Revenue au meilleur de sa forme lors des deux épisodes précédents, la série FIFA n'a plus le même statut qu'il y a 24 mois. Désormais référence incontestable en matière de simulation footballistique, la franchise d'EA Sports est le jeu de foot le plus attendu de l'année par les puristes...
Sûr de sa force, EA a massivement communiqué, depuis le début de l'été, sur son titre devenu une grande simulation depuis FIFA 08. Une confiance manifeste assez communicative puisqu'il faut bien avouer qu'à chaque session de jeu réservée à la presse, le petit dernier de la série a su convaincre en s'appuyant sur des nouveautés qui feront mouche auprès des connaisseurs. En parallèle, le gros du travail s'est concentré à équilibrer le jeu au maximum et à gommer les défauts de son aîné, qu'ils aient été constatés par les équipes de développement de FIFA ou par la communauté gargantuesque. Car là aussi, Electronic Arts a insisté sur le fait que les joueurs ont été les premiers consultés et les premiers écoutés quant aux manques et imperfections de FIFA 09. Ainsi, FIFA 10 se présente comme un titre qui s'appuie à la fois sur l'expérience acquise ces deux dernières saisons et sur les bonnes idées des studios d'EA Sports, sans doute un peu boostés par le surplace opéré par la concurrence depuis l'arrivée des consoles HD.
Le gameplay de FIFA 10, s'il se veut évidemment proche de son prédécesseur, a fait l'objet de multiples retouches. Adoptant un rythme de jeu sensiblement plus rapide que FIFA 09 (on le constate en réalité surtout entre deux équipes de très haut niveau), il offre parallèlement plus de possibilités en termes de construction de jeu. La première raison n'est autre que l'apparition des dribbles à 360 degrés ou, plus concrètement, la possibilité d'orienter la course de son poulain dans n'importe quelle direction du terrain. Jusqu'à présent bornés à huit axes (gauche, droit, haut, bas et les quatre diagonales), les déplacements des joueurs devenaient peu à peu prévisibles, que ce soit en situation de relance ou de un-contre-un. Désormais, et pour peu que la technique du bonhomme en question ne soit pas défaillante, le possesseur du ballon a plus de chance de surprendre le joueur qui le marque. Cela a également pour effet d'améliorer le jeu dans de petits espaces et de se sortir plus facilement d'un marquage à la culotte ou d'une prise en sandwich. Attention cependant, cette fonctionnalité ne doit en aucun cas être considérée comme un geste technique mais force est de constater qu'elle prend beaucoup plus d'ampleur avec de bons manieurs de ballons ou des joueurs dont le centre de gravité est situé assez bas qu'avec un boucher ou un double-mètre.
Afin de rendre le jeu plus souple et moins tributaire de l'anticipation des utilisateurs, EA a aussi fait en sorte d'améliorer les réflexes des joueurs en leur attribuant tout un tas de gestes dits d'urgence. On remarque alors que le comportement des protagonistes est plus intelligent et qu'ils sont désormais capables de fluidifier la construction en s'appuyant sur un jeu sans ballon beaucoup moins passif. Ainsi, un joueur qui se trouve sur la trajectoire d'une passe qui ne lui est pas destinée saura éviter le ballon en le laissant filer pour le destinataire. Une aubaine pour les amateurs de faux appels ou tout simplement, pour un joueur qui souhaite jouer en passes à la fois longues et directes. Mais ce n'est pas le seul exemple. On constate énormément de progrès dans la gestion des duels et dans la façon dont un défenseur va sauver une situation désespérée. Celui-ci aura simplement davantage tendance à se jeter pour dégager la balle et à devancer par tous les moyens un attaquant tout près de frapper au but. Il n'est donc plus indispensable de défendre dans un fauteuil pour maximiser ses chances de contrer ou récupérer la balle dans ses 16m50. L'impact direct n'est autre que le rééquilibrage entre l'attaque et la défense. Un constat appuyé par des duels physiques beaucoup plus fréquents, notamment grâce au nivellement des différences entre un joueur qui va très vite et un autre dont l'accélération n'est pas un point fort.
Les allergiques aux passes en profondeur génératrices de duels faciles face au gardien peuvent donc être rassurés, défendre sur ce genre d'action est désormais possible en imposant son physique, si tant est que l'un des deux défenseurs centraux soit plus costaud que l'attaquant qui part seul au but. Combiné à un placement plus intelligent et surtout plus autonome des joueurs pas directement concernés par l'action, cet aspect de gameplay densifie les milieux de terrain et tend à resserrer les lignes, comme dans la réalité. La notion de bloc équipe existe donc bel et bien dans FIFA 10. Les déplacements des joueurs ont donc été nettement améliorés et on le constate sur deux exemples assez frappants. Le premier, lors de phases défensives, où un milieu récupérateur aura souvent le réflexe de venir couvrir la montée d'un défenseur central. Le second, balle au pied cette fois, où les attaquants de pointe font ce qu'il faut pour se démarquer lorsque l'on arrive à proximité de la surface de réparation. Un jeu plus en mouvement qui permet d'improviser et de laisser l'instinct parler. Enfin, précisons que l'arbitre n'a pas échappé au viseur des développeurs du jeu puisque lui aussi sait dorénavant écarter les jambes pour laisser filer le ballon. Malheureusement, l'homme en noir manque parfois de réflexes et continue à contrer des passes involontairement et surtout, à une fréquence exagérée et ainsi, bien peu réaliste.
