Voici donc le second contenu téléchargeable pour GTA 4, toujours exclusif à la console de Microsoft. L'occasion pour les joueurs Xbox 360 de bénéficier du savoir-faire du développeur américain et faire ainsi davantage baver leurs petits copains qui n'ont "qu'une" PS3. Mais cette fois, plus question de bikers tatoués, Liberty City va livrer d'autres secrets, plus nocturnes et underground...
The Ballad of Gay Tony recentre l'action au cœur de Liberty City, dans ses quartiers mondains, le long d'avenues qui brillent de mille feux après que le coucher de soleil ait libéré les esprits fêtards, prêts à se livrer à une débauche totale frisant la décadence. Si le jour se lève bien chaque matin, si la routine métro-boulot-dodo reprend inévitablement le dessus douze heures durant, l'essentiel de l'intrigue de Gay Tony se déroule de nuit, dans les boîtes branchées de la ville. Le meilleur moyen pour Rockstar d'ironiser sur le milieu gay, de le caricaturer pour finir par convaincre le joueur qu'il s'y passe les mêmes choses, les mêmes délires et les mêmes déviances que dans des boîtes hétéros. Briser les tabous avec humour et énormément de recul, telle est la mission que s'est confiée Rockstar pour encadrer les dialogues et introduire les personnages de cet épisode, crus et infréquentables mais terriblement vrais et attachants. Dans cette masse de drogués, d'alcooliques, de cas sociaux et de magnats du divertissement nocturne se trouve Luis Lopez, un jeune dominicain qui fait de ces festivités sa principale source de revenus.
Videur, garde du corps, attribuez-lui la fonction que vous voulez, Luis Lopez n'est pas qu'un black baraqué, c'est avant tout un homme d'affaires surbooké. Business partner de Tony Prince, le fameux "Gay Tony" avec lequel il détient plusieurs boîtes branchées de Liberty City, Luis n'est pas mégalo pour un sou. Son véritable souhait est en réalité d'assurer la pénible retraite d'une mère qu'il entretient en solo et au prix de leçons de morale dont la mama est coutumière. Le beau gosse, célibataire, est bien seul au monde, ses rares amis étant un duo d'incapables qui passent leur temps à miroiter des "coups" magistraux pour se faire un peu de maille. De l'autre côté, il doit assurer les arrières de Tony dont la vie se résume à frauder au péril de sa vie et à terminer la tête à l'envers après s'être enfilé des rails de coke sur fond de déprime. C'est autour de lui et de sa capacité à s'attirer les ennuis que tourne le scénario de Gay Tony. On pourra vite faire le parallèle entre cette relation et celle qu'entretient Niko Bellic avec son cousin Roman dans GTA IV. Une fois de plus, Rockstar a souhaité qu'un peu de Niko rejaillisse sur le personnage principal du contenu téléchargeable. C'est réussi, d'autant que la comparaison s'arrête ici, Luis ayant davantage un profil de casse-cou, ce qui se vérifie de manière tout à fait flagrante dans les différentes missions qui lui sont confiées.
En effet, Ballad of Gay Tony et sa vingtaine de missions principales sont un mix de tous les fantasmes des joueurs de GTA IV. Qu'elles soient aériennes, terriennes ou maritimes, celles-ci se finissent quasi-inévitablement par un feu d'artifice sans précédent. Il s'agit typiquement du genre de mission que l'on attend impatiemment et fébrilement plusieurs heures durant dans GTA IV parce qu'elles sont casse-gueule et rarissimes. Ici, il n'est question que de spectacle, d'explosions, de carnage et surtout d'un culot monstrueux. La liste des munitions dont on dispose rapidement en témoigne aisément, Luis jouissant après quelques petits boulots d'un arsenal complet et de destruction massive. L'occasion pour Rockstar d'inclure un paquet de nouvelles armes : un 44 mm automatique, un fusil à pompe à explosions, un Uzi en or massif, un fusil d'assaut FN P90, un M249 qui balance 900 projectiles par minute un nouveau fusil de sniper et surtout des bombes adhésives à explosion télécommandée que l'on peut fixer absolument partout. Les gunfights en ressortent plus intenses mais aussi plus confus, d'autant que la visée manuelle ou semi-automatique peine toujours autant à convaincre. Quoi qu'il en soit, on prend un pied inouï à utiliser chaque arme de son arsenal, d'autant que les différentes missions permettent de se gaver de munitions sans avoir à trop dépenser d'argent en armurerie.
