Ruby Malone ne rigole pas, si son agilité aurait pu lui offrir une brillante carrière d'acrobate chez Pinder c'est le travail qui laisse du sang sur les mains qu'elle a choisi. Et considérant la quantité de sang qu'elle fait couler, elle doit acheter du savon noir par kilos.
Pour avoir une idée de ce qu'est WET, il faut imaginer la rencontre entre Max Payne, Prince of Persia et Tarantino. Si, si, faites un effort. Maintenant, vous éjectez le héros dépressif ou exotique pour le remplacer par Ruby, une héroïne trash qui se soigne en avalant de grandes rasades de whisky. Comme Max Payne, Ruby a pour principal objectif dans la vie de truffer de plomb quiconque se pointe dans la rue mais elle, elle choisit de le faire en faisant des pirouettes, plongeons et autres glissades, courses sur murs ou roulades sur barres fixes. Vous comprenez donc le rapport avec Prince of Persia. Lorsque Ruby se lance dans un mitraillage en règle alors qu'elle effectue une acrobatie, elle profite d'un bullet time qui durera tant que les cabrioles seront enchaînées et les malotrus massacrés. L'idée étant donc de faire un maximum de cartons avec le maximum de classe. D'ailleurs, la qualité de vos figures vous fera gagner des points de style pouvant être dépensés dans l'acquisition de nouvelles aptitudes ou d'améliorations de vos armes. Outre ses doubles flingues, doubles fusils et doubles mitrailleuses, on notera que Ruby joue également de la lame afin de se débarrasser des gêneurs au corps-à-corps.
Nous voilà donc partis à travers des niveaux souvent glauques, sales, aussi trash que les adversaires que nous devrons affronter. Des niveaux qui offrent toujours suffisamment de prises aux acrobaties, à tel point que leur tracé devient malheureusement trop prévisible et grossier, faisant un peu perdre de son naturel à la chose. Diverses séquences hors normes viennent toutefois rompre la monotonie de la progression. En premier lieu, Ruby se retrouvera régulièrement piégée dans des sortes d'arènes dont il faudra bloquer les accès afin d'empêcher de nouvelles vagues d'ennemis de venir nous casser les noix. Restera à terminer le ménage, généralement par le biais d'un carnage assez spectaculaire. Vient ensuite le mode Rage qui concerne en fait des niveaux particuliers qui lui sont dédiés. La chose est par ailleurs joliment amenée par une séquence au cours de laquelle Ruby se retrouve avec le visage "accidentellement" couvert de sang. Or, Ruby a beau être une héroïne brutale, elle n'en est pas moins femme et donc allergique aux taches (paf !). Le joueur a alors droit à un affichage intégralement rouge, noir et blanc, évoquant un peu Mad World. C'est du plus bel effet et souvent accompagné d'une excellente musique. Enfin, troisième petit piment, des séquences ultra scriptées dont on retiendra finalement essentiellement la première, la course poursuite. Composée de séquences d'action contextuelles nous faisant bondir d'une voiture à une autre, cette poursuite explosive est relativement réussie. On n'en dira pas forcément autant de la chute libre depuis les reste d'un avion en flammes.
S'il y a bien une chose que l'on peut facilement apprécier dans le jeu d'Artificial Mind and Movement, c'est la façon dont ils ont pompé sans vergogne la mise en scène et le style graphique de Quentin Tarantino. Malgré un moteur 3D pas nécessairement bluffant (voire pas du tout), le filtre graphique à l'ancienne apporte une petite touche d'originalité à l'ensemble et quelques effets d'habillage, comme les intermèdes tirés de vieux cinémas drive-in des années, font mouche. Plus encore, on saluera la bande originale qui nous en met franchement plein les oreilles. Dommage en revanche que la maîtrise du côté kitsch assumé du scénario et des dialogues soit moins probante et surtout révélatrice des dérapages divers du jeu, dont le gameplay va finalement rapidement montrer ses faiblesses.
Si durant les premières heures de jeu le gameplay acrobatique de WET peut séduire, on réalise rapidement à quel point tout ça manque de profondeur. Malgré la possibilité d'améliorer les performances de Ruby, l'impact de la chose se ressent finalement bien peu. Une fois que l'on maîtrise les cabrioles, plus rien n'évolue, à part la résistance des ennemis. Le fait d'avoir le sentiment de tirer avec un pistolet à billes n'aide d'ailleurs pas à se plonger dans le feu de l'action. Une action qui, malgré les efforts évoqués plus haut, souffre d'un rythme un peu trop redondant. Nombreux sont ceux qui pesteront également contre les commandes pas toujours très précises, si vous n'êtes pas amateur d'à peu près, passez votre chemin, aussi bien pour le tir que pour les acrobaties. Du coup, WET passe sous la barre du jeu pop corn et on hésitera grandement avant de le mettre dans sa liste de jeux d'action de cette rentrée car passé l'effet de surprise des bains de sang chorégraphiés à la Kill Bill, c'est une chape d'ennui qui s'abat sur nous.
- Graphismes13/20
Un joli habillage très tarantinesque donne une certaine personnalité au jeu mais en dehors de ça, le moteur 3D est à la ramasse, les bugs d'affichage ne sont pas toujours très discrets et les animations plus que limite.
- Jouabilité10/20
Pas mal de bonnes idées, originales ou reprises à droite à gauche, mais la concrétisation laisse franchement à désirer sur le long terme. On finit vite par s'ennuyer à force de dégommer des ennemis statiques selon un schéma qui passé les deux heures de jeu n'évolue plus d'un poil. A déplorer également, les commandes peu précises et une héroïne étrangement peu réactive par moments.
- Durée de vie12/20
Comme tout jeu d'action, WET n'offre pas une campagne solo particulièrement longue. Pour prolonger l'expérience, on peut se lancer dans quelques défis mais on a du mal à trouver la motivation nécessaire à l'exercice.
- Bande son16/20
Autant certains dialogues sont plus que dispensables, autant les musiques sont vraiment excellentes. Dommage que les effet soient un peu en retrait.
- Scénario9/20
Dans le genre à la fois inexistant et indigeste, le scénario de WET se pose là. Une tentative de kitsch assumé qui ne prend pas, au service de personnages dont on n'a cure. Comme un Kill Bill raté.
WET partait sur de bonnes bases mais manque singulièrement de finitions tant sur le plan technique que sur celui du gameplay. Défoulant malgré tout, il pourra divertir les amateurs de gunfights mais il parviendra difficilement à les accrocher sur la longueur. Dommage car son ambiance originale et son héroïne trash ont le mérite de nous sortir de notre train-train ludique quotidien.