La physique de balle a elle aussi, connu quelques ajustements qui s'imposaient et quelques minutes de jeu suffisent à ce que l'on note une réelle différence avec FIFA 09. Sur les transversales par exemple, alors que les ballons flottaient et montaient très haut dans le ciel, ils adoptent cette fois une pénétration dans l'air bien plus fidèle à la réalité. La balle semble plus lourde mais lui donner de l'effet est paradoxalement bien plus facile, notamment sur les centres et les coups de pied arrêtés. Dans FIFA 09, un corner exigeait d'avoir un timing hyper précis afin d'enrouler la balle. Dans FIFA 10, la tolérance est telle qu'il ne faut quasiment pas toucher aux directions si l'on souhaite frapper tendu. Idem sur les centres où les balles sont désormais systématiquement enroulées, ce qui permet de trouver plus facilement un attaquant dont la course n'est pas sur la même ligne que celle du centreur. Le gain en puissance et en précision sur les têtes est également notable bien qu'il soit toujours aussi compliqué de marquer d'un coup de caboche dans FIFA. Autre défaut des centres, en configuration assistée, ceux-ci sont quasi-systématiquement trop forts et centrer piquet au premier poteau relève du prodige. Les tirs de leur côté sont encore moins automatisés que dans les précédents opus qui avaient pourtant déjà beaucoup apporté à ce niveau-là. Marquer en déséquilibre, sur son mauvais pied ou en étant à la lutte avec un défenseur est réellement plus compliqué qu'auparavant.
Mais ce qui plaira en priorité aux connaisseurs et aux perfectionnistes, c'est sans nul doute l'éditeur de coups de pied arrêtés. Présenté comme une nouveauté parmi d'autres, celui-ci est pourtant une petite révolution dans le monde du ballon rond virtuel. Accessible en appuyant sur la touche Select dans l'arène, il permet en effet de travailler les corners ainsi que les coups francs jouxtant la surface de réparation (il aurait d'ailleurs été bon de pousser la fonction jusqu'à la ligne médiane). Il incombe alors à l'utilisateur de choisir la course de chacun de ses 10 joueurs afin de personnaliser entièrement sa manière de jouer les coups de pied arrêtés. Une idée de génie dans la mesure où FIFA 09 s'avérait bien pauvre et répétitif à ce niveau-là. Envoyer un joueur au premier poteau, un autre au second, un troisième en retrait, un dernier en dédoublement... Tout ceci est possible et paramétrable à la seconde près. En effet, vous pouvez choisir l'instant précis où chacun de vos joueurs doit démarrer sa course, indépendamment de celle des autres. L'objectif est évidemment de pouvoir enregistrer ces phases et de les réutiliser à souhait, en plein match afin de mieux surprendre votre adversaire. Un petit bonheur, d'autant que FIFA 10 propose de changer le tireur du coup de pied arrêté en temps réel. Seul problème, vous n'avez que très peu de temps pour le faire avant que l'IA ne se charge de botter le cuir. Précisons tout de même que l'arène abrite également un mode Entraînement classique avec la possibilité de faire des matches d'entraînement ou de travailler simplement vos frappes de balles sur coups de pied arrêtés.
Du tout bon donc ou presque, puisque FIFA 10 n'est pas exempt de tout reproche. Si nombre de corrections ont beaucoup apporté à l'expérience de jeu, quelques défauts de taille persistent. L'IA des gardiens pose par exemple toujours autant de problèmes. Placement douteux et trop avancé, incapacité à bloquer certaines balles d'apparence inoffensives, comportement parfois risible dans le jeu au pied... Bref, les buts gags ne sont pas forcément nombreux mais découlent trop souvent d'une erreur du dernier rempart. Autre cible de nos critiques, l'arbitre. Si celui-ci a revu sa manière de prendre en compte l'avantage, il demeure quelques oublis rageants ou des décisions très aléatoires sur le fait de siffler ou non une faute ou de passer de la simple réprimande au carton jaune et du jaune au rouge. Le jeu d'EA déçoit à d'autres niveaux, certes plus anecdotiques, mais qui devront évoluer très bientôt sous peine d'handicaper sérieusement la licence. On pense notamment au très petit nombre de sélections nationales (on en compte 41 alors que FIFA 98 lui, comptait tous les pays du monde dans sa base) ou au mode Deviens Pro qui se borne à quatre saisons, pendant que le même mode est calqué sur une carrière entière dans Pro Evolution Soccer. En effet, quel intérêt de débuter avec un jeune joueur de 17 ou 18 ans pour le lâcher quatre ans plus tard, alors qu'il lui reste au bas mot 10 ou 15 années professionnelles devant lui ? Autre exemple, pourquoi n'est-il toujours pas possible de modifier directement le physique d'un joueur dans l'éditeur prévu à cet effet ? Ou pourquoi l'interface n'est pas rendue plus ergonomique et plus rapide, notamment en ce qui concerne les transferts manuels ou la gestion plus globale des équipes ?
