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Test Aion

Aion s’offre une mise à jour haute en couleur

Aion
33 358 vues
Profil de pixelpirate,  Jeuxvideo.com
pixelpirate - Journaliste jeuxvideo.com

Les équipes de développement coréennes de NC Soft, qui avaient déjà su promouvoir mondialement et de belle manière l'excellent Lineage II, frappent encore plus fort avec leur nouveau MMORPG Aion, qui aura réussi à générer une attente croissante au fil des mois. Il faut dire qu'en combinant des mécanismes de jeu asiatiques et occidentaux, le jeu vise une audience particulièrement large. Et la recette fonctionne à merveille, même si les vieux routards du genre risquent de grimacer devant l'impression de déjà-joué.

Aion

Les MMORPG abondent de plus en plus couramment de partis pris divers et variés qui leur permettent de se distinguer dans un genre pour le moins saturé. Aion prend le contre-pied de cette démarche en préférant miser sur des recettes qui ont fait leurs preuves et en les agençant de façon suffisamment habile pour séduire le joueur. Faire du neuf avec du vieux, privilégier l'originalité de la forme à celle du fond est à l'évidence le credo du nouveau titre de NCsoft. Son univers exotique, son PvPvE (joueur contre joueur contre monstre) et la possibilité d'évoluer dans les airs cachent des mécanismes de jeu plutôt conventionnels, dont la particularité est toutefois d'être issus de deux écoles bien distinctes : le modèle coréen traditionnel et le modèle occidental, combinés avec une certaine réussite. Aion présente également un degré de finition admirable qui témoigne de ce souci de forme : sorti depuis novembre 2008 en Corée à l'issue d'intenses phases de bêta-test, il nous parvient dans une version 1.5 enrichie, équilibrée et désormais bien rodée.

Aion
L'univers envoûtant d'Aion participe à son immense potentiel de séduction.
Particulièrement étoffé, le background du jeu est un indéniable élément de séduction. Il vous entraîne dans le monde d'Atréia, issu d'un conflit originel entre les humains et les Balaurs (des créatures draconiques assoiffées de pouvoir), deux races créées par le dieu Aion. Pour tenter de protéger la Tour de l'Eternité située au centre de la planète, certains humains, qui furent appelés Daevas, apprirent à évoluer dans l'éther qui l'entourait. Leur forme angélique leur permit de repousser leurs adversaires. Mais alors qu'un traité de paix allait être signé, une poignée d'humains rancuniers trahirent les Balaurs, qui se vengèrent en détruisant la Tour de l'Eternité. C'est à cette occasion qu'Atréia fut scindé en deux parties distinctes : la moitié inférieure, éclairée, accueille aujourd'hui les Elyséens, tandis que la moitié supérieure, plongée dans le froid et l'obscurité, est la patrie des Asmodiens. Chaque territoire constituant la voûte céleste de l'autre, il suffit aux deux peuples de lever les yeux pour raviver la haine réciproque qu'ils se vouent. Entre les deux, baignant dans les abysses éthérés dont les Balaurs ont fait leur royaume, se dresse ce qui reste de la Tour de l'Eternité. Les trois factions s'y livrent une guerre sans merci pour son contrôle. Avant même la création de votre personnage, vous choisissez votre appartenance au peuple élyséen ou au peuple asmodien, les Balaurs étant contrôlés par l'IA. Vous débutez en tant que simple humain, mais à la faveur d'une progression scénarisée qui vous donne l'impression d'être au centre des événements et qui rappelle à ce titre celle du Seigneur des Anneaux Online, vous ne tardez pas à retrouver votre mémoire de Daeva et à obtenir une paire d'ailes que vous déploierez pour évoluer dans l'éther.

