Le Château Hanté de Malloy est la neuvième enquête de Nancy Drew à traverser l'Atlantique. Très appréciée aux Etats-Unis, la série a aussi ses fans en France, qui attendent chaque nouvel épisode avec impatience. Nul besoin d'avoir lu les romans de Caroline Quine (où Nancy est connue sous le nom d'Alice) pour s'identifier à cette jeune fille ordinaire, dont la seule vraie particularité est d'aimer résoudre les mystères. Sous un enrobage pas toujours très attrayant et des mécaniques poussiéreuses se cache généralement une histoire prenante, soutenue par des énigmes solides. Et puis il faut bien avouer que l'aspect désuet des jeux Nancy Drew est aussi ce qui fait leur charme !

Dans l'opus qui nous occupe, Nancy est un jour contactée par une vieille amie, qui lui propose d'être sa demoiselle d'honneur à l'occasion de son mariage. Kyler Mallory, c'est son nom, vit en Irlande dans un vieux château médiéval partiellement détruit pendant la Seconde Guerre mondiale, qu'elle a hérité de son défunt grand-père. Alors que Nancy arrive aux abords du château au volant de sa voiture, elle est victime d'un accident, effrayée par une apparition fantomatique. Rien de grave, heureusement, d'autant qu'il y a pire : la jeune fille apprend très vite que Matt Simmons, le futur marié, a disparu. Est-ce une mauvaise blague de sa part ou bien, comme le suggère Donal le vieux gardien, aurait-il été enlevé par le "beau peuple" ? La dame blanche qui hante les lieux et qu'on entend régulièrement hurler dans les couloirs du château aurait-elle quelque chose à voir là-dedans ? Nancy veut dépasser toutes ces superstitions, entretenues par la population locale, pour démêler le nœud de l'intrigue et retrouver Matt à temps pour le mariage.

Cet épisode de Nancy Drew prend une nouvelle fois la forme d'un point'n click en vue subjective, bien que certaines séquences de jeu en extérieur vous amènent à contrôler Nancy par le biais d'une représentation aérienne (au rendu visuel obsolète). L'interface à base de pointer/cliquer n'a pas changé d'un iota ; elle n'est ni très ergonomique ni très esthétique mais on finit par s'en accommoder, même si on n'est pas un familier de la série. La seule nouveauté de gameplay consiste dans l'apparition de machines automatiques, à activer avec des pennies. Nancy peut obtenir ces petites pièces de monnaie irlandaises en fouinant un peu partout ou en travaillant comme serveuse au pub du coin (c'est l'occasion d'un mini-jeu de commande plutôt sympathique et bien réalisé). Elle peut alors les utiliser pour activer une diseuse de bonne aventure automate, auprès de laquelle elle obtiendra quelques indices, ou bien encore pour prendre part à des épreuves aussi passionnantes que les sept erreurs ou le lancer de fléchettes, qui ont le bon goût de rester optionnelles.

Pour le reste, l'aventure se montre très classique. Les dialogues y sont moins fréquents que de coutume car Nancy ne croise guère que quatre ou cinq protagonistes au cours de son enquête. Les lieux sont souvent vides et relativement sombres, ce qui crée une ambiance particulière. Mais le plaisir de l'exploration reste un peu maigre car le château n'est pas très grand, même si on peut aussi en explorer les jardins une fois que Nancy a mis la main sur une lampe. Du coup, l'essentiel du temps de jeu consiste à résoudre des puzzles divers et variés. Les amateurs de casse-tête seront aux anges, les autres beaucoup moins. Car, passer une bonne heure sur des tours de Hanoï, cela rallonge la durée de vie mais ça casse quand même pas mal l'immersion, même si comme d'habitude la difficulté des énigmes peut être réglée. Il arrive même de résoudre un puzzle et d'obtenir en récompense... une pièce servant à activer un autre puzzle ! Autant dire que ça tourne pas mal à vide. Reconnaissons tout de même que l'intrigue finit par avancer et qu'elle ménage son lot de surprises.

La nouvelle aventure de Nancy Drew pourrait donc malgré tout être conseillée aux inconditionnels de la série, si elle n'était entachée, dans sa version française, d'un fâcheux problème de progression. Une des énigmes, qui consiste à placer les invités sur la table du mariage, a semble-t-il été traduite à l'issue d'une soirée arrosée au Whisky : les exigences des invités contiennent des contradictions et font mention de noms propres qui ne correspondent pas à ceux des étiquettes. Seule une persévérance monstre ou un recours à un forum US permettent alors de s'en sortir. Carton rouge à Micro Application !