Oui nous l'avons vu ! Nous avons vu Epic Mickey sur Wii. Nous avons même eu droit à une démonstration privée avec Warren Spector aux manettes. Alors, elle n'est pas belle la vie ?
Pour ceux qui l'ignorent, Warren Spector a notamment construit sa renommée auprès des joueurs avec le titre Deus Ex paru maintenant il y a une petite dizaine d'années. Mix réussi du jeu d'action et du jeu de rôle, ce titre fondamental avait frappé les esprits en proposant aux joueurs de prendre des décisions qui modifiaient le cours du récit mais aussi qui leur permettait d'agir selon leurs préférences : attaquer de près et de manière frontale ou favoriser la furtivité, etc. Ces quelques lignes de préambule n'ont pas comme raison d'être d'étaler notre science, de pleurer à chaudes larmes sur un excellent souvenir qui n'a pas vraiment connu de suite digne de ce nom, ni même de chanter les hauts faits de Warren Spector comme le premier fan-boy venu. Non, si on vous parle de tout cela, c'est parce que d'une manière ou d'une autre ces éléments vont se retrouver dans le prochain projet de cet auteur : Epic Mickey.
Lors de l'événement organisé à Londres pour l'annonce officielle de ce jeu, nous n'avons pas échappé à un argument massue parfaitement prévisible : Mickey est le personnage de fiction le plus connu du Monde. Rompus à toutes ces sorties soufflées par les services marketing des sociétés concernées, nous les accueillons généralement avec une moue désabusée en se demandant qui pourrait s'y laisser prendre. Parfois même, si l'humeur s'y prête, nous nous fendons d'un sourire entendu accompagné de l'inévitable "C'est ça, ouais...". Mais pas là. Cette affirmation nous a semblé parfaitement censée et le constat des conséquences au niveau du média qui nous occupe assez navrant. Car, franchement, mis à part l'antédiluvien "Castle of Illusion", quand avez-vous vu la souris de l'Oncle Walt dans un jeu à la hauteur de sa réputation ?
Quand il évoque la genèse du projet, Warren Spector raconte que Disney est venu le voir pour mettre en chantier un titre ayant pour vedette un personnage issu de leur attachante écurie. Dans un premier temps, le développeur s'est senti obligé de leur rappeler des antécédents, que le style de jeu qu'il avait signé jusque-là ne s'adressait pas forcément au public familial qui est le leur, etc. Puis, raconte-t-il, il a pris le temps de réfléchir car, en tant que fan d'animation, l'occasion était séduisante. De fil en aiguille, il est parvenu à imposer un projet dans lequel Mickey évoluerait en fonction de la manière de jouer de l'utilisateur. Et ça, quand on connaît la frilosité de Disney dès qu'il s'agit de modifier leurs personnages, c'est déjà un exploit.
Dans ses grandes lignes, Epic Mickey sera un jeu de plates-formes. Mais Warren Spector étant qui il est, un seul principe ne pouvait pas être suffisant. C'est pourquoi il a ajouté un aspect aventure et une bonne part de jeu de rôle avant de saupoudrer le tout de cette liberté d'action dont il est un ardent défenseur. Côté scénario, le jeu s'ouvrira sur une séquence cinématique de six minutes dans laquelle on verra Mickey être enlevé dans son sommeil par un être qui est la symbiose entre un fantôme et une tache d'encre noire. Au moment de quitter sa dimension, le héros s'accroche à un pinceau et l'emporte avec lui. Il se retrouve attaché à une table qui aurait fait belle figure dans le cabinet du Docteur Frankenstein. Le méchant de l'histoire, habillé d'une robe de bure noire et coiffé d'une cagoule, s'évertue à le torturer. Mais quand il tente de lui arracher le coeur avec une ventouse de plombier, Mickey parvient à se libérer. Etrange, dans la mesure où il était bien sanglé. Quelqu'un lui aurait-il donné un petit coup de main ? A l'issue du court combat qui s'ensuit, le bad guy joue les filles de l'air en déclenchant une trappe se trouvant sous ses pieds. C'est là que Mickey reporte son attention sur le sbire de ce grand méchant, Oswald le Lapin Veinard (Oswald the Lucky Rabbit en V.O.), un personnage qui rappellera peut-être quelque chose aux plus fins connaisseurs de l'univers de Walt Disney.
