Un an après le succès commercial du premier Koh-Lanta, Mindscape nous invite à nouveau à jouer les Robinson volontaires au bout du monde. Etait-ce bien nécessaire ?
Koh-Lanta, ses naufragés souriants, ses décors exotiques soigneusement sélectionnés, son Denis Brogniart bien bronzé... Koh-Lanta, cette aventure sans risque filmée 24 heures sur 24 par des équipes de télévision avides d'images fortes censées donner des frissons à la ménagère de moins de 50 ans... Koh-Lanta, reflet impitoyable d'une société plus préoccupée de jouer à se faire peur dans quelque pays du tiers-monde plutôt que de se lancer dans des causes qui en valent la peine... Si nous avons tous un jour été plus ou moins fascinés par l'émission, il y aurait certainement beaucoup à dire sur ce qu'elle nous révèle sur notre civilisation dite développée. Cependant, nous ne sommes pas là pour philosopher ni encore pour rendre hommage à l'immense Claude Lévi-Strauss, lequel a toujours su mieux que quiconque porter un regard lucide sur ses contemporains, mais bien pour voir ensemble ce que cette seconde adaptation de Koh-Lanta a dans le ventre.
Inutile d'y aller par quatre chemins : Survie dans la Jungle flirte tout simplement avec la nullité absolue. N'introduisant pratiquement aucune nouveauté par rapport au précédent opus, le soft s'avère calamiteux dès les premières minutes de jeu. Graphismes préhistoriques, gameplay soporifique, intelligence artificielle ridicule... il semble cumuler à lui seul tous les défauts d'un titre programmé avec les pieds sur une seule cartouche. Alors bien entendu, il est toujours question de survivre dans des environnements naturels hostiles tout en ménageant les susceptibilités de nos coéquipiers. Comme dans la version DS antérieure, on retrouve évidemment les règles, la musique et les commentaires de l'animateur officiels du célèbre programme de TF1 mais il faudrait vraiment faire preuve d'une mauvaises foi à toute épreuve pour oser prétendre que Survie dans la Jungle n'en restitue ne serait-ce que le quart de l'aspect sportif ou de la dimension stratégique.
Tout d'abord, les phases d'exploration libres nous permettant de gambader sur l'île en quête de nourriture et de matériaux de base sont longues et affreusement répétitives. Ramasser des fruits, pêcher des poissons ou tailler des bambous, ça va bien un moment mais au bout de deux ou trois jours dans le jeu (qui prend en compte le cycle jour/nuit), on s'ennuie ferme. La raison en incombe principalement à l'indigence incroyable des nombreux mini-jeux qui nous obligent régulièrement à sortir notre stylet pour toucher bêtement l'écran ou frotter celui-ci comme un idiot. Ensuite, les relations entre les différents membres de notre équipe, si importantes pour définir une stratégie à long terme, n'ont ni queue ni tête. Ainsi, il est tout à fait possible de s'allier avec un personnage dont on ne sait rien tandis qu'un autre, avec lequel on a parlé à plusieurs reprises et auquel on a éventuellement rendu des services (traduisez à qui on a rapporté tel ou tel objet) refusera obstinément de se ranger de notre côté. Enfin, les épreuves de confort ou d'élimination font tellement peine à voir qu'elles ne donnent même pas envie de faire un effort pour s'en sortir. Tant et si bien qu'on n'a décidément qu'une seule envie au bout de 10 minutes de jeu, c'est de transformer la cartouche en cale-table et son boîtier en cendrier...
- Graphismes7/20
Les personnages ressemblent à des marionnettes en carton et les décors sont à hurler de rire. Seule l'ambiance exotique parvient à rattraper un tant soit peu l'ensemble.
- Jouabilité7/20
Si les règles de l'émission semblent respectées, l'exploration de l'île et la collecte des ressources sont extrêmement ennuyeuses. Les mini-jeux ne présentent pas le moindre intérêt et les interactions sociales sont très mal simulées.
- Durée de vie8/20
Il ne faut pas plus de deux ou trois jours dans le jeu pour commencer à s'ennuyer ferme. Si vous avez un ami que vous n'aimez pas, vous pouvez également le défier en multijoueur.
- Bande son12/20
Le contexte musical est fidèle à la version télévisée. Denis Brogniart formule parfois quelques commentaires tandis que les bruitages renforcent l'immersion.
- Scénario/
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Souffrant de graphismes hideux et d'un gameplay parfaitement inintéressant cette seconde version vidéoludique de Koh-Lanta sur DS fera dresser les cheveux sur la tête de tous les fans de l'émission. Pour le même prix, nous leur conseillons plutôt de s'offrir un week-end en camping, ils en garderont des souvenirs autrement plus forts.