Disponible deux mois à peine après la faillite de son développeur Ascaron, Sacred 2 : Ice & Blood fait un peu figure d'œuvre posthume. Mais cela ne doit pas ternir notre enthousiasme face à cette extension qui offre deux régions supplémentaires à explorer et une nouvelle classe à incarner : le mage dragon.
Sorti il y a tout juste un an, Sacred 2 : Fallen Angel nous avait bluffés par son univers immense et fouillé, au service d'un gameplay sympathique pour furieux du genre. En revanche, son manque de finition nous avait déçus. Depuis, les développeurs ont travaillé d'arrache-pied pour l'optimiser et en corriger les bugs : en un an, le jeu a connu pas moins de 6 mises à jour (pour plus d'1,5 Go de données), qui lui ont apporté de nombreuses améliorations en termes de performances et de stabilité, mais lui ont aussi rajouté des zones inédites ainsi que de nouveaux adversaires, armes et quêtes. Bref, Ascaron Software avait su se faire pardonner avec cet excellent suivi... jusqu'à ce que le studio, victime de difficultés financières, finisse par fermer ses portes au mois d'août dernier. De notre petit point de vue égoïste de joueurs/consommateurs, on se félicitera tout de même que les développeurs aient eu le temps de boucler l'extension de Sacred 2, que nous accueillons aujourd'hui sur PC, sa sortie sur consoles étant plus que compromise.
Hormis quelques nouvelles fonctionnalités que nous évoquerons à la fin de cet article, Ice & Blood offre surtout deux zones supplémentaires à explorer et une septième classe à incarner : le mage dragon. Cette dernière s'avère très agréable à jouer. En dépit de son look de moine de Shaolin (du moins avant que vous ne l'affubliez d'une armure), il s'agit comme son nom l'indique d'un mage pur et dur, puissant à distance mais peu résistant au corps-à-corps. Un concurrent de poids pour la Haute-Elfe donc, d'autant qu'il dispose d'arts du combat particulièrement séduisants. Outre des pouvoirs élémentaires classiques mais efficaces et spectaculaires (comme ce mur protecteur qu'il fait surgir du sol), le mage dragon maîtrise les invocations : il peut appeler des créatures élémentaires en renfort, ou bien encore se transformer (momentanément) lui-même en un puissant dragon capable d'arroser le champ de bataille d'un jet de flammes bien senti. C'est donc une classe plus polyvalente qu'il n'y paraît de prime abord, dont les différentes capacités ont été conçues pour générer affrontements plus dynamiques, plus techniques et mieux équilibrés. Rien que ses somptueux sets d'armures et sa puissante monture, le fougueux Draconicon, suffisent à rendre le mage dragon terriblement séduisant. Son background le rattache à un culte obscur retranché dans une île au sud d'Ancaria, une zone de départ dont vous n'aurez hélas qu'un trop bref aperçu. Vous emprunterez en effet très vite un téléporteur qui vous conduira directement à Sloeford.
Si vous avez déjà quêté maintes fois dans le coin (pour essayer les différentes classes du jeu), vous grimacerez sans doute à cette idée. On apprécie que cet add-on permette de parcourir le monde de base (contrairement à Underworld, l'extension de Sacred premier du nom), mais on aurait tout de même aimé bénéficier d'une zone de départ alternative pour monter ce nouveau personnage sans trop de lassitude. Le level scalling aidant, il reste toutefois possible de se rendre sans attendre dans l'une des deux nouvelles régions (il suffit pour cela de prendre un bateau à Thilysium). L'une d'elles, située à l'extrême sud-est, se présente sous la forme d'une forêt maudite à l'atmosphère burtonienne, peuplée qu'elle est d'arbres qui saignent et de bourbiers infectés de créatures étranges. La seconde, située au nord-ouest d'Ancaria, est une zone de chasse et d'entraînement pour les séraphins (sic). Vous y trouverez de magnifiques plaines de cristaux dans lesquels se refléteront vos combats contre la faune locale. Le problème, c'est qu'en dépit de leur ambiance très réussie, ces deux nouvelles régions sont tout de même moins travaillées que celles du jeu d'origine. Elles donnent parfois trop l'impression de simples parcs à monstres dignes d'un MMO, surtout lorsque les quêtes vous y envoient chercher 35 fourrures de yéti. En outre, leur surface cumulée ne représente pas plus de 10 % de celle d'Ancaria. Même si cela implique un grand nombre d'heures de jeu, on s'attendait tout de même à mieux en la matière étant donné le prix de vente de l'extension (30 euros tout de même).
