La sortie de Dragon Quest IX au Japon est venue ensoleiller l'été des joueurs nippons en dépit des angoisses de certains d'accueillir le neuvième volet de la série sur DS. Episode inédit et particulièrement attendu depuis la belle performance réalisée par le huitième opus partout dans le monde, Dragon Quest IX se révèle plutôt à l'aise sur portable, d'autant qu'il amène avec lui une nouveauté de taille dans la saga : le multijoueur.
Après quelques jolis remakes qui ont contribué à faire connaître la saga Dragon Quest au public européen par l'intermédiaire des épisodes IV et V, Square Enix a confié à l'équipe de Level-5 la lourde responsabilité de développer de A à Z le tant attendu neuvième opus de la série. Une mission à la hauteur de la réputation du studio nippon qui avait déjà brillé en réalisant avec beaucoup de réussite L'Odyssée du Roi Maudit, le huitième volet de la série. Avec Dragon Quest IX, le défi résidait principalement dans le fait de devoir se cantonner aux limites techniques de la portable de Nintendo tout en proposant une réalisation suffisamment moderne pour plaire au jeune public. En résulte un titre intégralement réalisé en 3D, si l'on excepte la présence de quelques sprites en 2D pour les NPC les moins importants. Sur le plan visuel, Level-5 réalise donc une petite prouesse puisque le titre se rapproche sensiblement du volet PS2 et compte parmi les plus jolis de la DS.
Davantage sujet à tatônnements, le gameplay est d'abord passé par une tentative de jeu en temps réel qui n'a pas convaincu les puristes, trop angoissés à l'idée que le titre puisse par trop s'éloigner des épisodes originels sur Famicom (la NES japonaise). Il faut dire que Dragon Quest est un mythe absolu sur l'archipel depuis 1986, ce qui explique pourquoi les fans ne sont certainement pas prêts à sacrifier la dimension nostalgique sur l'autel de la modernité. Par conséquent, les combats au tour par tour sont à nouveau de mise dans Dragon Quest IX, à cela près que les ennemis sont désormais visibles sur le terrain et à l'intérieur des donjons. On peut donc chercher à les éviter en slalomant entre les monstres les moins vigilants pour gagner du temps, même si les plus teigneux n'hésiteront pas à nous courser sur des kilomètres. Une bonne nouvelle en soi puisqu'elle nous épargne les rencontres aléatoires trop fréquentes tout en nous permettant de choisir plus ou moins le type d'ennemis que l'on souhaite affronter. Le monstre avec lequel on entre en collision est en effet toujours présent dans la bataille, la seule incertitude étant de savoir quelles autres créatures sournoises l'accompagneront.
Autre changement majeur, l'obligation de créer son personnage en début de partie en choisissant son nom et son apparence de base. A l'instar du huitième volet de la série, chacune des armes et des pièces d'équipement que vous lui ferez endosser sera directement visible à l'écran, ce qui permet d'obtenir un héros unique et customisable à volonté. Autant dire qu'on y réfléchira à deux fois avant d'investir tous ses deniers dans la meilleure armure du moment pour éviter de s'afficher dans un accoutrement puissant mais ridicule, surtout en vue des parties à plusieurs. Car pour la première fois dans la saga, l'aventure peut être parcourue en multijoueur, vos compagnons humains pouvant à tout moment rejoindre votre groupe ou vous proposer de vous intégrer au leur pour partir chasser du slime en coopération. Que les joueurs solitaires ne s'inquiètent pas outre mesure, le titre reste également abordable en solo, moyennant la création d'alliés qui vous accompagneront à chaque fois que vous le souhaiterez et dont vous pourrez définir l'allure, la classe et l'équipement. Seule ombre au tableau, aucun personnage lié au scénario du jeu ne viendra vous rejoindre durant la partie, et seul votre héros principal interviendra durant les séquences narratives.
On se félicite néanmoins de pouvoir façonner son équipe avec autant de liberté, chaque membre du groupe pouvant être amené à changer de classe à tout moment selon votre bon vouloir. Il faudra néanmoins accepter l'idée de repartir au niveau 1 pour bénéficier des talents propres à votre nouveau job, mais vous conserverez tout de même les capacités que vous aviez débloquées auparavant. La notion de "skill" rejoint en effet celle de Dragon Quest VIII et se traduit par un gain de points à répartir dans différentes aptitudes à chaque montée de niveau. Les compétences passives vous seront profitables de manière permanente tandis que les capacités spéciales devront être activées manuellement moyennant quelques MP. A noter qu'on dispose désormais d'un multiplicateur de combos qui augmente à chaque fois que vos alliés frappent leurs adversaires sans être interrompus. Cerise sur le gâteau, une attaque spéciale propre au job de chacun survient parfois aléatoirement, vous conférant alors un avantage certain. Envoyé sur le monde des hommes pour leur venir en aide dans leur vie de tous les jours, le joueur incarne un ange qui termine sa formation auprès de son maître lorsqu'un malencontreux incident lui fait subitement perdre tous ses attributs divins. Dépossédé de ses ailes d'ange et de son auréole, il se voit relégué au rang de simple humain, ne conservant que sa faculté de voir et de dialoguer avec l'âme des défunts. Accompagné d'une petite fée, notre héros va donc tenter de regagner son ancien statut, tout en partant en quête des fruits de la déesse qui permettront à l'arbre sacré d'opérer sa renaissance.
Comme dans tous les volets de la série, l'aventure se développe au gré des rencontres avec les habitants, chaque communauté étant généralement victime d'un mal qu'il faut éradiquer avant de poursuivre sa route vers d'autres quêtes plus ou moins marquantes. On retrouve donc tout à fait l'esprit des précédents volets dans cette aventure qui regorge de quêtes optionnelles, celles-ci étant carrément numérotées pour inciter le joueur à aller au-delà de l'aventure principale en explorant le jeu dans ses moindres recoins et subtilités. Complètement nouveau dans la saga, un système d'emotes très fourni permet de demander à son personnage d'effectuer toutes sortes de gestes précis pour communiquer avec ses amis en multijoueur. Une idée qui intervient même en solo dans la résolution de certaines énigmes. Autre option à ne pas négliger, la fameuse marmite d'alchimie du huitième volet est de nouveau en place pour nous permettre de concevoir nos propres objets à l'aide de recettes cachées dans les placards des habitations. Dépassant déjà allègrement la quarantaine d'heures en ligne droite, l'aventure prend dès lors une dimension colossale en termes de durée de vie pour qui souhaite retourner le jeu dans sa totalité. Suffisamment old-school dans son déroulement pour plaire aux puristes et assez audacieux dans ses nouvelles idées de gameplay pour relancer le plaisir de jeu, Dragon Quest IX est un épisode auquel on s'attache volontiers et que l'on espère voir rapidement localisé en Europe.