On finira par le savoir, les princesses des jeux vidéo ont toutes la fâcheuse manie de se faire enlever. Les choses se passeraient peut-être autrement si elles ne se contentaient pas de grignoter des salades sans sucres ajoutés. Les concepteurs de Fat Princess ont en effet eu une idée de génie. Si vous ne voulez pas que votre fraîche demoiselle parte dans les bras d'un inconnu, il vous suffit de la gaver de pâtisseries. Le ravisseur croulera alors sous le poids de la princesse grassouillette et sera incapable de l'emmener bien loin.
Si la plupart des créateurs de jeux vidéo sacrifient l'originalité sur l'autel du politiquement correct, les développeurs de Fat Princess nous livrent là un titre délicieusement hors norme qui prend un malin plaisir à tourner en dérision l'univers de la chevalerie. En effet, ne vous fiez pas à son design que l'on croirait tout droit sorti d'un Animal Crossing, Fat Princess nous plonge dans un monde drôle et violent dans lequel de preux combattants se massacrent pour conserver dans leur donjon une princesse obèse. Pour faire simple, le jeu se compare à une partie de CTF, ou Capture de Drapeau, à la différence près que le fameux drapeau est ici remplacé par une jeune fille que l'équipe adversaire peut gaver à grand renfort de pâtisserie. Plus la demoiselle sera rondelette, plus il sera difficile de la déplacer, et plus il vous faudra une équipe soudée pour l'enlever.
Fat Princess propose un mode solo qui vous permettra de prendre en main les subtilités du gameplay et de découvrir le background totalement décalé du titre. Vous ferez ainsi la connaissance de deux royaumes qui s'affrontent et enlèvent leur princesse obèse respective en attendant l'arrivée d'un prince charmant sensé lever la malédiction du gâteau maudit. Vous l'aurez compris, le scénario fait l'impasse sur la finesse et donne dans l'humour potache totalement assumé. Il aura non seulement le mérite de vous faire rire, mais aussi de vous faire découvrir le principe du jeu. Dans cette lutte à mort, vous incarnez toujours le même combattant que vous pouvez personnaliser à votre guise avant le début de la partie. Vous apparaissez totalement dépourvu d'arme dans l'enceinte de votre château. Cinq étranges machines sont à votre disposition pour vous offrir autant de chapeaux différents. C'est en revêtant l'un de ces couvre-chefs que vous disposerez automatiquement des caractéristiques de l'une des cinq classes disponibles : le mage, le prêtre, le garde, le guerrier et l'ouvrier.
Si le guerrier est une brute avant tout destinée à foncer dans le tas la tête la première, le garde se contente de tenir ses ennemis à distance à coups de flèches ou de tirs de canon. Le mage est quant à lui capable de cramer les fesses de ses adversaires ou au contraire de les geler sur place histoire de les ralentir. Le prêtre a aussi une double fonction : il peut soigner ses alliés ou drainer la vie de ses ennemis. Enfin l'ouvrier a une tâche toute particulière, il doit récolter des ressources que sont le bois et le fer, construire de nouveaux éléments comme des portes ou des échelles et encore améliorer les machines existantes. C'est grâce à ces petites mains que vous serez capable d'utiliser de meilleures armes et que le prêtre par exemple sera capable non seulement de soigner mais aussi de pomper la vie des adversaires. Vous pourrez même construire une catapulte vous permettant d'atteindre le camp adverse en un clin d'œil. Un tel accessoire donne évidement un ascendant stratégique de premier ordre lorsqu'il s'agit d'aller enlever la princesse enfermée dans le château en question.
Le mode de jeu principal du titre est intitulé Délivrez la Princesse. Son principe est simple : chaque équipe retient prisonnière la princesse du camp adverse, le but est de récupérer sa propre demoiselle grassouillette tout en retenant celle des adversaires enfermée dans sa geôle. Il existe une variante à ce mode, dans Braquage façon Lancelot il s'agit d'enlever trois fois consécutives la princesse de l'autre équipe. Enfin vous retrouvez aussi un Combat à mort par équipe et un mode Invasion qui consistent respectivement en un joyeux massacre et en une course à la capture d'avant-postes. Deux modes un peu plus mineurs viennent aussi pointer le bout de leur nez avec un match de football particulièrement déjanté et une arène de gladiateurs qui se change bien vite en une mare de sang. Si les parties solos sont distrayantes, c'est bien entendu l'idée de retrouver jusqu'à 31 autres amoureux de princesses rondouillardes qui fait tout le sel du titre. Malheureusement, à l'heure actuelle, les parties en ligne sont loin d'être au point : vous risquez d'avoir du mal à vous connecter à un serveur et les choses ne s'arrangent pas vraiment si vous parvenez à entrer dans une partie. En effet, à moins que vous n'hébergiez l'affrontement, vous risquez fort de rencontrer de sérieux problèmes de lag. Bref, Fat Princess dispose donc bel et bien des atouts nécessaires pour devenir un véritable hit du catalogue du PSN, mais encore faut-il qu'un patch vienne corriger les problèmes liés au mode online.
Mise à jour : Un patch corrige désormais effectivement les problèmes liés au mode online.
- Graphismes17/20
Quand un personnage d'Animal Crossing s'amuse à découper ses voisins à la hache, on obtient le design de Fat Princess. D'apparence gentillets, les graphismes du jeu tournent rapidement au gore une fois passées les premières échauffourées.
- Jouabilité16/20
Vous pouvez incarner cinq classes complémentaires, elles sont assez classiques mais l'ensemble a le mérite d'être bien équilibré. La prise en main est particulièrement intuitive.
- Durée de vie15/20
Comptez quatre modes de jeu principaux qui vous permettront de visiter huit cartes différentes dans des parties qui peuvent réunir jusqu'à 32 joueurs. Il est tout de même possible de regretter l'absence d'un mode multijoueur en local.
- Bande son14/20
La musique est entrainante mais parfois aussi un peu entêtante, les bruitages par contre sont réellement soignés.
- Scénario14/20
Si le scénario n'est pas le point fort du titre, il faut tout de même remarquer que le mode solo nous propose une histoire débordante d'humour qui met à mal les stéréotypes de l'univers de la chevalerie.
Tout à la fois drôle, entraînant et original, Fat Princess avait tout pour ravir le preux chevalier amoureux des rondeurs qui sommeille en vous. Si le mode solo est sympathique, l'intérêt principal du titre était sensé se concentrer sur le mode online. Malheureusement ce dernier est loin d'être encore tout à fait opérationnel et il vous faudra attendre un hypothétique patch pour enfin profiter pleinement de parties réunissant 32 joueurs.