Alors que sort Assassin's Creed 2 dans nos salons, fort de son nouveau cadre et de son héros flambant neuf, Ubisoft décide de renouer avec Altaïr sur PSP pour un épisode faisant office de transition.
L'idée de nous faire retrouver Altaïr pour cet épisode PSP était plutôt bonne. Se déroulant après les événements du premier épisode, Bloodlines voit notre héros filer vers Chypre pour une aventure supposée faire le lien avec Assassin's Creed 2. Malheureusement, ceux qui attendent un scénario bourré de révélations peuvent retourner au lit. Pire, non seulement on n'apprend rien de franchement utile sur la conspiration des Templiers, mais on peine même à se prendre d'intérêt pour l'intrigue servie par des cinématiques maladroites et des élans philosophiques de comptoir. Pour gagner des points, Bloodlines devra piocher ailleurs.
Bonne surprise, le jeu adopte exactement la même prise en main sur PSP que sur les consoles de salon. La gâchette droite permet de passer d'un profil à l'autre, modifiant ainsi les fonctions associées aux touches de tranche. De la marche discrète, on passe au sprint, de la bousculade, on passe à l'attaque et surtout, on accède au fameux free running. Le combat n'a pas changé lui non plus, avec un système de lock automatique et des combats qui comptent toujours autant sur la technique du contre. Et bien sûr, Altaïr n'a rien perdu de sa capacité à grimper sur tout et n'importe quoi. Seule adaptation à la PSP : la caméra. Pour la déplacer manuellement, on maintiendra la gâchette gauche pour transformer les touches de tranche en stick virtuel. Globalement, tout est donc réuni pour que l'on retrouve le même plaisir et la même liberté que dans l'opus de salon. Sauf que...
Sauf que dans la pratique les choses ne sont pas toutes roses. Premier problème : la taille des zones de jeu ridiculement petite. Les villes sont scindées en mini-zones étriquées correspondant à autant de chargements. Difficile de ressentir une liberté quelconque lorsqu'on ne peut guère courir que durant quelques mètres. De plus, la construction même de ces zones s'adapte mal à cette pratique. On finit vite par comprendre que lorsqu'il est question de plates-formes, les routes sont en fait toutes tracées et que tenter de trop s'en écarter nous confrontera à des bâtiments trop éloignés pour être rejoints d'un bond ou à des murs sans aucune prise. Ajoutez à cela une caméra parfois prise de folie qui refuse de montrer ce qui se trouve face à vous, préférant vous offrir une magnifique vue de profil. Du coup, il est bien plus simple de s'en tenir au sol, un comble pour la série.
Au sol, on se battra, mais on s'ennuiera ferme. Assassin's Creed Bloodlines propose une quête principale très dirigiste qui enchaîne les missions comme des perles. Des missions souvent affreusement courtes et qui nous imposent, là encore, une flopée de chargements si vous n'avez pas pu utiliser l'option de pré-chargement des données sur memory stick. Le programme n'est pas très varié. Délivrer un message sans se faire repérer, participer à un assaut ou à la défense d'une zone, suivre et interroger et surtout, assassiner. Si certaines missions obligent à la discrétion, la plupart se terminent cependant dans un grand bain de sang. La furtivité n'est ici qu'anecdotique, laissant la place à de très nombreux affrontements relativement réussis. L'ennui, c'est que leur fréquence devient pénible, ainsi que la façon dont les ennemis apparaissent par magie, sortant de nulle part. Quant aux assassinats, eux aussi sont généralement effectués l'épée à la main. Les rares occasions où vous pourrez user de la lame secrète étant de toutes façons plombées par une IA à la ramasse qui ne se rend souvent compte de rien. Par ailleurs, les rues désertes font également sauter l'aspect "tueur en cavale", l'importance de garder un profil bas disparaissant du même coup. Cloué au sol, le joueur constate alors que les gardes ont la sale manie de vous repérer pour un oui pour un non. Plus tard, on réalise qu'il suffit de franchir la « porte » qui mène à une autre section de la ville pour que nos poursuivants nous lâchent. Résultat ? Au bout de 20 minutes, on ne se casse plus la tête. Puisqu'on ne peut pas passer par les toits, puisque les gardes nous repèrent quoi que l'on fasse mais nous perdent au moindre loading, on traverse les rues en courant comme un dératé. Chouette.
Définitivement, le sentiment qui se dégage est celui de faire face à un volet de la série amputé de toutes ses qualités. En premier lieu de sa liberté, remplacée par un bon gros "Fais ce qu'on te dit". On retiendra tout de même la justesse du portage des commandes et des combats profitant d'une animation soignée et de contres bien sanglants. Malheureusement, on ne peut pas dire que le système de combat d'Assassin's Creed ait été pensé pour faire office de composante essentielle d'un jeu.
- Graphismes12/20
Un bilan mitigé pour l'aspect technique. L'animation d'Altaïr est réussie, notamment lors des combats, mais les villes manquent de vie, les bâtiments sont tristes et fades et l'ensemble souffre de pas mal de bugs de collision.
- Jouabilité9/20
Les commandes, directement reprises des versions de salon, sont intuitives mais le level design abominable les rend parfaitement inutiles, voire carrément inefficaces. On tombe fréquemment, passer par les toits est devenu un calvaire et non un plaisir ou un raccourci et le sentiment de liberté a complètement disparu.
- Durée de vie7/20
Comptez à peine 5 heures pour venir à bout de la quête. Bigre, c'est court de chez court. On pourra arguer que l'on trouve quelques missions annexes, mais elles sont parfaitement dispensables et ne justifient en rien une durée de vie si réduite.
- Bande son16/20
On ne retrouve plus le doubleur du premier volet mais le doublage reste cependant maîtrisé. Musiques et effets sont de très bonne facture.
- Scénario9/20
Avant tout, sachez que si vous ne connaissez pas la série, vous ne piperez rien à Bloodlines. Les autres, n'attendez pas de révélations fracassantes, au contraire, ce scénario est plat comme une poêle à crêpe et ne fait aucun effort de présentation et de mise en scène.
Le premier contact avec Assassin's Creed Bloodlines était pourtant rassurant. Le système de commandes conservé fonctionne bien lors du didacticiel, on pense retrouver tout ce qui nous a fait aimer le premier opus puis... on découvre le level design étriqué, le vide intersidéral des rues, l'ambiance plate et l'accent maladroit mis sur les combats. On s'en passe.