Aion
Les options de personnalisation physique sont nombreuses.
Après cette décision irrévocable (qui vous empêche de créer un personnage de la faction opposée sur le même serveur), Aion vous invite à sélectionner la classe que vous désirez jouer. Vous disposez de quatre archétypes très classiques dans leur version masculine ou féminine : guerrier, mage, éclaireur et prêtre. Le choix peut paraître restreint, mais selon une tradition très populaire dans les MMORPG coréens, il est possible de se spécialiser dès le niveau 10, portant à huit le nombre réel de classes jouables. Ainsi, le guerrier devient gladiateur (adepte de la force brute) ou templier (qui endosse le rôle de tank) ; le mage se convertit en sorcier (qui pratique la magie élémentaire) ou en spiritualiste (spécialisé dans les invocations) ; l'éclaireur opte pour la voie de l'assassin (basée sur les combos au corps-à-corps) ou celle du rôdeur (expert dans le combat à distance) ; enfin, le prêtre évolue en clerc (le soigneur par excellence) ou bien en aède (la classe hybride du jeu). Complémentaires et bien équilibrées, les différentes professions disponibles sont communes aux deux factions jouables. NC Soft a toutefois voulu nuancer cette symétrie en dotant chaque classe d'un certain nombre de compétences spécifiques à la race choisie. L'étape suivante dans la conception de votre avatar est celle de sa modélisation physique. Particulièrement poussé pour le genre, l'éditeur regorge d'options qui permettent de façonner le personnage dont vous avez envie : taille, corpulence, forme du visage, couleur de la peau, des yeux et des cheveux, coiffure, voix... Tout est paramétrable (il est même possible de créer un personnage gigantesque ou minuscule), de façon à ce que vous ayez peu de chance de tomber sur votre parfait clone physique.

Aion
Les combats dynamiques et le bestiaire réussi rendent le PvE très agréable.
Hélas, sous cette souplesse de forme se cache une rigidité de fond : celle du système d'évolution, qui n'offre pas la latitude habituelle des MMORPG coréens. NC Soft a préféré opter pour le dirigisme occidental actuel, destiné à empêcher les débutants de « rater » leur personnage. Si vous faites partie des joueurs qui aiment augmenter librement leurs caractéristiques, sélectionner leurs compétences parmi des arbres touffus et construire des builds improbables, vous risquez d'être déçu par une progression linéaire qui se limite à vous envoyer régulièrement acheter vos nouveaux pouvoirs chez votre maître de classe. Si bien que deux personnages de même profession et de même niveau se ressembleront immanquablement, statistiquement parlant. Seul le système de Stigmas, accessible dès le niveau 20, permet de tempérer ce constat. Il repose sur des compétences exclusives mémorisées dans des pierres nommées Stigmas, que vous récupérez (avec beaucoup de chance) sur le cadavre des monstres ou achetez à prix d'or à l'hôtel des ventes. Comme vous ne pouvez en équiper qu'un nombre limité, vous êtes amené à faire des choix, dont l'impact reste toutefois assez modéré. Heureusement, cette évolution de personnage peu gratifiante se voit compensée par le dynamisme des combats. La somme importante de capacités acquises au fil des niveaux, couplée à un système de combos permettant de déclencher des enchaînements dévastateurs en cliquant au bon moment sur les compétences adéquates, rend les affrontements vraiment plaisants. Aion intègre en outre le concept d'énergie divine, que vous accumulez au fur et à mesure de vos victoires et qui sert entre autres à déclencher un pouvoir dévastateur.

Aion
La composition des paysages, très réussie, fait oublier les textures disgracieuses.
Les combats sont aussi l'occasion de faire valoir les qualités visuelles du titre. Fins et bien animés, les personnages s'y confrontent à un bestiaire très travaillé, qui réussit le tour de force de concilier originalité et variété tout au long de la progression. Le cadre n'est pas en reste : l'univers du jeu jouit d'une direction artistique remarquable, inspirée de Lineage II mais en plus exotique. Riches sans être trop chargés, les environnements bénéficient d'un éclairage somptueux et regorgent de ces petits détails qui attestent du degré de finition : dans l'ombre d'un chêne centenaire s'agitent de petites créatures étranges et cocasses ; sur fond d'un ciel très animé, propice à la rêverie, se découpent les silhouettes de gigantesques monstres préhistoriques. Bien que les premiers territoires élyséens et asmodiens vous enferment dans des maps-couloirs très dirigistes, cela s'arrange dès le niveau 20, avec des zones ouvertes sans doute moins travaillées visuellement mais plus agréables à parcourir. Ces zones sont d'ailleurs si vastes que l'absence de montures - et a fortiori de déplacement rapide - s'y fait ressentir, malgré la possibilité de faire appel à des téléporteurs ou à des maîtres de vol à la World of Warcraft. Aion vous donne bien entendu la possibilité de vous élever dans les airs, dès le niveau 10, afin d'explorer les hauteurs de son univers éthéré, fantaisiste et envoûtant, du moins dans les zones de jeu qui le permettent. Le cas échéant, il faut garder à l'esprit que le temps de vol est limité, bien qu'il soit possible de l'augmenter via certains bonus. Au pire, vous pouvez toujours déployer vos ailes pour planer.

