Prenez un vulgaire lézard. Attribuez-lui une physionomie humaine et faites-le voyager dans un univers digne d'Alice au Pays des Merveilles. Maintenant, instaurez un système de plates-formes basé sur l'utilisation de la langue du dit reptile. Ajoutez enfin quelques phases d'action fonctionnant sur le même principe et vous obtenez Chameleon Twist. Un mélange qui s'avère douteux et très dangereux pour la manette.
Avant de commencer sur les chapeaux de roue par l'histoire complètement saugrenue du soft, sélectionnons notre caméléon parmi les quatre disponibles : Linda, Davy, Jack et Fred. Inutile de réfléchir davantage, ce choix n'influe que sur la couleur du personnage. Vous apercevez alors votre petit reptile qui se déplace tranquillement sur sa branche, comme il a l'habitude de le faire, quand soudain surgit un lapin blanc coiffé d'un haut-de-forme. Il s'arrête brusquement, contemple sa montre et crie qu'il est en retard. Reprenant sa course, il finit par sauter dans un chaudron et disparaît aussitôt. Bien entendu, notre pauvre lézard va le suivre et se retrouve alors dans un monde étrange et enchanté. Ayant acquis une nouvelle apparence et de nouveaux pouvoirs, il devra trouver le moyen de retourner dans son univers natal. Une aventure périlleuse en perspective.
La seule originalité de Chameleon Twist réside dans son gameplay assez novateur. En appuyant sur B, votre personnage tirera sa langue que vous pourrez contrôler avec le joystick. Ce long membre vous permettra de vous accrocher aux pieux plantés un peu partout dans le jeu et de passer les gouffres sans difficulté. Dans les passages plus délicats, vous devrez tourner autour des pics en poussant le stick à gauche ou à droite. Vous découvrirez aussi qu'en appuyant sur Z, votre caméléon peut se tenir en équilibre et ainsi atteindre des endroits élevés. Toute votre avancée repose sur le principe du tirage de langue. Autant vous dire tout de suite qu'un entraînement intensif s'impose pour maîtriser les différents contrôles (un niveau disponible dès le départ est d'ailleurs spécialement conçu à cet effet). Et la difficulté ne fera qu'augmenter par la suite. En effet, le soft vous proposera parfois de vous tenir en équilibre pour pouvoir accéder à un pic auquel il faudra s'accrocher avant d'atterrir sur la plate-forme souhaitée. Enfonçons le clou avec des sauts plus traditionnels à effectuer au pixel près et une lourdeur dans les déplacements et vous l'aurez compris : la manette risque de souffrir méchamment.
N'ayez crainte, le calvaire ne sera pas long. Le soft ne dispose que de six niveaux. Et il ne faut en traverser que quatre pour pouvoir visionner le générique de fin. Vous débuterez dans une jungle avant d'arriver dans une mine oubliée. Puis vous aurez l'occasion de visiter une fourmilière sauvage, un désert ou encore un fantastique pays où les gâteaux sont rois. Chaque monde possède son level design caractéristique et ses propres pièges comme des fosses à pics ou des sables mouvants. Vous devrez aussi penser à collecter les couronnes éparpillées un peu partout. Celles-ci se cachent dans le décor ou s'obtiennent en éliminant tous les individus présents à l'écran. Elles servent tout simplement à débloquer de nouvelles zones. Côté monstres, qu'il s'agisse de fourmis ou de hérissons, il sera là encore nécessaire d'avoir la langue bien pendue. La plupart se déplaçant en colonie, vous devrez en avaler le maximum possible et les rejeter sur ceux qui restent. D'ailleurs, les boss ne peuvent être battus qu'en leur projetant votre repas en pleine figure. Et une fois le méchant de fin de niveau vaincu, une petite cinématique stupide se déclenchera avant la suite de votre quête.
Cette navrante épopée est gâchée par le côté technique du jeu. Là où Super Mario 64 nous avait habitué à des éléments en 3D, Chameleon Twist ose encore l'utilisation de sprites notamment dans la représentation des ennemis. De plus, les décors s'avèrent excessivement vides ce qui ne fait que conforter l'impression de s'ennuyer. Il n'y a pratiquement aucun relief. Les angles de caméras sont quant à eux pour le moins étranges et très mal choisis. Il vous arrivera même de perdre le saurien de vue par moments ! Pour couronner le tout, les musiques semblent toutes construites sur le même thème. Et les "bips" que votre protagoniste pousse sans arrêt rendent la bande-son très lassante. Pour un univers enfantin et merveilleux, on peut dire qu'il manque cruellement de charme.
Le mode multijoueur est le seul à présenter un quelconque intérêt. Jouable jusqu'à quatre simultanément, il propose deux types de jeu en écran splitté. Le premier consiste tout simplement à éjecter ses adversaires hors du ring, comme dans un combat de sumo. Le dernier survivant l'emporte. Dans le second mode, il faut également faire sortir ses opposants de la plate-forme centrale, mais ils doivent en plus rester en-dehors pendant un certain laps de temps avant de perdre. Pour parvenir à vos fins, accrochez-vous aux pics et faites basculer les joueurs dans le vide, ou alors lancez-leur les petits monstres présents. En tout, ce sont huit arènes qui accueilleront de nombreuses parties entre amis. Malgré ce multi sympa, Chameleon Twist possède de nombreux défauts et ne constitue donc pas un choix idéal pour les possesseurs de Nintendo 64.
- Graphismes11/20
La performance n'est pas vraiment digne d'une machine 64 bits. Les graphismes sont d'une pauvreté totale et offrent un panorama plutôt plat pour un jeu paru en 1997. En outre, les rares éléments en 3D auraient pu être mieux soignés.
- Jouabilité7/20
Le caméléon est quasiment indomptable. On s'arrache les doigts sur certains passages ardus. Et même après quelques leçons en mode Entraînement, la maîtrise de la langue demeure toujours aussi délicate.
- Durée de vie11/20
Heureusement que le multijoueur rattrape le tout ! Car il ne faut que 3 ou 4 heures pour venir à bout de l'aventure. Les seuls qui voudront y rejouer ne le feront que pour battre leurs scores.
- Bande son8/20
Musiques lassantes et bruitages sommaires composent la bande-son. Il est impératif de ne pas trop monter le volume car les clapotis de l'eau et autres bruits de pas sont synonymes de maux de tête.
- Scénario8/20
Un lapin blanc, un espace dépourvu de toute logique... Ca sent clairement le Lewis Carroll ! Un scénario ridicule certes, mais qu'on oublie fort heureusement assez rapidement.
Chameleon Twist faisait clairement partie de ces produits hors de prix qui avaient de quoi faire râler les joueurs. Le titre repose pourtant sur une idée originale, mais la maniabilité est bien trop délicate pour convaincre. Le pire viendra deux années plus tard, lorsque les développeurs lui offriront une suite tout aussi niaise.