Hésitant entre Phoenix Wright, CSI et Time Crisis, Miami Crisis est une sorte de pot pourri de ces trois franchises. Multipliant les styles, le titre de Hudson évite donc le piège de se voir enfermer dans une catégorie bien précise. Maintenant, on se demande bien si cette absence d'uniformisation est un avantage ou un inconvénient.
Tout débute de façon plutôt conventionnelle, du moins si vous êtes fan du cinéma de Michael Man ou accessoirement de séries policières. Ainsi, on fait rapidement la rencontre avec Lawrence Martin, policier infiltré cherchant à démanteler un cartel de drogue, et Sara Starling, agent du FBI spécialisée dans le domaine médico-légal. Les deux tourtereaux vont donc tenter de mener à bien leur mission chacun de leur côté ou main dans la main. Ce sera l'occasion pour le joueur de choisir son personnage à plusieurs moments de la partie, ceci rallongeant d'autant plus la durée de vie même si au final le déroulement de l'intrigue reste plus ou moins le même. En somme, en fonction des héros, vous aurez droit à des séquences diverses, Lawrence étant plus à l'aise derrière un flingue ou une quinte flush que Sara qui, elle, ne se fera pas prier pour effectuer des recoupements d'informations ou jouer au sudoku.
Miami Crisis alterne donc des phases de dialogue et plusieurs séquences apportant leur lot de "dépaysement". De fait, nous avons droit à du shoot façon Time Crisis où il suffira de balader un viseur à l'écran pour dégommer des types étrangement résistants. Maniable mais loin d'être passionnant et convaincant. Suivent des courses-poursuites durant lesquelles votre voiture sera engoncée dans le bas de l'écran. Le but du jeu sera alors d'éviter quelques éléments épars afin de rejoindre notre destination. Ici aussi on sent bien le développement à la va-vite, le résultat étant peu intéressant aussi bien sous sa forme "3ème personne" que "1ère personne" synonyme de conduite et de gunfight. En somme, cette limitation intrinsèque s'applique également aux autres "mini-jeux", plutôt nombreux mais bien trop limités. De fait, on aura beaucoup de mal à triper avec les phases de piratage nous demandant de regrouper trois informations, les actions médico-légales similaires dans leur principe ou la recherche d'empreintes digitales servant simplement à nous rappeler, via une utilisation de stylet et du micro, que nous sommes sur Nintendo DS. On rajoutera entre autres les parties de poker ou sudoku, sans saveur et ne servant strictement à rien si ce n'est à passer le temps. Et du temps, croyez-moi, vous allez en perdre.
On aborde ici un autre point essentiel de Miami Crisis tenant en un mot : enquête. Comme vous pouvez le penser, vous allez devoir arpenter plusieurs lieux et discuter ferme pour faire avancer l'intrigue. Le hic, c'est que la progression semble terriblement factice en multipliant notamment les dialogues interminables. On devra ainsi se coltiner des causettes soporifiques auxquelles s'ajoutent d'innombrables allers-retours entre les diffèrents lieux de l'action. A ce sujet, et afin d'éviter de se retrouver bêtement bloqués, n'oubliez pas à chaque écran de jeu de jeter un coup d'oeil à la scène histoire de voir si vous pouvez entrer quelque part. Malgré tout, on se sent parfois perdu en ne sachant trop quoi faire. On devra alors parler à tout le monde, en leur forçant un peu la main, tout examiner, plusieurs fois même, et cavaler à droite à gauche en espérant que ça débloque quelque chose. Néanmoins, il suffira la plupart du temps de jeter un oeil à son PDA pour savoir ce qu'on attend de nous ou d'utiliser son téléphone, l'usage de ce dernier étant toutefois tributaire des besoins de l'enquête. Finalement, Miami Crisis dispose d'un mélange agréable de genres mais ne parvient jamais à aller au bout de ses idées, enfermé qu'il est dans un classicisme manquant souvent de fignolage.
- Graphismes10/20
Les arrière-plans sont d'un amateurisme sans nom mais les artworks des personnages rattrapent un peu le tout. Les différents mini-jeux profitent quant à eux d'une 3D sommaire ou d'interfaces n'ayant rien de particulier.
- Jouabilité13/20
Si la jouabilité lors des séquences de tir renvoie à n'importe quel Virtua Cop ou Time Crisis, les phases de conduite sont extrêmement limitées, le tout faisant davantage penser à un Pole Position qu'à un Asphalt : Urban GT. Ceci dit, la plupart du temps, vous n'aurez qu'à aller d'un endroit à l'autre et parler aux bonnes personnes afin de faire avancer l'histoire.
- Durée de vie13/20
Les checkpoints et la possibilité de sauvegarder devraient vous permettre de boucler le titre sans trop de difficultés. En somme, le principal soucis sera de bien répondre aux questions de vos interlocuteurs ou de ne pas tirer comme un manche lors des phases de tir.
- Bande son11/20
Pas de voix digits et des musiques qui deviennent vite saoulantes, surtout si on s'amuse à tourner en rond.
- Scénario10/20
L'histoire est convenue et malgré quelques surprises, on nage en plein récitation d'épisodes de Miami Vice. Caricatural et pataud, le scénario ne décolle pas vraiment et se permet même d'incessants allers-retours ponctués de dialogues inutiles.
Malgré un concept plus ou moins original nous proposant d'incarner deux héros et de jouer à plusieurs mini-jeux, Miami Crisis ne va jamais vraiment au bout de ses idées. Inutilement bavard, peu entraînant dans ses scènes d'action et très limité dans son gameplay, le jeu de Hudson Soft pourra toutefois représenter un bon point de départ pour ceux voulant tâter du jeu d'enquête. Les fans de Phoenix Wright, eux, pourront passer leur chemin la tête haute.