Les allergiques au pilotage exigeant et parfois frustrant des hélicos ne seront pas bien lotis dans la mesure où de nombreuses missions nécessitent d'en voler et d'en piloter. On aurait aimé en ce sens que Rockstar réussisse, à l'instar du pilotage moto de Lost and Damned, à rééquilibrer la chose ou à la simplifier, de sorte à ce que le plaisir de jeu reste intact. Manque de bol, Luis n'est pas forcément un as du ciel et la maniabilité des hélicoptères est toujours la même. Ceci dit, la pratique aidant, on parvient à maîtriser petit à petit les caprices de ces bestioles, d'autant qu'une aide visuelle, collée sur le repère, indique approximativement au joueur à quelle altitude il se situe. Toutes proportions gardées, on passe ainsi beaucoup plus de temps dans les airs que dans GTA IV. Cela dit, ce n'est pas tant dû au profil des missions qu'à la principale nouveauté de cet épisode : le Base Jump. Cette pratique extrême qui consiste à sauter du toit de n'importe quel gratte-ciel, la tête la première, et à ouvrir son parachute au dernier moment, est en effet l'activité favorite de notre héros. Absolument grisants, ces sauts que l'on peut faire depuis un hélico ou n'importe quel toit de la ville, procurent des sensations géniales mais malheureusement trop courtes. Après avoir sauté, le joueur n'a qu'une envie, grimper à nouveau sur un gratte-ciel pour se relancer et repousser encore et toujours l'ouverture du parachute. Certaines missions font même appel à cette cascade mais pour éviter tout spoil, nous nous garderons bien de vous dire en quoi elles consistent.
Ce n'est pas tout puisque ce titre inclut d'autres nouveautés. On passera outre les jeux à boire qui finissent systématiquement par une cuite mémorable ou la possibilité de s'enfiler des shots à l'œil (normal, vous n'allez pas vous bourrer la gueule chez la concurrence). Non, l'intérêt est ailleurs, sur la piste de danse notamment, un endroit devenu extrêmement pratique pour emballer à souhait. Le principe est d'autant plus fun que les morceaux très orientés dance rappellent nos premiers pas en discothèques et que le mécanisme de jeu est tout à fait original. Plutôt que de céder à la facilité du jeu de rythme basique qui consiste à suivre les indications qui défilent à l'écran, les développeurs ont imaginé une autre façon de danser. Le joueur doit donner des petits coups de stick analogique, dans n'importe quelle direction, pourvu qu'il suive le rythme de la musique. En se calant sur les basses, il est donc assez facile d'attirer l'attention et de faire grimper sa jauge de réussite. Ponctuellement, il est nécessaire de tenir la pause, toujours avec le stick analogique et d'appuyer simultanément et toujours en rythme sur les deux gâchettes, pour se rapprocher de son partenaire. Vous vous imaginez sans doute facilement la suite, Luis étant un homme avec certains besoins, les demoiselles qu'il convoite également, le tout se termine dans un coin à l'abri des regards. Evidemment, il est question de recharger sa jauge de santé, rien de plus...
Pour se faire un peu d'oseille, Luis a d'autres moyens que les traditionnels petits boulots de GTA IV. Dealer par exemple, en compagnie de ses deux meilleurs potes, lui permet de remplir son compte en banque rapidement. Comme pour un contact classique, il lui suffit de se rendre à l'endroit marqué par l'icône de deal pour enchaîner les trafics, de plus en plus risqués et surveillés mais rapportant toujours plus d'argent. Il peut également prendre part à des courses urbaines. Du déjà-vu me direz-vous. Négatif mon capitaine, celles-ci ont la particularité de se courir avec des voitures bourrées de nitro. Le joueur dispose ainsi d'une bonbonne qui se recharge automatiquement et utilisable dès qu'elle est pleine, ce qui est très rapide. L'effet est saisissant, la sensation de vitesse décoiffante mais son utilisation ne doit se faire que dans certaines conditions : en ligne droite et sans trafic. Impossible à freiner une fois lancée, la voiture devient incontrôlable et si la bonbonne est vidée en deux temps trois mouvements, mieux vaut s'accrocher et ne pas se risquer à activer la nitro en virage. Enfin, à quelques pas de l'appartement confortable mais très classique de notre ami Luis a élu domicile une arène de combat dans laquelle le Dominicain peut se battre à mains nues face à qui voudra bien le défier. Si les premiers affrontements se font dans les règles, votre ténacité conduit vos adversaires à se munir de battes de base-ball ou armes blanches pour vous faire la peau. Pas très fair-play tout ça.