Petit aparté historique : Oswald est un personnage créé sous l'impulsion de Walt Disney à la fin des années 20 alors qu'il était sous contrat avec les studios Universal (Non, Toto. Même si c'est du pluriel, on ne parle pas des studios "Universeaux"). Mais une dissension entre l'auteur et un exécutif des studios au sujet des budgets poussera Walt Disney à prendre la porte alors qu'il travaillait à la création d'un autre personnage : Mickey. La suite appartient à l'histoire. Ce n'est qu'en 2006 que les droits d'exploitation d'Oswald sont revenus dans le giron de l'entreprise Disney. En échange de quoi ? Contre le transfert de son commentateur sportif Al Michaels officiant sur ABC et ESPN qui appartiennent à Disney vers l'antenne de NBC Sports, propriété d'Universal. Pour revenir au jeu, Oswald est un habitant du monde étrange dans lequel a atterri Mickey. Cette dimension créée par le sorcier Yen Sid est en fait un refuge pour les personnages oubliés. Mais il en a fait un univers sombre et un rien maléfique. Mickey va se charger de ramener les couleurs et la gaieté dans cet endroit et, au passage, en profitera pour libérer les habitants du joug du tyran. Pour cela, il disposera de son pinceau, un accessoire géré par la Wiimote. Deux actions sont proposées au joueur : peindre pour créer et rénover des éléments de l'image ou utiliser du dissolvant pour effacer ou modifier.
Chaque niveau du jeu sera conçu comme une zone dans laquelle des missions attendront le joueur. Bien entendu, il faudra trouver le moyen de sortir d'un niveau en créant des plates-formes d'un coup de peinture ou en effaçant des obstacles. Mais ce n'est pas tout, loin de là. Par exemple, il s'agira de libérer des Gremlins, pas les monstres poilus créés pour les films de Joe Dante mais des petits êtres apparemment très doués pour la mécanique et qui pourront grandement faciliter la vie de Mickey si celui-ci s'intéresse à leur cas. Durant la démonstration, nous avons pu voir Mickey effacer un mur avec du dissolvant pour trouver l'un d'entre eux fait prisonnier dans une pièce secrète. Mickey ayant découvert une clé à molette lui appartenant, le Gremlin pourra s'en servir afin de déclencher une plate-forme qui donnera un accès plus pratique à la sortie. Mais, et c'est bien là qu'on reconnaît un travail supervisé par Warren Spector, on peut aussi se contenter d'aller d'un point A à un point B en ligne droite et en se débarrassant des ennemis de manière musclée. Et justement, en ce qui concerne les combats, il est rapidement possible de détourner l'attention des adversaires en invoquant une télévision qui captera leur attention le temps qu'on leur passe dans le dos. Dans d'autres cas de figure, il sera possible de déclencher une montre magique qui ralentira le temps quelques instants, sauf pour son utilisateur qui pourra ainsi se tirer facilement d'une situation tendue. Vous l'aurez compris, il appartiendra au joueur de décider de la manière dont se comportera Mickey et d'en faire, au choix, un guerrier ou un héros, un combattant ou un sauveur voire un subtil mélange des deux. La seule chose qui soit certaine, c'est qu'une fois qu'on aura atteint la sortie du niveau, un Gremlin demandera à Mickey s'il en a terminé avec cet endroit et s'il veut vraiment partir. En clair, comme vous ne pourrez pas revenir, il faudra être sûr d'avoir totalement exploré le coin pour accomplir toutes les missions mises à votre disposition, à moins bien entendu que vous ne tentiez de traverser le jeu en établissant un record de vitesse. Epic Mickey n'a pas encore de date de sortie officielle mais les premières rumeurs qui nous sont parvenues avancent un lancement autour du mois d'octobre 2010. Nous aurons donc clairement l'occasion de le revoir et de vous en parler à nouveau !