Portant bien haut l'étendard de la société vidéoludique la plus écolo de la planète, Capcom milite activement pour le recyclage de ses licences et ce depuis de nombreuses années. De fait, si la série des Gun Survivor n'a jamais eu bonne presse, la société japonaise avait malgré tout réussi à faire évoluer le concept en misant sur le rail-shooter. Plus limité mais à même d'induire une action frénétique grâce à des déplacements automatiques, le genre nous avait offert The Umbrella Chronicles, chouette petit jeu mais bourré de défauts. The Darkside Chronicles lui emboîte donc le pas et c'est sans surprise qu'on se retrouve devant un produit formaté procurant cependant de bonnes sensations. Chronique des chroniques.
Après nous avoir proposé une sorte de résumé de la saga avec The Umbrella Chronicles, Cavia et Capcom se sont cette fois intéressés aux deuxième et quatrième opus de la série Resident Evil. Intéressant d'autant qu'en marge de ces segments, on y trouve toujours des chapitres inédits cette fois regroupés sous l'égide de Krauser et Leon embarqués au fin fond d'une jungle pour le moins inhospitalière. Le principe ne change donc pas d'un iota. Ainsi, le mode Aventure vous conviera à enchaîner les niveaux composant l'ensemble de Resident Evil 2 puis de Resident Evil : Code : Veronica. Vous n'aurez alors qu'à choisir un personnage (Leon ou Claire pour le premier, Claire ou Steve pour le second, le troisième nous permettant d'incarner le bien nommé Krauser) puis à partir à l'aventure seul ou accompagné d'un ami. D'ailleurs, il est bon de préciser que le jeu prendra tout son sens avec un pote, l'IA alliée est d'une nullité affligeante en solo.
Une fois trouvé un compagnon d'infortune, vous n'aurez plus qu'à aiguiser vos réflexes afin de ne pas être dépassé par les événements. Vous me direz, ce sera plutôt simple dans le sens où vous n'aurez qu'à balader le viseur à l'écran pour éliminer zombies, piranhas, hunters, araignées géantes mais aussi dégommer des éléments du décor pour trouver bonus et munitions. Diantre, je viens de me rendre compte que je pourrais ici conclure mon test vu que j'ai expliqué tout ce qu'il y avait à expliquer. Prenons quand même notre courage à deux mains et creusons la question. Comme je le disais, d'un strict point de vue conceptuel, The Darkside Chronicles est un copier-coller de The Umbrella Chronicles. Du coup, la durée de vie est grosso modo la même (environ 8 heures) même si Cavia a artificiellement gonflé le tout à l'aide de la customisation d'armes. En effet, cette dernière propose désormais de booster plus de caractéristiques (cadence de tir, vitesse de rechargement, puissance...) mais réclamera énormément de pesos en contrepartie de la moindre amélioration. De fait, vous devrez constamment tirer sur tous les objets vous entourant en espérant tomber sur quelques piécettes cachées. Malheureusement, même en étant rapide, il faudra s'y reprendre à plusieurs fois si vous désirez upgrader à fond ou même partiellement chacune de vos armes.
L'autre nouveauté de cet épisode concerne principalement le dynamisme des scènes d'action. Si celles de The Umbrella Chronicles étaient plutôt mollassonnes, exception faite des combats de boss, celles de The Darkside Chronicles optent pour un changement radical. Le hic est que la seule idée des développeurs pour accentuer cette nervosité est d'avoir opté pour une réalisation typée "caméra à l'épaule" en maximisant sur les tremblements. On eut aimé dans ce cas pouvoir ajuster cet effet à l'image de ce que proposait Dead Space Extraction mais apparemment, ça n'a pas été une des préoccupations de Cavia. Le résultat ? Un imbroglio de séquences à donner le tournis, sorte de rétrospective de toute l'oeuvre de Michael Bay dénotant complètement avec l'aspect ultra posé des scènes plus contemplatives. C'est à ce point flagrant qu'au fur et à mesure de la progression, on se coltine de plus en plus de passages, durant parfois une trentaine de secondes, où le temps semble s'arrêter : ici, on regardera un corps inerte durant une éternité, là, on scrutera le plafond en parlant à son coéquipier... Franchement, on a vu mieux en termes de narration.
