Ubisoft semble plus que jamais décidé à exploiter la licence Lapins Crétins. En effet ces créatures décérébrées ont pris de plus en plus de place dans les trois party-games consécutifs qui leur ont été dédiés, allant jusqu'à éclipser presque totalement Rayman qui était pourtant il y a peu la mascotte de l'éditeur français. Aujourd'hui les lapins ne se contentent plus de vous demander d'agiter votre stylet pour réussir une succession de mini-jeux, ils se lancent pour la première fois dans un jeu de réflexion. Cette version DS de leur Grosse Aventure reprend le pitch du jeu sorti sur Wii : les lapins rêvent d'atteindre la Lune qui leur rappelle furieusement les lampadaires sur lesquels ils font leur sieste, ils vont donc construire une montagne de détritus suffisamment haute pour atteindre l'astre en question. Pour leur prêter main forte, il vous faudra donc venir à bout d'une succession de niveaux en remplissant leur chariot de supermarché des objets divers et variés qui se trouvent sur leur chemin.

Le mode Histoire se compose de près de 150 puzzles à mi-chemin entre les Lemmings et The Incredible Machine. Concrètement il vous faut guider un lapin et son chariot jusqu'aux toilettes et faire en sorte qu'il récupère un maximum d'objets au passage. Vous ne dirigez pas directement la créature aux longues oreilles, celle-ci avance tout simplement dans le sens de la pente et se laisse tomber dans le vide si vous ne balisez pas suffisamment son chemin. Pour chaque niveau, vous disposez d'un nombre limité d'outils pour mener à bien cet objectif : des poutres vous permettent de créer des passerelles, des gants de boxe montés sur ressort envoient ce qui leur tombe dessus dans les airs et vous pouvez même faire appel à d'autres lapins pour pousser des éléments du décors. La résolution des énigmes vous amènera parfois à organiser des montages sophistiqués à base de ballons gonflés à l'hélium, de cordes, de poulies et à prendre en compte des réactions en chaîne souvent très tarabiscotées... Au final on pourrait donc croire que cette Grosse Aventure sur DS serait idéale pour ceux qui cherchent à faire chauffer leurs neurones, malheureusement le résultat est loin d'être exempt de défauts. La disposition de vos outils est ainsi incroyablement imprécise et les résultats que vous obtenez sont parfois aléatoires... De la même façon, si l'écran supérieur de la console vous donne un aperçu de la totalité du niveau, l'écran inférieur se focalise sur une portion beaucoup trop petite. Vous ratez donc souvent la moitié des réactions en chaîne en déplaçant péniblement la caméra.

Si la maniabilité n'est pas vraiment au rendez-vous, il ne faut pas non plus compter sur la diversité des niveaux pour rattraper le coup. En effet les défis se suivent et se ressemblent, l'envie de collecter tous les éléments éparpillés dans le décor laisse rapidement la place à un ennui sans nom. Certains pourraient toujours rétorquer que la version Wii de cette Grosse Aventure qui officiait dans un autre genre se montrait aussi assez répétitive. Le titre sorti sur la console de salon avait cependant un atout de taille : il débordait d'humour. Ce n'est malheureusement pas le cas de cette déclinaison DS qui aura bien du mal à vous arracher le moindre sourire. Il ne faut pas non plus compter sur les challenges à débloquer pour susciter en vous un sursaut d'intérêt : ces derniers sont basiques et n'apportent pas grand-chose de nouveau par rapport au mode Histoire. Il vous reste tout de même un mode multijoueur qui vous permettra de vous faire aider d'un ami et surtout un éditeur de niveaux grâce auquel vous pourrez concevoir des parcours diaboliquement tordus. Enfin les heureux possesseurs d'une DSi pourront prendre des photos et les agrémenter d'une animation de lapins crétins... pas de quoi faire des jaloux chez les propriétaires d'une DS un peu plus ancienne. En conclusion si cette Grosse Aventure nous réservait une belle surprise sur Wii, la déclinaison du titre sur DS est loin d'être aussi appétissante : on se retrouve finalement avec un jeu de réflexion sobre et répétitif qui nous fait regretter ces bons vieux Lemmings ou les installations tarabiscotées de The Incredible Machine.