Des petits détails qui ne suffisent pas à noircir le tableau qui compte désormais un nouveau coup de maître : le mode Pro Virtuel. Extension du mode Deviens Pro, celui-ci permet de créer un avatar et de le faire évoluer tout aussi bien Offline qu'Online. Par l'intermédiaire d'"exploits" internes à FIFA 10 (que l'on peut assimiler aux trophées), le joueur fait progresser son pendant virtuel, précédemment créé dans un éditeur de joueurs classique (il est du reste, possible d'uploader votre photo sur le site easportsfootball.fr pour la télécharger ensuite dans le jeu. Notre expérience n'a pas été totalement concluante). Qu'il s'agisse d'exploits à réaliser dans l'arène, dans le mode Carrière ou en Deviens Pro, on en compte plus de 200, dont certains s'accomplissent rapidement (réussir une panenka dans l'arène) et d'autres sur le long terme (jouer 150 matches en Pro, couvrir 3200m en 25 matches en Deviens Pro...). L'objectif n'est autre que d'améliorer tous les attributs de votre avatar afin qu'il soit à la fois performant hors ligne et en ligne. En effet, vous pourrez ensuite l'inscrire dans le club que vous, ou l'un de vos amis, aura créé sur le Playstation Network. Ainsi, il est désormais possible de créer un club original (l'E.S. Cerzat par exemple) dont l'effectif ne sera composé que par vous et vos amis, modélisés comme dans la réalité. Une trouvaille parmi les trouvailles qui permet au jeu en ligne de FIFA 10 d'être encore plus exceptionnel qu'il ne l'était. Amélioré à tous les niveaux, il devrait cette année sanctionner les ragequit et équilibrer les débats en Ligue Interactive. En effet, les équipes, que ce soit Clermont Foot ou le Real Madrid, s'appuieront sur le même 11 composé de joueurs fictifs. Il va y avoir du sport, du vrai !
- Graphismes17/20
Bien que le moteur de jeu n'a pas progressé, l'apparition de nouvelles animations rend le spectacle nettement plus crédible. Si certaines pelouses tendent malgré elles vers le synthétique, d'autres affichent un réalisme assez bluffant qui va de pair avec le niveau de détails affiché par les différents stades. Quant à la modélisation des joueurs, elle continuera à faire débat mais leur gabarit et leur style de jeu sont tellement bien respectés...
- Jouabilité18/20
Un chouia plus rapide que FIFA 09, FIFA 10 n'en est pas moins réaliste, bien au contraire. Si l'écart entre les bons clubs et les top teams est peut-être encore un peu exagéré, le gameplay continue d'être agrémenté de bonnes idées qui font que le jeu d'EA est aujourd'hui une simulation extrêmement pointue. Plus instinctif, plus varié, plus souple et moins prévisible, ce gameplay jouit surtout d'un rééquilibrage réussit entre l'attaque et la défense. En dehors de l'IA des gardiens, peu de défauts sautent aux yeux.
- Durée de vie17/20
Les possibilités demeurent quasi infinies et l'apparition du Pro Virtuel compense la stagnation du Deviens Pro, toujours bridé à quatre petites saisons au niveau du Offline. Complet, FIFA 10 l'est à tous les niveaux ou presque et s'appuie sur un contenu en ligne immensément riche et soigné. De plus, le mode Carrière a vu sa difficulté et son réalisme rehaussés, notamment au niveau des finances et des transferts, moins fantaisistes.
- Bande son17/20
L'essentiel des commentaires de Hervé Mathoux et Franck Sauzée s'appuie sur les mêmes échanges que dans FIFA 09. Une petite mise à jour a cependant été effectuée afin de supprimer la plupart des petits bugs dont ils étaient victimes. On se demande simplement pourquoi EA persiste à mettre en avant un duo qui n'existe plus à la télévision et ce, malgré la crédibilité de leurs interventions. L'ambiance des matches est toujours aussi prenante (malgré quelques temps morts peu justifiables) et jouit de quelques ajouts sympathiques, comme des consignes d'entraîneur que l'on n'entend qu'en se rapprochant du banc de touche.
- Scénario/
FIFA 10 ne déçoit pas et s'impose comme une version nettement améliorée de FIFA 09. Dans la continuité de sa progression, la série a gagné en crédibilité et les retours des joueurs ont manifestement porté leurs fruits. Sans être parfaite, la simulation d'EA Sports est d'une rare qualité, parfaitement à jour en termes de sensations et surtout ultra réaliste au niveau de la construction, des contacts et des possibilités tactiques. Mais plus que jamais, l'expérience FIFA passe par le jeu en ligne, fourmillant de bonnes idées dont la principale est sans aucun doute le mode Pro Virtuel.