Les jeux Léa Passion, dont le développement est confié à des studios différents, se suivent et ne se ressemblent pas. Pour les jeunes joueuses, acheter un titre de la gamme revient donc à ouvrir une pochette surprise. Elles peuvent tomber sur quelque chose de sympathique ou, dans le cas de ce Léa Passion Salon de Beauté, s'exposer à de cruelles désillusions.
Développé par Playbox Limited, un jeune studio anglais, Léa Passion Salon de Beauté s'inspire de l'histoire vraie de la styliste Paola Recabarren. Cette londonienne débuta modestement, mais son talent et son professionnalisme finirent par lui procurer une clientèle exigeante et fortunée, attirée par la réputation de son salon. Aujourd'hui, elle coiffe et maquille les plus grandes stars, de Quentin Tarantino à Keira Knightley en passant par Matt Damon et Sigourney Weaver, et fait la couverture des magazines de mode. Héroïne du jeu qui nous occupe, la jeune Léa rêve de suivre le même parcours. Elle ouvre donc son salon de beauté avec l'ambition de devenir une styliste renommée. Pour cela, il va lui falloir satisfaire et fidéliser sa clientèle, puis compter sur le bouche à oreille pour attirer des célébrités.
Ce pitch intéressant laissait présager un titre honnête, qui aurait pu permettre de gérer son propre salon de beauté. C'est raté. Léa Passion Salon de Beauté propose un gameplay insipide et artificiel centré sur la répétition de mini-jeux de coiffure et de maquillage simplistes et assistés. La gestion y est réduite à sa plus simple expression (elle ne consiste qu'à acheter quelques décorations pour agrémenter son salon), tandis que l'aspect simulation décevra les jeunes joueuses tant il les prive de toute initiative et ne leur donne jamais l'impression de coiffer et de maquiller réellement. La progression est structurée sous la forme de petites séquences qui se répètent inlassablement : chaque jour, une cliente pénètre dans votre salon de beauté (les premières clientes arrivent en bus ou au volant de leur véhicule personnel, mais les stars du show-biz débarqueront en limousine !). La première chose à faire est de lui demander de patienter, le temps de lui servir un rafraîchissement à l'occasion d'un mini-jeu basique et crétin qui en dit déjà long sur la suite. Chacune de vos clientes a ses exigences (changer de look, se préparer pour un casting, être la plus belle au bal de promo...), toujours très artificielles et donc bien dans le thème, que vous découvrez en salle de consultation. Ne comptez pas donner libre cours à votre créativité : il s'agit de sélectionner, parmi les différents styles de coiffure et de maquillage disponibles, celui qui correspond à la demande de votre cliente, sans autre choix possible. La possibilité d'en débloquer d'autres tout au long de votre progression ne sert donc pas à grand-chose puisque vous ne pouvez jamais les utiliser librement. Puis vous passez enfin à l'action.
Chaque phase de coupe, de coiffure ou de maquillage se compose de plusieurs mini-jeux successifs. Leur gameplay vu et revu (suivre une ligne avec le stylet, gratter de haut en bas, peindre...) ne leur procure guère d'intérêt, d'autant que leur potentiel mimétique est proche du zéro absolu. En d'autres termes, vous n'avez pas l'impression d'appliquer du rouge à lèvres, mais de colorier une surface avec un feutre rouge. Plus grave : vous n'exercez votre libre arbitre qu'à l'occasion de choix de couleurs (teinture, fard à paupières). Pour le reste, vous utilisez les instruments qu'on vous donne dans l'ordre où on vous les donne, sans avoir votre mot à dire. Une fois votre prestation terminée, la cliente vous donne son avis, en général très positif. Si vous avez commis quelques maladresses durant vos interventions, vous recevez un pourboire moindre, sans que cela ait de répercussion sur la suite. Puis vous passez à la cliente suivante. Ces séquences de jeu, qui ne durent guère plus de 5 minutes, succèdent donc invariablement les unes aux autres d'un bout à l'autre du jeu. De temps en temps, vous recevez la visite d'une célébrité, un photographe pendu à ses basques pour immortaliser la scène. Si elle se montre satisfaite de votre travail, la réputation de votre salon de beauté augmente : c'est le seul semblant de progression proposé par le jeu. Le reste n'est qu'une vaste escroquerie, symbolisée par les images placardées au dos de la boîte du jeu, qui n'en sont malheureusement pas issues. Inutile de dire que si vous connaissez une petite fille ou qui que ce soit d'autre susceptible d'être attiré par Léa Passion Salon de Beauté, faites votre B.A. de l'année en lui déconseillant d'acquérir ce titre d'une médiocrité absolue.
- Graphismes11/20
Ce n'est pas sur le plan graphique que le jeu déçoit, d'autant qu'en l'occurrence, Léa Passion Salon de Beauté n'a pas grand-chose d'autre à afficher que des visages en gros plan et des ustensiles de beauté. Le design glamour, artificiel et inexpressif des personnages colle bien au propos.
- Jouabilité9/20
Léa Passion Salon de Beauté propose une tenue de la console à la verticale qui s'avère judicieuse étant donné que vous travaillez la plupart du temps sur des visages. Hélas, le gameplay indigent, qui prend la forme de mini-jeux dirigistes et ultra-répétitifs, dégagés de toute velléité de gestion ou de simulation, décevra à n'en point douter le public visé.
- Durée de vie4/20
Léa Passion Salon de Beauté propose un contenu rachitique, dont la redondance vous achèvera avant même d'être devenue la styliste la plus célèbre du monde.
- Bande son6/20
Les 2 ou 3 thèmes musicaux présentent une qualité acceptable, mais leur répétitivité les rend vite horripilants. De même, certains bruitages finissent par devenir agaçants, la faute à la redondance des activités proposées.
- Scénario/
Carton assuré à l'occasion des fêtes de fin d'année, Léa Passion Salon de Beauté risque de se retrouver au pied de plus d'un sapin, prêt à étouffer de sa mièvrerie dégoulinante la petite soeur à qui Mamie aura voulu faire plaisir. Le jeu ne propose pourtant qu'un gameplay indigent, fait de mini-jeux superficiels, assistés et ultra-répétitifs qui privent la joueuse de toute initiative et ne lui donnent jamais l'occasion de se prendre pour une vraie styliste.