Bien connue des amateurs de jeux de rôle japonais et des collectionneurs de créatures étranges, la série Shin Megami Tensei s'est offert cette année un petit détour sur DS sous la forme d'un jeu très dense combinant un scénario prenant, un système de combat au tour par tour efficace et des déplacements tactiques originaux. Et vu sa qualité, croisons les doigts pour qu'un éditeur se décide à le commercialiser enfin en France.
Pas toujours très connus du grand public, les divers épisodes de la saga Shin Megami Tensei reposent généralement sur des bases identiques, à savoir : une histoire sombre, des héros jeunes, et la possibilité d'enrôler toutes sortes de démons. Qu'ils aient déjà joué aux Devil Summoner, aux Digital Devil Saga ou encore aux Persona, il de fortes chances pour que les fans se sentent en terrain conquis. Le scénario de Devil Survivor, tout d'abord, s'inscrit parfaitement dans l'esprit de la série. Suite à ce qui est reporté par les autorités comme un accident, la ville de Tokyo se retrouve tout à coup sans électricité et complètement isolée du reste du monde. Très vite, les trois personnages principaux (des étudiants, bien entendu) vont découvrir que la réalité est infiniment plus grave que ce que le gouvernement prétend grâce à de petites consoles portables baptisées COMP.
Il faut dire que ces condensés de technologie ressemblant à s'y méprendre à de banales DS, sont non seulement capables de se connecter à Internet n'importe quand mais aussi et surtout d'accéder à un autre monde pour invoquer des démons ou encore prévoir le futur. Ces fabuleuses capacités ne seront à l'évidence pas de trop pour essayer de survivre dans une ville infestée de monstres sanguinaires comme le savent déjà les quelques initiés que l'on rencontrera ici et là. De fait, après une entrée en matière assez longue destinée à nous familiariser avec les divers aspects du jeu, on aura bientôt l'opportunité de se procurer et de dresser nos propres démons pour nous aider à sauver notre peau. Grâce à un ingénieux système de ventes aux enchères, on finira même à terme par se constituer une véritable petite armée de créatures plus ou moins impressionnantes qui nous accompagneront sur les champs de batailles.
Ces champs de batailles justement, sont accessibles à partir de la carte générale qui nous permet d'explorer les différents quartiers de Tokyo. Contrairement aux récents épisodes parus sur consoles de salon, notre héros ne se promène pas ici dans des décors en 3D. Tout se passe sur des menus assez austères illustrés par des images fixes et des dialogues parfois un peu longuets. Selon les choix de conversation que l'on fera, le scénario évoluera différemment et l'on devra faire face à tel ou tel événement. Néanmoins, nous n'aurons pas de mauvaise surprise puisque les batailles sont clairement indiquées par un point d'exclamation. Après avoir sélectionné l'une d'elles, on doit alors former quatre équipes constituées d'un personnage et de deux démons. Puis, une fois que l'on a placé tout ce beau monde sur une carte tactique, on commence à effectuer les déplacements de chaque équipe sur une grille, exactement comme dans tout RPG-tactique qui se respecte (Final Fantasy Tactics, Fire Emblem, etc.). Là où l'on sera sans doute surpris en revanche, c'est quand on constatera que les combats ne se résolvent pas automatiquement. Chacun d'eux se déroule en effet au tour par tour comme dans un jeu de rôle japonais traditionnel (Dragon Quest, Suikoden...).
Toute l'originalité de Devil Survivor tient en fait dans ce mélange singulier mais néanmoins redoutablement efficace de tactique et de jeu de rôle. D'une part, il faut bien réfléchir à ses déplacements et utiliser judicieusement les capacités hors-combat de nos acolytes mais il faut aussi décider de toutes les actions qui seront effectuées durant chaque affrontement au tour par tour. Les dizaines de démons inclus dans le soft disposent tous d'attaques, de sorts et de capacités de soutien qui apparaissent clairement sur l'écran supérieur de la DS. D'un simple coup d'oeil, on repérera les faiblesses de nos adversaires que l'on tentera d'exploiter en utilisant des attaques appropriées. On ciblera en priorité ceux qui disposent d'un assaut supplémentaire et on essaiera de gagner nous-mêmes un autre assaut en plaçant des coups critiques. Quand on a réussi à se débarrasser des trois créatures composant une équipe adverse, ou simplement de son leader placé au milieu, celle-ci disparaît de la carte laissant derrière elle de l'argent et de l'expérience voire une compétence. Au fur et à mesure de la progression, nos personnages et nos créatures deviennent donc de plus en plus puissants. Et comme d'habitude, on peut fusionner nos démons dans une cathédrale pour en obtenir de nouveaux et se constituer des équipes ultimes.
Aussi, en dépit de la quantité de dialogues excessive et de quelques faiblesses au niveau de sa réalisation comme sa bande-son étonnamment répétitive, Shin Megami Tensei : Devil Survivor s'avère extrêmement addictif. Il y a des tas de bestioles à collectionner, les combats sont vraiment stratégiques et l'histoire nous tiendra en haleine jusqu'à l'un de ses nombreux dénouements. Disponible en import, ce soft original ne dispose hélas pas encore de date de sortie française. Espérons néanmoins qu'il finisse par atteindre un jour nos vertes contrées après avoir bénéficié d'une nécessaire traduction dans la langue de Molière.