Mais tout n'est pas noir dans The Darkside Chronicles. Comme précisé plus avant, nous aurons droit à un peu de sang neuf au travers d'un scénario inédit mettant en vedette Krauser et Leon. D'autant plus attrayant que ce passage nous apportera quelques éclaircissements sur le virus Veronica tout en faisant le jour sur les liens unissant les deux hommes. En somme, bien que le chapitre souffre des mêmes problèmes que ses petits camarades, il est agréable de retrouver cette vieille ganache de Krauser après Resident Evil 4. De plus, signalons pour ceux qui se poseraient la question que l'aventure regorge de boss. Bien qu'on affrontera ceux déjà rencontrés dans les épisodes adaptés, il est agréable de se retrouver face à eux, d'autant qu'ils réclameront une fois encore une technique bien particulière pour être battus.
En définitive, Resident Evil : The Darkside Chronicles n'est pas un mauvais bougre même si on attendait beaucoup plus de cet épisode qu'une simple ressassée du précédent volet. On pourra ainsi rester dubitatif devant certains choix de mise en scène ou de gameplay mais en faisant abstraction de ces écueils, il y a là matière à s'amuser le temps d'une après-midi pour peu que vous ayez un coéquipier dévoué sous la main. De plus, vous aurez le loisir de débloquer divers éléments (vidéos, bios, archives) ainsi qu'un mode bonus afin d'affronter un vieux camarade. Moins immersif qu'un Dead Space Extraction et surtout moins ambitieux dans ses propos, le jeu de Capcom offre malgré tout le minimum syndical au fan de la première heure qui trouvera là quelque complément narratif à la saga noyé sous un déluge d'action. Loin d'être une grande avancée pour la série des Resident Evil mais comme ce n'est pas ce qu'on attendait du titre, aucune raison de le bouder.
- Graphismes14/20
Du niveau du précédent épisode, le visuel de ce Darkside Chronicles oscille constamment entre le médiocre, le bon et le très bon. On appréciera malgré tout de retrouver l'excellent Code Veronica sous un autre jour et des cinématiques réussies bien plus nombreuses que dans The Umbrella Chronicles.
- Jouabilité13/20
Rail-shooter a toujours été synonyme de simplicité et ce titre ne déroge pas à cette règle immuable qui veut qu'on avance automatiquement tout en baladant un viseur à l'écran pour défourailler tout ce qui bouge ou ne bouge pas. Néanmoins, on regrettera que le jeu de Cavia n'ait jamais réussi à trouver un juste équilibre entre des déplacements beaucoup trop contemplatifs et des phases d'action épileptiques faisant le jeu d'une caméra bougeant dans tous les sens pour simuler le mouvement. En sus, on retrouve une customisation d'armes plus poussée que précédemment même si les améliorations sont bien trop chères.
- Durée de vie13/20
Si vous optez pour le mode Normal ou Difficile, préparez-vous à en baver à plusieurs endroits. Privilégiez donc le mode deux joueurs dès le départ, ce dernier étant bien entendu beaucoup plus fun et facile que le Solo. L'aventure principale vous demandera 7 à 8 heures pour être bouclée mais entre le mode bonus à débloquer et quelques autres joyeusetés, vous aurez moyen d'y revenir.
- Bande son14/20
Les doublages américains de rigueur refont surface tout comme les bruitages et musiques emblématiques de la saga. Pas de surprise non plus de ce côté-là même si en soi, ce n'est pas un problème vu que l'ambiance sonore remplit parfaitement son office.
- Scénario11/20
Capcom n'avait pas pour ambition de révolutionner la saga avec The Darkside Chronicles et c'est réussi. Sans surprise, le jeu se borne à ressasser une histoire connue de tous à l'aide d'une mise en scène pataude et d'une progression se permettant parfois quelques libertés généralement peu convaincantes. Le scénario bonus de Krauser et Leon est lui aussi peu inspiré et au final seules les cinématiques proposant des passages cultes tapent dans le mille.
Capcom se fait à nouveau voler la vedette par Electronic Arts grâce à son Dead Space Extraction bien plus convaincant que ce Resident Evil : The Darkside Chronicles. Malgré tout, le rail shooter de Cavia s'en sort convenablement grâce à une longévité accrue, une customisation des armes imparfaite mais plus poussée et un dynamisme renforcé. Il faudra toutefois s'accrocher pour supporter quelques choix de gameplay douteux et une progression terriblement lourde. Cependant, si vous y parvenez, vous aurez trouvé là un jeu de tir sympathique qui prendra tout son sens avec un ami à vos côtés.