En avril dernier, JoWooD annonçait un nouvel épisode de Painkiller, sous-titré Resurrection. De quoi émoustiller les fans du mythique FPS bourrin, qui n'avaient pas eu grand-chose à se mettre sous la dent depuis la sortie de l'original en 2004. Avec la promesse d'un mode coopératif en prime, le jeu avait de quoi cristalliser les attentes. Las, elles vont être déçues.
Nous aurions pourtant dû nous méfier. Un nom aurait pu nous mettre la puce à l'oreille : Homegrow Games, les Autrichiens responsables de Painkiller Resurrection. Or ce studio est déjà l'auteur du désastreux FPS lovecraftien Robert D. Anderson & the Legacy of Cthulhu. Un CV pareil, ça éveille forcément les soupçons. Mais il arrive parfois qu'un développeur ayant un lourd passif finisse par être touché par la grâce. Prenez Action Forms par exemple : capable de commettre l'affreux Vivisector en 2007, et le fort sympathique Cryostasis deux ans plus tard. Bref, même si le doute était permis quant à la qualité de Painkiller Resurection, il faut se garder des jugements hâtifs.
Pourtant, dès l'introduction, le manque de moyens saute aux yeux. Pas de cinématique, le semblant d'histoire est raconté par le biais de planches style comics. Pourquoi pas, si c'est fait avec talent comme dans les Max Payne. Mais en l'espèce, on se rapproche plus du résultat de Stranger, sans toutefois atteindre cette référence absolue de la laideur. Le pire est encore le doublage français du héros, absolument ridicule. Combinés, ces éléments visuels et sonores confèrent d'entrée au jeu un côté nanar, renforcé par l'indigence du scénario. Vous incarnez William "Wild Bill" Sherman, un tueur à la solde du gouvernement. Lors d'une mission, il piège la voiture de sa cible avec des explosifs. Mais au moment fatidique, un bus rempli de civils innocents passe malencontreusement par là. Voulant éviter le drame, notre assassin se précipite, mais trop tard : tout le monde meurt, lui compris. Voilà son âme aspirée par les profondeurs infernales, où elle va chercher sa rédemption...
Commence alors un pénible mais court voyage (5-6 heures) dans les entrailles de l'enfer. Le gameplay a bien quelques arguments à faire valoir, puisque c'est une copie exacte du Painkiller original : mêmes armes, mêmes ennemis (plus quelques nouveautés comme ces tentacules qui se transforment en créatures chthoniennes une fois détruites). Les déplacements sont toujours aussi rapides, l'arsenal procure toujours autant de plaisir... Malgré tout, ça ne fonctionne pas. Hormis quelques trop rares phases où l'on sent poindre un zeste de l'excitation d'antan, Painkiller Resurrection est la plupart du temps frustrant. L'échec du jeu tient essentiellement à son level design foireux, absolument pas adapté à l'action. Prenez la cathédrale du premier niveau, par exemple : son enchevêtrement de bancs empêche tout bonnement les ennemis d'avancer jusqu'à vous. Il faut voir ces monstres pathétiquement coincés dans le décor, tentant vainement de courir. Même chose dans une arène du second niveau que les développeurs ont eu la riche idée de parsemer de planches, rendant toute progression extrêmement pénible... Et on pourrait encore multiplier les exemples. Le joueur et ses ennemis sont en permanence empêtrés dans des collisions foireuses avec des rochers, des débris et autres, ce qui suffit à anéantir tout plaisir. Pire, les niveaux sont tellement mal agencés qu'il est possible de se perdre, errant dans des immensités sans savoir où aller. Arriver à se paumer dans un FPS bourrin, c'est tout de même un comble.
Le pompon est atteint avec le fameux mode coopératif, tant vanté lors de l'annonce du jeu. Aucune trace dudit mode dans le menu principal, pas plus dans le manuel... En fait, après recherches sur le site de l'éditeur, il s'avère qu'il faut passer par un outil fourni dans le répertoire d'installation du soft pour lancer une partie à plusieurs ! On a déjà vu mieux niveau intégration... Et de toutes façons, vu que les niveaux sont les mêmes qu'en solo, on y rencontre les mêmes problèmes. Bref, Painkiller Resurrection sent le jeu terminé à l'arrache à plein nez. D'ailleurs, alors qu'au dernier E3 les développeurs nous promettaient 15 niveau, dans les faits il n'y en a que 7... Enfin, dernier symptôme d'un manque de finition, plusieurs bugs sont à déplorer. Cela va d'artefacts graphiques à des plantages purs et simples, en passant par des sauvegardes corrompues, et ce même après l'application des premiers correctifs. Bref, un jeu à oublier très vite. Décidément, après l'extension de Gothic 3 de sinistre mémoire, JoWooD ternit encore l'image d'une de ses licences en la confiant à des tâcherons... Painkiller ne méritait pas ça.
- Graphismes11/20
Le moteur de Painkiller accuse désormais un certain retard sur la concurrence. Néanmoins, quelques environnements parviennent encore à tirer leur épingle du jeu, quand ils ne sont pas ternis par de vilains artefacts visuels (les cascades dans le niveau 3 notamment).
- Jouabilité7/20
Le gameplay n'est pas totalement catastrophique : les armes restent toujours aussi jouissives à utiliser. Malheureusement, la jouabilité est pourrie par un level design atroce entraînant désorientation et collisions en pagaille, que ce soit pour le joueur ou les monstres. Quelques bugs et plantages sont également à déplorer.
- Durée de vie10/20
Avec 7 niveaux se terminant en 45 minutes chacun, le solo est bien court. Et ce n'est pas le mode coopératif bancal requérant des manipulations techniques qui rallongera la durée de vie. Reste le multi compétitif, mais honnêtement, investir 30 euros pour ça...
- Bande son10/20
La musique, qui donne tantôt dans le métal et tantôt dans l'ambiance horrifique, oscille entre le très moyen et le franchement pas mal. Les bruitages sont toujours les mêmes qu'en 2004. Quant au doublage français, il est simplement calamiteux.
- Scénario/
Soyons sérieux...
Painkiller, mais qu'ont-ils fait de toi ? Si Overdose n'était déjà pas une grande réussite, ce nouvel épisode tient plus de la descente aux Enfers que de la Resurrection promise. Les développeurs ne prenaient pourtant pas de grands risques : en reprenant à l'identique le gameplay de l'original jusqu'au moindre monstre, ils auraient dû accoucher d'un FPS de la même trempe. Malheureusement, le level design épouvantable et le manque de finition se chargent de tout ruiner.