Par chance, les développeurs d'Ascaron ont inclus suffisamment d'améliorations pour justifier son acquisition. A commencer par la possibilité d'attaquer de loin avec un bâton, qui peut désormais tirer des projectiles à distance puis reprendre sa fonction d'arme contondante au corps-à-corps. Cette nouveauté ravira les lanceurs de sorts qui seront moins dépendants du cooldown de leurs arts du combat. A ce sujet, sachez que Ice & Blood offre aux joueurs spécialisés dans un seul aspect la possibilité de régénérer plus vite les arts du combat qui y sont liés (au détriment des autres) ; dommage que cette option soit accessible uniquement lors de la création d'un personnage (qui s'enrichit au passage de quelques options). La jouabilité a elle aussi été revue, puisque les raccourcis autorisent désormais le lancer de sorts immédiat et que le nombre d'emplacements d'armes et d'arts du combat a été porté à 5 (cela reste moins que les versions consoles, mais c'est toujours bon à prendre). Au rayon praticité, accueillons comme il se doit la possibilité de se téléporter librement sur la carte (vers tout portail découvert ou pierre des âmes active) ou encore celle de bénéficier, dans tous les modes de jeu, du démon porteur. Cette option, qui vous donne accès à votre coffre où que vous soyez, était jusque-là réservée aux possesseurs de l'édition collector ou vendue à prix fort sous forme de DLC. Sachez enfin qu'une fonction d'exportation (irréversible) permet d'utiliser hors ligne (en solo ou en réseau local) les personnages créés pour les parties en ligne.
Bref, les améliorations ne manquent pas et renouvellent pas mal l'expérience de jeu, d'autant que Sacred 2 : Ice & Blood propose bien évidemment son lot de nouveaux objets et sets d'armures (quatre par classe) ainsi que de nouvelles montures. Dommage tout de même que l'équilibrage des classes n'ait pas été revu (notamment en multi) et que cette extension ne propose pas vraiment de nouvelle campagne digne de ce nom. L'ensemble reste tout de même suffisamment efficace pour vous inciter à vous replonger dans l'univers d'Ancaria.
- Graphismes15/20
Les nouveaux environnements, aux qualités visuelles indéniables, vous plongent dans une atmosphère très particulière. Les nouveaux monstres sont très réussis et le mage dragon assure le spectacle. Dommage que la palette de couleurs criardes et certaines animations médiocres soient toujours de la partie.
- Jouabilité15/20
La jouabilité de Sacred 2 a été améliorée sur bien des points, sauf sur son interface perfectible et sa caméra parfois problématique. La classe de mage dragon est très plaisante à jouer ; elle suscite des affrontements plus dynamiques et le personnage reste très maniable même dans sa forme de dragon.
- Durée de vie13/20
Comme dit dans le test, l'étendue des deux nouvelles régions représente à peine 10 % de celle du jeu original. Ice & Blood inclut tout de même de nouveaux monstres, boss, objets et sets d'armures, ainsi que de nouvelles montures... Bref, de quoi bénéficier d'une bonne vingtaine d'heures de jeu supplémentaires.
- Bande son14/20
Les nouveaux thèmes musicaux se marient toujours aussi bien avec l'univers techno-médiéval et décalé de Sacred 2. Les bruitages et les doublages sont égaux à eux-mêmes : les premiers sont trop discrets, les seconds réussis.
- Scénario8/20
On ne s'attendait pas à ce que Ice & Blood nous offre un scénario digne de ce nom, mais on ne s'attendait pas non plus à ce que les nouvelles quêtes présentent un intérêt digne d'un MMORPG free to play coréen.
Avec Ice & Blood, Sacred 2 s'enrichit de nombreuses améliorations et d'un nouveau contenu qui devraient inciter les inconditionnels à replonger dans l'univers d'Ancaria. La classe de mage dragon, spectaculaire et bien équilibrée, en séduira plus d'un. Dommage que les deux nouvelles régions, à l'ambiance très travaillée, ne soient pas aussi étendues ni aussi fouillées que celles du jeu d'origine, et qu'elles ne servent pas de support à une campagne digne de ce nom. Bref, cette extension remplit son rôle avec une certaine efficacité, mais en guise de baroud d'honneur de la part d'Ascaron Software, on attendait sans doute encore mieux.