Aion
Parmi les quêtes proposées, une partie peuvent être répétées.
Les quêtes proposées sont bien écrites en regard de leurs fondements très classiques. Les quelques idées originales des premières zones de jeu laissent rapidement la place à des objectifs plus stéréotypés, mais vous apprécierez que le foisonnement de quêtes, pour certaines répétables, permette de franchir les niveaux sans trop souffrir. Il vous faudra parfois grinder (tuer des monstres à la chaîne) pour accéder au prochain bouquet de quêtes, mais Aion n'a rien de ces MMORPG hardcore coréens à la progression terrifiante (Lineage, Silkroad Online, Rappelz). Qui plus est, le jeu souhaitant contenter un large public, il est possible d'y soloter sans aucun problème. A côté de ça, il n'oublie pas d'offrir des occasions de grouper : les zones truffées de monstres élites et les donjons instanciés sont des challenges clairement réservés aux équipes solides, tout comme certaines quêtes dédiées. Vous apprécierez sans doute la multiplicité de ces expériences de jeu, bien qu'il faille être clair sur un point : pour apprécier Aion, il faut aimer à la fois le PvE et le PvP (et non pas l'un ou l'autre). Car si le premier constitue – trop longtemps sans doute – un passage obligé, le second est bel et bien la finalité du jeu.

Aion
Dans les abysses, vous livrerez des combats aériens contre la faction opposée.
Bien qu'il soit possible de le pratiquer dans le cadre de duels en 1 contre 1 ou de combats en arène, le PvP ne prend véritablement forme que dans les zones de niveau 20 et plus, avec l'apparition régulière – mais aléatoire et éphémère – des fameux rifts. Il s'agit de portails à sens unique que vous pouvez emprunter pour aller effectuer des raids dans les territoires ennemis, autrement inaccessibles. Les amateurs de PvP sauvage et spontané apprécieront. Mais c'est surtout dans les abysses, accessibles dès le niveau 25, que commencent les choses sérieuses. Outre son contenu PvE, cette zone structurée sur plusieurs plans contient neuf forteresses contrôlées chacune par l'une des trois factions en présence (Elyséens, Asmodiens et Balaurs). En fonction de la configuration, vous vous retrouvez à disputer une forteresse à la faction adverse avec le soutien de l'IA, ou vous devez lutter contre les Balaurs aux côtés de vos frères ennemis. Les assauts se déroulent selon plusieurs étapes successives (ouverture de la porte, destruction du générateur de bouclier, combat contre le boss...), sachant qu'il est possible de s'emparer d'artefacts qui apportent divers bonus à leur contrôleur. Non instanciées, ces sessions PvPvE qui vous donnent l'occasion de combattre dans les airs et d'utiliser des armes de siège, sont la promesse de batailles épiques. Elles feront le bonheur des guildes (ici appelées légions) mais vous contenteront également au niveau personnel grâce à l'obtention de points abyssaux et de grades PvP qui ouvrent l'accès à des récompenses.

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L'artisanat est certes un tantinet fastidieux, mais il a au moins le mérite d'être utile.
Pour varier les plaisirs entre deux séances de PvP, vous disposez d'un système d'artisanat complet à défaut d'être particulièrement complexe : forge d'armes ou d'armures, alchimie, couture, confection manuelle et cuisine vous permettent de fabriquer un tas d'objets et d'équipements utiles. Avant cela, il faut en passer par des phases de collecte très simplifiées par rapport aux MMORPG coréens traditionnels. Vous disposez en fait d'une unique compétence qui vous sert à récolter, en un clic et sans aucun outil, les différents types de ressources du jeu (fleurs, bois, nourriture, minéraux...), à l'exception des fragments d'Ether à récupérer dans les airs en utilisant le pouvoir d'extraction dédié. Bien que l'artisanat ne suscite aucune interaction entre les différentes professions, vous avez parfois besoin d'ingrédients supplémentaires (les pierres de raffinage notamment), à récupérer sur les monstres vaincus ou à chercher du côté de l'hôtel des ventes ou des échoppes temporaires ouvertes par les joueurs. Une fois le matériel rassemblé, il suffit de se rendre à l'établi dédié, pour assembler l'objet d'un simple clic. On est loin de l'exigence du système d'artisanat d'un Everquest II ou d'un Vanguard. Pour autant, augmenter son niveau de craft et accéder à des schémas plus puissants peut se révéler laborieux dans la mesure où il faut en passer par des missions répétitives données par le maître de métier. L'ensemble est sauvé par une possibilité : celle de réussir un jet critique pendant l'assemblage. Si c'est le cas, vous bénéficiez alors – ô joie ! – d'un objet aux capacités supérieures.

