Il y a bien, dans votre entourage, quelqu'un que vous n'aimez pas, et à qui vous aimeriez le faire comprendre une bonne fois pour toutes. A l'approche des fêtes de Noël, où la prodigalité est de circonstance, le geste est tout trouvé : offrez-lui Pékin Express : La Route des Dragons sur Wii.
Leader incontesté des adaptations de jeux télévisés, qui abondent en cette fin d'année, Mindscape nous propose une version Wii de Pékin Express, quelques mois après une mouture DS de sinistre mémoire. Et là, c'est un peu la stupeur : on pensait sincèrement que Pékin Express sur Wii ne pouvait pas être plus mauvais que sur DS, et on se trompait. On se demande pourquoi le studio français Yullaby est allé se complaire dans cet ersatz de Micro Machines complètement raté. On se doute bien qu'il s'agit d'un jeu de commande, que l'amour-propre ne fait pas manger, mais on attendait tout de même autre chose des développeurs du sympathique Magnetis.
Pékin Express : La Route des Dragons ne fera même pas illusion aux yeux des inconditionnels de l'émission. Car hormis la présence de Stéphane Rottenberg, de onze duos de candidats ainsi que du jingle et du logo officiels, le jeu n'a pas grand-chose à voir avec le programme dont il est tiré : il ne fait jamais appel à votre sens de l'économie, de la débrouillardise, de la communication ou de l'orientation mais déroule par contre jusqu'à l'écœurement son gameplay minimaliste et trop souvent hors de propos. La progression est découpée en dix étapes symbolisant le périple des candidats à travers l'Asie du Sud-Est. Chaque étape se divise elle-même en trois phases : une course, une épreuve d'immunité, puis à nouveau une course. Remporter l'immunité vous permet de ne pas être éliminé dans le cas où vous arriveriez dernier de la seconde phase de course de l'étape. Vous l'aurez compris : les épreuves de course sont au centre du jeu. Routières ou offshore (si si, et ne me demandez surtout pas pourquoi), elles vous opposent aux autres participants, contrôlés par l'IA ou par vos amis si vous jouez à plusieurs, dans des circuits vus de dessus comme dans un Micro Machines. Après avoir sélectionné aléatoirement votre véhicule ou votre bateau grâce à une roulette (censée symboliser les séquences d'auto-stop), il ne vous reste plus qu'à mettre les gaz en tenant votre Wiimote horizontalement.
Et là, c'est le drame ! Le rendu visuel atroce renvoie tout droit au Commodore 64 (et ne me dites pas que j'exagère : Supercars et Skidmarks sur Amiga étaient plus jolis). Le style graphique minimaliste, mâtiné de cel shading mais dénué de toute aspiration artistique, ne fait que renforcer la laideur des décors, vagues amoncellements de polygones affublés de couleurs criardes. La jouabilité ne s'en sort pas mieux. La physique donne l'impression de contrôler une boîte en carton. Que vous évoluiez sur une route, un trottoir, un banc de sable ou une rivière, la conduite reste identique, et vous pouvez même traverser certains obstacles, rouler sur les arbres ou encore sur vos concurrents. Pour ne rien arranger, le gameplay est profondément ennuyeux. Les courses sont d'une mollesse sans égale, et ce n'est pas la présence des inévitables bonus qui y changera quelque chose. C'est peut-être mieux en multi ? Pas vraiment : comme le split screen n'est pas au programme, chaque joueur distancé réapparaît automatiquement au milieu de ses collègues, sans autre pénalité que la perte de quelques pièces. L'objectif n'est plus de se classer au mieux, mais de collecter le plus de pièces possible. Autant dire que les courses à plusieurs sont sans intérêt. Restent les mini-jeux d'immunité : mal réalisés, confus et souvent peu jouables, ils ne dégagent aucun fun. Bref, rien n'est à sauver dans ce qui restera comme l'un des plus beaux nanars vidéoludiques de l'année 2009.
- Graphismes2/20
Encore plus laid que son homologue DS, Pékin Express sur Wii est une agression visuelle permanente.
- Jouabilité3/20
Pékin Express : La Route des Dragons propose des courses molles, surréalistes et archi-répétitives, entrecoupées de mini-jeux qui ne dégagent aucun fun.
- Durée de vie3/20
Les différents modes de jeu inclus ne font que réchauffer le même contenu rachitique. Quant à l'option multijoueur, elle ne présente strictement aucun intérêt.
- Bande son9/20
Les thèmes musicaux sont assez entraînants et les adeptes de l'émission apprécieront d'entendre les jingles officiels et la voix de Stéphane Rottenberg. Les bruitages sont par contre d'une grande médiocrité.
- Scénario/
On pensait sincèrement, en notre âme et conscience, que Pékin Express sur DS avait touché le fond et qu'on pourrait difficilement faire pire. C'était sans compter sur son homologue Wii, qui descend encore plus profondément dans les entrailles de la médiocrité. Ou quand jeu vidéo rime avec spéléo...