Le multijoueur de son côté, est un peu la déception de Ballad of Gay Tony dans la mesure où son contenu manque d'originalité, surtout si on le compare à toutes les possibilités multi offertes par The Lost and Damned. Quatre petits modes sont au rendez vous, dont deux ne sont que des variantes : un deathmatch en solo, un deathmatch en équipe, des courses avec nitro et des courses avec nitro et flingues. On aurait apprécié la possibilité de pratiquer le Base Jump à plusieurs ou que le trafic de drogue soit mis en avant, dans un duel dealers-flics par exemple. La qualité première de ce multi est toutefois d'être jouable avec toutes les armes du solo, ce qui crée des gunfights bien plus exigeants au vu de la portée et de la puissance de celles-ci. Foncer à découvert comme un bourrin ne marche plus, surtout si l'hébergeur de la partie autorise la visée automatique. En manuelle, c'est évidemment une autre histoire. En dépit de ce petit faux pas, Ballad of Gay Tony est largement au niveau du précédent contenu téléchargeable, voire même un peu supérieur à notre goût. Et ce, dans la mesure où les apparitions de Niko sont plus nombreuses et les analogies aux missions de GTA IV révèlent des détails croustillants sur les liens invisibles qui unissent Luis à Niko, Luis à Johnny, Johnny à Niko et même, les trois ensemble. Un vrai régal.
- Graphismes17/20
Evidemment, le moteur de GTA IV est fidèlement repris mais s'attarde cette fois sur les boîtes de nuit tout en opposant à merveille l'univers décadent des riches à celui de ménages beaucoup plus modestes. Visuellement, en prenant de l'altitude, on profite également de tout le travail de modélisation effectué sur Liberty City, une ville dont le profil change considérablement selon le moment de la journée.
- Jouabilité17/20
Malgré quelques problèmes de caméra durant les phases en hélico, toujours un peu frustrantes, tout est bon à prendre dans cet épisode, et notamment le Base Jump, une pratique qui repousse encore plus loin le sentiment de liberté sur cette map gigantesque. Les combats en arène et les courses avec nitro sont également de petits moments fort appréciables et qui distinguent les missions annexes de Gay Tony de celles de GTA IV ou Lost and Damned.
- Durée de vie14/20
Comptez un peu moins de 10 heures pour réussir la vingtaine de missions principales et ajoutez quelques heures supplémentaires pour les nombreux à-côtés. C'est grosso modo la même durée de vie que Lost and Damned mais avec un multijoueur un petit peu moins généreux.
- Bande son18/20
Au-delà des nouvelles radios, la musique joue un rôle remarqué dans ce titre puisque c'est sur le dance-floor que Luis va draguer et s'amuser. Son doublage est d'excellente facture, comme celui de tous les personnages introduits par Ballad of Gay Tony. Bref, comme dans tout GTA qui se respecte, l'ambiance sonore est extrêmement soignée et demeure une référence incontestable à ce jour.
- Scénario16/20
Si l'intrigue n'en est pas vraiment une, le scénario comporte de nombreuses analogies aux événements de GTA IV au point de révéler des détails assez surprenants sur les missions menées par Niko Bellic. On découvre ainsi de nombreux liens entre les personnages et surtout que Rockstar s'est acharné à créer des histoires parallèles utiles à la trame principale. En jouant à cet épisode, on comprend tout le travail que les scénaristes du jeu ont dû abattre pour proposer quelque chose de crédible et sans faille.
Grand Theft Auto IV : The Ballad of Gay Tony est un défouloir sans nom, une ode à l'action dans sa plus simple expression et à l'enchaînement de missions suicides tout bonnement dantesques. Le personnage de Luis est admirable de simplicité et de courage et son profil aurait très bien pu être utilisé pour un GTA V par exemple. Bien qu'un peu frustrant par moments, la faute à des hélicos qui nécessitent beaucoup de pratique, le gameplay est aux petits oignons. Le Base Jump plaira forcément aux joueurs de GTA IV qui tiennent là un second épisode encore plus riche et plus varié que le premier. Chapeau.