The Saboteur est un jeu d'action sur lequel souffle un vent d'héroïsme bon teint qui devrait ravir les fans d'Indiana Jones et des "p'tites femmes de Paris". Alors avant de vous précipiter sur les captures du jeu pour vous ébouriffer la rétine sur d'accortes anatomies, prenez le temps de découvrir nos premières impressions. Votre patience sera récompensée car, comme disait Corneille, "Le désir s'accroît quand l'effet se recule"...
Ah, si on pouvait toujours faire ce qu'on veut... Lors de son petit speech destiné à présenter son jeu à la presse française et qu'il a accompagné de l'indispensable projection Powerpoint, Tom French -lead designer de The Saboteur- a dévoilé l'image d'un simili AT-AT (les mastodontes qui attaquent la base de Hoth au début de "L'empire contre-attaque") complètement peint en noir et frappé d'une croix de fer. A l'apparition de cette image, il a clairement laissé apparaître une déception certainement feinte et a déclaré : "Bon... On ne m'a pas laissé aller jusque-là.". Nous n'extrapolerons pas quant à savoir s'il faut s'en féliciter ou s'en plaindre. Toutefois, cette petite anecdote illustre bien l'angle un rien pince-sans-rire que les développeurs ont choisi dans leur travail. Contrairement à tant de jeux se déroulant eux aussi durant La Seconde Guerre mondiale, The Saboteur jouera la carte de la série B, d'une certaine vision de cette période privilégiant l'amusement sans s'embarrasser tant que ça de notions parasites telles que l'exactitude historique.
Pour autant, le Paris dans lequel se déroule The Saboteur, est modélisé de manière très convaincante. On reconnaît bien entendu les hauts lieux de la capitale, même si les sommets des tours de Notre-Dame de section cylindrique nous ont laissés quelque peu dubitatifs quant au travail de recherche. Mais, à côté de cette erreur anecdotique, le style des bâtiments et des rues nous immerge immédiatement dans un univers très convaincant. C'est donc dans cette ville reproduite avec une volonté flagrante d'exactitude qu'on dirigera Sean Devlin, un pilote de courses qui prend fait et cause pour la résistance française face à l'occupant allemand. Sur le modèle d'un jeu d'action en vue à la troisième personne, il faudra accomplir des missions diverses et variées.
Par exemple, durant cette présentation, nous avons pu voir Sean Devlin accepter de détruire un canon hyperpuissant. Dès lors, il a carte blanche pour arriver à ses fins. Soit il tente l'assaut frontal et s'oblige à éliminer tous les soldats qui patrouillent aux alentours de l'arme, soit il élimine l'un d'entre eux, lui emprunte son uniforme et passe au nez et à la barbe de ses ennemis. Attention toutefois : cette deuxième tactique n'a pas que des avantages. Tout d'abord, il faut se débarrasser de son donateur à coups de poings. Pas question de lui tirer dessus car cela tacherait l'uniforme et le rendrait inutilisable. Cette restriction implique donc une approche discrète. Autre difficulté : les vêtements récupérés sont rarement à la taille de Devlin. En conséquence, les soldats que vous croiserez vont forcément se montrer soupçonneux. Il faut trouver le bon rythme pour leur passer sous les yeux assez rapidement pour que la "jauge d'alerte" ne passe pas au rouge mais sans courir car cela les alerterait immédiatement.
L'une des principales caractéristiques de The Saboteur, c'est son système "Will to Fight", cette volonté de combattre que Devlin rendra à la population parisienne en réussissant ses actions d'éclat. Il faut savoir qu'à la base l'image affichée par le jeu est en noir et blanc. Ce traitement symbolise l'état d'esprit des Parisiens. Dès que vous réussirez à libérer un quartier, la couleur reviendra. L'autre conséquence, indéniablement plus importante, c'est que les Parisiens se battront aux côtés de votre personnage. Et, à la longue, The Saboteur deviendra une sorte de jeu de stratégie et d'action dans lequel il s'agira tout autant de garder les quartiers libérés en empêchant l'armée allemande de les reprendre que d'en libérer de nouveaux en réussissant des missions indépendantes.
Plutôt riche et offrant une grande liberté d'action aux joueurs, The Saboteur s'annonce comme un jeu sympathique à la réalisation soignée. Mais, encore une fois, il faudra accepter son point de vue un rien désinvolte sur la période qu'il décrit. Le seul point noir que nous avons pu relever lors de ce premier aperçu est très factuel. Il tient au fait que, dès qu'il change d'arme, Sean Devlin les sort de son spencer. Et, puisqu'on est en vue à la troisième personne, on le voit parfaitement tirer des fusils ou des mitrailleuses de sa veste ajustée. Ridicule. A moins bien entendu qu'il ne s'agisse d'armes gonflables ou que les poches de sa veste ouvrent sur une autre dimension où les règles de la physique ne sont pas celles qui régissent notre univers. Vu l'ambiance générale du jeu, on tient là des explications plausibles...