Malgré la disparition du pilote écossais il y a bientôt deux ans, Codemasters continue à exploiter la licence Colin McRae. Une licence qui poursuit sa mutation qui la voit abandonner progressivement le WRC pour se tourner vers le tout-terrain et les courses extrêmes. Plus que jamais, DiRT est un titre pluridisciplinaire, que ça plaise ou non !
DiRT 2 fait la promotion du rallye tel qu'il est un peu partout dans le monde, à savoir une alternative au WRC, totalement différente dans son approche. En effet, s'il demeure quelques restes de ces courses à scratchs dans le titre de Codemasters, le profil de son jeu de rallye s'éloigne considérablement de la rigueur et du sérieux d'une telle discipline. Plus "underground", plus extrême, mais aussi beaucoup plus varié et forcément moins élitiste qu'un jeu de rallye tel que les vieux l'entendent, DiRT 2 se veut encore plus dépaysant que son aîné. Pourtant, ce dernier avait déjà marqué une franche cassure avec le glorieux passé de la série Colin McRae en s'ouvrant au Off-Road et à des compétitions où s'invitent buggies, camions et autres 4X4. Une sorte de transition pour préparer les joueurs à la métamorphose du jeu de rallye et à l'enterrement progressif de ses amours de jeunesse. Vous êtes prévenu, ce n'est pas dans DiRT 2 que vous croiserez la route de Sébastien Loeb ou de sa C4 WRC. Les stars du jeu se nomment plutôt Ken Block, Travis Pastrana ou Dave Mirra. Des noms peut être un peu moins parlants pour les joueurs européens.
Après avoir payé l'interface 3D du jeu par l'enchaînement de temps de chargement longuets, le joueur se voit immédiatement propulsé dans la peau d'un pilote dont l'essentiel du boulot consiste à se faire une réputation en gagnant toutes les courses qu'on lui propose. Le système de progression est on ne peut plus basique, au fil des victoires, vous accumulez des points d'expérience calculés en fonction de vos performances en courses. Ceux-ci vous permettent alors de voir votre niveau général augmenter et vous donnent ainsi accès à de nouveaux territoires, de nouvelles courses et de nouvelles compétitions, partout dans le monde. Si le nombre d'épreuves est considérable (on en compte une centaine), la durée de vie n'est pas forcément inouïe dans la mesure où les courses adoptent un format généralement assez court. Du coup, pas le temps de s'ennuyer, les développeurs ont opté pour des événements uniques qu'il est aisé de recommencer à souhait. Seuls les X-Games et quelques autres exceptions se calquent sur une logique de championnat. En bref, tout est fait pour que ça envoie et éviter tout ennui. Mission réussie puisqu'une fois lancé, le joueur peine à lâcher le pad, obsédé par l'idée de débloquer tout ce qui peut l'être : courses uniques, compétitions continentales, voitures, peintures, et même accessoires d'intérieur à placer sous le rétroviseur ou klaxons originaux pour se détendre un peu...
Dépaysant, DiRT 2 l'est au possible. C'est évidemment l'une des grandes forces de ce titre, imaginé pour trimballer le joueur aux quatre coins du monde (du Japon au Mexique, en passant par la Malaisie ou le Maroc...). Mais le voyage n'est pas que touristique, il se concrétise par la présence de nombreuses surfaces (gravier, terre, boue, bitume...) et surtout, par un gameplay changeant considérablement en fonction du véhicule. Il est évident que les sept catégories de voitures (Rallye, Rallye Cross, Bolide, BAJA Série, Raid T1, Trophy Trucks et Buggies Class 1) abritent toutes des montures aux caractéristiques incomparables. Vous switchez donc fréquemment d'une Lancer à une 350Z puis d'une Z4 à un Hummer ou encore d'un Silverado à un Buggy. La difficulté consiste alors à dompter les caprices de ces caisses en sachant que vous ne devriez pas utiliser le même modèle plus de quatre ou cinq courses d'affilée. Pour les moins réactifs, il est possible de passer par la case course libre ou contre-la-montre, histoire de faire corps avec la voiture et d'éviter tout carton dès les premiers hectomètres de course. Cela dit, s'il est assez exigeant, DiRT 2 n'en reste pas moins un titre fun avant tout, loin d'être une simulation, pas complètement arcade non plus. Au final, on s'habitue très vite à cette exhaustivité, d'autant que dans leurs grandes lignes, les mécanismes restent inchangés d'une discipline à l'autre.
Le gameplay se veut donc assez accessible mais regorge de petites difficultés qui font qu'il ne s'agit absolument pas d'un Sega Rally-like ou d'un jeu de bourrins. Au contraire, l'approche doit être assez subtile afin d'éviter les sous-virages et autres tête-à-queue, provoqués par une trop forte propension à appuyer sur l'accélérateur. Le profil de courses comprend d'ailleurs de nombreux pièges qui constituent une difficulté bien plus remarquable que le niveau de l'IA, plutôt moyen, alors qu'il impressionne par sa variété et son comportement quasi humain. La physique assez poussée des véhicules oblige le joueur à être attentif au moindre dénivelé, à la moindre bosse, à chaque pierre mal placée. Un saut négocié de travers ou une petite touchette sur les cailloux du bord de route suffit à provoquer un carton sans nom. Dans le meilleur des cas, vous réussirez à récupérer la voiture pour la repositionner dans l'axe de la piste mais bien souvent, cela sera mission impossible. Peut-être certains véhicules semblent d'ailleurs encore un peu légers par rapport à leur gabarit, les développeurs ayant un poil exagéré sur l'impact d'une réception imparfaite, notamment en truck. Cela dit, le tout est nettement plus crédible que dans DiRT premier du nom et la gestion des collisions, si elle n'est pas révolutionnaire, est plutôt bien fichue, même lorsqu'il s'agit d'un contact entre deux concurrents. Jouer des coudes n'est à ce sujet que rarement la bonne solution bien que l'on constate qu'il est très facile d'enchaîner les queues de poisson sur ses adversaires. Pas très fair-play !