Aion
Votre armure peut être teinte selon vos envies !
Aion vous permet également de renforcer, de façon plutôt classique, vos armes et armures. Vous pouvez les sertir de gemmes aux propriétés variées (bonus d'attaque, d'esquive, de précision, de points de vie ou de mana...), la rareté de l'objet déterminant le nombre d'emplacements disponibles. Il vous est également possible de les enchanter au moyen de pierres d'âmes (obtenues en recyclant les pièces d'équipement inutilisées), sachant que leur niveau est susceptible de décroître en cas d'échec. Enfin, les plus coquets d'entre vous se plairont à teindre leur armure selon leur goût. Le jeu n'est donc pas avare de possibilités. Certains regretteront qu'il nourrisse la dérive actuelle consistant à faire du stuff le seul réel élément de customisation. Seulement voilà : en dépit de ce qu'on pourrait lui reprocher, Aion est sans nul doute le MMORPG le mieux fignolé et le plus agréable à jouer de ces dernières années.

Les notes
  • Graphismes17/20

    Aion bénéficie d'une direction artistique remarquable. Le design des personnages et des monstres, la composition des environnements et la palette de couleurs utilisée contribuent à en faire une vraie réussite visuelle. Dommage que l'aspect technique ne se montre pas aussi convaincant : si l'utilisation du Cry Engine, qui accuse le poids des ans, assure au jeu une bonne fluidité, on lui doit en contrepartie des modélisations anguleuses et des textures parfois bien disgracieuses.

  • Jouabilité16/20

    La prise en main est excellente, y compris dans les airs, où on s'habitue vite à évoluer et à mener des combats dynamiques. L'interface a la bonne idée de regrouper la quasi-totalité des informations en bas de l'écran ; les quêtes contiennent des liens hypertextes permettant de localiser les lieux ou les protagonistes impliqués. Les réserves tiennent à l'évolution du personnage, peu gratifiante tant elle limite les choix du joueur, ainsi qu'au long prologue dirigiste (de 20 niveaux tout de même) qui précède les possibilités de PvP.

  • Durée de vie17/20

    Entre le contenu PvE (quêtes, donjons instanciés), les raids PvP via les rifts, les prises de fort PvPvE, le système d'artisanat très complet et les possibilités de customisation de votre équipement, vous n'aurez guère l'occasion de vous ennuyer tout au long des 50 niveaux qui balisent votre progression. Une progression bien pensée : le monster bashing et la perte d'XP en cas de mort s'y intègrent de façon mesurée. Les zones de jeu ne sont pas aussi nombreuses que nous l'aurions souhaité, mais elles sont particulièrement vastes.

  • Bande son17/20

    Les compositions musicales, qui brassent des genres très variés, sont vraiment excellentes. Dynamiques et efficaces, elles s'adaptent constamment à la tonalité de l'action. Les bruitages sont plus inégaux. On y trouve de jolies sonorités éthérées, mais aussi quelques effets sonores agaçants, notamment lors des combats, qui masquent des grognements de monstres qu'on aurait aimé entendre un peu plus.

  • Scénario18/20

    Le background est sans conteste l'atout n°1 de Aion. L'univers exotique et envoûtant, doté d'un bestiaire de grande qualité, est structuré de façon particulièrement originale. Le jeu donne moins l'occasion de construire un personnage que de l'incarner, et sur ce plan c'est une indéniable réussite : la progression scénarisée, qui s'appuie sur des cut-scenes bien réalisées, met le joueur au centre des événements.

Très accrocheur sur la forme et beaucoup plus conventionnel sur le fond, Aion est un MMORPG somme toute classique dont la singularité réside dans un mélange d'emprunts à l'école occidentale et au modèle traditionnel coréen. S'il se montre à l'évidence trop frileux en termes d'innovations, son univers envoûtant, ses combats dynamiques sur terre ou dans les airs, son PvPvE bien fichu et ses options de customisation physique devraient séduire de nombreux joueurs. Les autres grogneront, à raison, face au peu de latitude et de profondeur offertes dans le domaine de l'évolution des personnages. Mais parmi tous les jeux du genre sortis ces deux dernières années, Aion est tout de même le mieux fignolé, le plus agréable à jouer et celui qui semble promis au plus bel avenir.

Note de la rédaction

17
15.3

L'avis des lecteurs (754)

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