.
Tout simplement révolutionnaire à sa sortie, le jeu n’a pas pris une ride et est toujours aussi agréable à jouer. Servi par un gameplay millimétré et un level design approprié, ce Sonic a placé la barre très haut et ne sera égalé que par les autres épisodes de la série sortis sur Megadrive. Monument du jeu video, il semble indispensable d’y jouer, ne serait-ce que par égard envers votre culture générale !