Pour parer à toute frustration due à ces accidents autant liés à un manque de concentration qu'à une faible connaissance d'un tracé, Codemasters a porté le flash-back de Race Driver : GRID dans DiRT 2. Si cela a pour effet immédiat de nuire un peu au réalisme, force est de constater qu'on ne peut tourner le dos à une telle fonctionnalité au vu des nombreux risques de crashs que comportent la plupart des courses. Pour rappel, le flash-back permet au joueur qui vient de se planter tel une moule syphilitique de remonter le temps quelques secondes avant son accident pour reprendre depuis l'instant qu'il choisit alors lui-même. En fonction du niveau de difficulté sélectionné avant la course, il lui sera possible d'utiliser cette option de une à cinq fois et même carrément de s'en passer si la difficulté est réglée sur "hardcore". Précisons d'ailleurs que corser la difficulté permet également de booster le montant du chèque en cas de victoire, ce qui est la meilleure façon de se constituer le compte en banque d'une vraie star du rallye. Toujours dans l'optique hardcore, notez qu'il est possible de choisir de régler sa voiture avant chaque épreuve ou de laisser cette étape de côté. Toutefois, au vu de son profil, DiRT 2 n'est pas vraiment un titre qui se prête à une pratique assidue et sérieuse de la mécanique de performance. Comprenez que vous pourrez finir le jeu aisément sans jamais aller faire un tour du côté de cette interface.
En termes de multijoueur, Colin McRae DiRT 2 fait malheureusement l'impasse sur le multi en écran splitté, comme l'avait fait son prédécesseur il y a deux ans. Il faut donc se contenter du Online et du réseau local pour jouer jusqu'à huit furieux simultanément. Le jeu en ligne compte deux types de courses. Le Pro Tour tout d'abord qui propose des parties avec classement basé sur le même principe d'expérience et de réputation que le DiRT Tour en solo. Il est alors possible de gagner des places de deux manières différentes dans la hiérarchie : soit en remportant des épreuves en solo, face à sept autres joueurs, soit en faisant équipe avec un, deux ou trois autres humains. L'autre type de course en ligne n'est autre que le JAM Session, une sorte d'entraînement puisque les parties sont non classées, toujours à huit en simultané. Globalement, le Online suit la même logique que le solo puisqu'on trouve également un paquet de missions à réaliser, des stats complètes sur la progression ainsi que la liste des succès et trophées débloqués. Sachez aussi qu'il est possible d'ajouter des amis à votre guise et d'être informé de leur progression en ligne ou d'accéder à une interface communautaire dans laquelle sont renseignées des news sur le Mag EXPN ou les tournois en cours. Enfin, DiRT 2 devrait être gavé de contenus téléchargeables dans les mois qui viennent, sans doute sous la forme de nouveaux bolides, notamment.
Testé avec une manette Xbox 360.
- Graphismes17/20
L'EGO Engine, la version évoluée du moteur NEON a tenu toutes ses promesses puisque DiRT 2 est visuellement plus que séduisant. Proposant une fluidité admirable, il impressionne également par une physique détonante et une multitude de petits détails qui interpellent forcément. On pense notamment aux projections de l'eau sur le pare-brise qui laissent bouche bée ou à la modélisation des dégâts extrêmement poussée. Doté d'un habillage hyper soigné, DiRT 2 joue également beaucoup avec les couleurs et les effets d'ombre et de lumière, d'une rare finesse.
- Jouabilité16/20
DiRT 2 n'est ni une simulation, ni un jeu arcade puisque les développeurs ont visiblement cherché à obtenir un compromis entre ces deux orientations. Le juste milieu est parfaitement trouvé puisque le jeu de rallye se montre très exigeant tout en étant tout à fait jouable, et ce, quelle que soit la vue sélectionnée. On regrette cependant de ne pas ressentir davantage le poids de certains gros gabarits ou la rigidité de la direction qui peut donner l'impression que la voiture tourne autour d'un axe.
- Durée de vie15/20
Bourré d'éléments à débloquer, de missions annexes et de succès/trophées, DiRT 2 est un titre très complet, d'autant qu'il propose de base plus de cent courses. Toutefois, celles-ci sont relativement courtes et s'enchaînent à toute allure, ce qui découle sur un temps de jeu moins phénoménal que prévu. Quoi qu'il en soit, il demeurera toujours un multijoueur lui aussi très riche bien qu'il fasse l'impasse sur le split-screen. On attend d'ailleurs les premières annonces de contenus téléchargeables.
- Bande son15/20
Musiques, moteurs, bruitages, doublages, tout est fait pour immerger le joueur dans le rallye extrême. Constamment accompagné par quelques petits encouragements d'autres pilotes, durant les courses ou sur son stand perso, le joueur appréciera la qualité du doublage au rendez-vous. Seul petit bémol, si le copilote peut être réglé sur une voix masculine ou féminine, ses indications peinent par moments à suivre le tempo, que ce soit par lenteur ou précipitation.
- Scénario/
Colin McRae : DiRT 2 tire un grand bénéfice des deux années de développement qui lui ont été consacrées. Techniquement en avance sur la concurrence, il sait imposer son éclectisme avec efficacité et s'avère être un digne successeur du premier volet. Celui qui pourrait être simplement baptisé DiRT 2 tant il tranche avec la série Colin McRae s'impose donc comme le jeu de rallye le plus complet du marché. A n'en pas douter, les amateurs de tout-terrain doivent lui accorder toute leur attention.