King of Fighters 12, Blazblue, Street Fighter 4 : les jeux de combat reviennent clairement sur le devant de la scène en 2009. Il n'est donc pas inutile de se replonger dans un épisode culte de la saga de Capcom : Street Fighter III 3rd Strike. Une saga qui a décliné son gameplay à toutes les sauces depuis ses débuts en 1987, autant en 2D qu'en 3D. Des années plus tard, l'engouement généré par ce titre est resté intact auprès des amateurs de jeux de combat. Retour sur une des pierres angulaires de la baston 2D.
Comme sur les deux précédents Street Fighter 3, cet épisode ne comporte que peu de personnages originaux. Seuls les inséparables Ken et Ryû sont de la partie, enfin épaulés par une Chun-li aux cuisses toujours aussi imposantes. Les cinq nouveaux de ce 3rd Strike sont Chun-li donc, le robot Q, la karatéka Makoto, l'indescriptible Twelve (des airs de Glacius de Killer Instinct cependant) et le Français Rémy. On rajoutera le boss, Gill, mais qui aime réellement jouer avec un boss aussi peu charismatique... ? Le trio de vieux persos fait certes plaisir à voir, mais on pourra regretter l'absence des autres combattants qui, comparés à certains nouveaux venus (Twelve et Rémy en tête), restent des valeurs sûres, autant au niveau du chara design qu'au niveau du gameplay. Car il faut dire ce qui est, plusieurs personnages sont loin d'égaler le charisme de leurs modèles de base. Citons à cet égard Rémy, clone peu inspiré de Guile, ou Necro, combinaison maladroite entre un Dhalsim et un Blanka. A l'inverse, d'autres persos surpassent haut la main leurs aînés, comme Dudley, ce boxeur qui n'a rien à envier à Balrog, ou Hugo, dont les 360 concurrencent de belle manière Zangief. Capcom a également su redonner une certaine fraîcheur au panel de combattants grâce à Alex, fighter polyvalent qui utilise parfaitement tous les coups de la saga : quarts de cercles, demi- cercles (chopes), charges… Quant au reste du casting, il demeure moins axé sur des persos charismatiques (Akuma) que sur des créations en demi-teinte (les clones Yun et Yang notamment).
Visuellement, ce Street Fighter III Third Strike en jette. Les sprites sont magnifiques, l'animation classe et détaillée. Les décors sont eux aussi bien réussis, conférant une identité certaine aux personnages. Enfin un Street Fighter III beau pour les mirettes donc, surtout comparé à Street Fighter Double Impact, bien trop sobre voire laid pour certains. L'ambiance sonore du titre est véritablement éclectique et les compositions de Hideki Okugawa passent bien. La couleur hip-hop des menus s'allie plutôt bien avec les musiques des stages qui tendent vers différents styles comme la house ou le funk. Cela rompt clairement avec les habitudes de la série mais on peut difficilement reprocher à Capcom de vouloir apporter du sang neuf de ce côté-là. Exit les vieux classiques donc… Côté modes de jeu, vous avez droit aux classiques Arcade, VS et Training. Les options sont nombreuses ; certaines nécessitent même d'être débloquées, de quoi paramétrer ses combats de la façon qui plaît le plus. Le fait de pouvoir enregistrer ses affrontements est également une bonne chose. Gadget pour certains, cela n'en reste pas moins un excellent moyen de corriger ses erreurs ou à l'inverse de profiter à l'infini d'un joli match.
Les présentations étant faites, passons au cœur même du jeu : son gameplay. Aux six coups de base, il faudra déjà ajouter un coup sauté effectué à l'aide des deux boutons moyens. Un petit ajout qui a son charme mine de rien. Les Supers sont à la baisse en revanche, dans le sens où on ne peut en choisir qu'une seule par partie, sauf certains veinards comme Oro ou Akuma qui en possèdent une voire deux supplémentaires. Un choix de gameplay qui en rebutera plus d'un, c'est évident. Mais inutile de se faire Seppuku parce que Ken ne peut pas faire son Shinryûken et son Shoryûreppa dans le même match, car les développeurs ont embelli les special moves en EX moves, comme sur la saga des Landstalkers au passage. Si votre barre de furie est assez grande, sans pour autant être remplie au maximum, vous pouvez lancer un Dragon Punch qui fera plus de dégâts qu'à l'accoutumée. Une facette du jeu à ne pas prendre à la légère, tellement ces coups boostés permettent de renverser la donne s'ils sont utilisés à bon escient. Contrairement à l'Alpha 3, ce Street Fighter a conservé les dashs, ce qui demeure bien pratique pour se rapprocher de son adversaire dans les vapes notamment. Un saut plus important, ou high jump (bas puis haut très vite), est aussi présent ; efficace pour éviter une des spéciales d'Oro par exemple, avec son énorme boule remplissant l'écran. Enfin, le rétablissement tactique s'effectue en appuyant sur bas lors de la chute ; le timing est plutôt chaud à trouver d'ailleurs.
Mais l'atout principal, du moins en termes de dynamisme, est sans conteste le système de parry. Ces contres pimentent constamment les combats, car ils autorisent le joueur à riposter, et donc à enchaîner. Leur utilisation est simple sur le papier : appuyer sur avant pour contrer un coup haut, ou sur bas pour parer un coup porté sur le bas du corps. En pratique, c'est autre chose, le feeling du joueur mais surtout un timing parfait étant de rigueur pour maîtriser cette technique très jouissive. Maniée à la perfection, elle permet même de parer les Special ; comme Daigo Umehara l'a magistralement fait avec son Ken sur la furie de Chun-li jouée par l'Américain Justin Wong lors de l'EVO 2004. Bien entendu, la protection de base (direction opposée à son assaillant) est toujours possible, mais le système de jeu est tel qu'il nous incite à contrer plus qu'à nous protéger. Les sensations sont vraiment bonnes, ce côté du gameplay offrant une réelle liberté d'action. Les personnages sont aussi moins vulnérables lorsqu'ils sautent ; avec les bons réflexes, on peut ainsi contrer un Dragon Punch et retourner la situation à son avantage.
- Graphismes15/20
La patte graphique aux couleurs pastel est du plus bel effet. Les animations, de toute beauté, font encore mouche aujourd'hui. Le chara design est en revanche discutable. Une certaine fainéantise est à noter (présence des 2 jumeaux, clones de vieux personnages anecdotiques...). Il est néanmoins appréciable de retrouver Chun-li, Ken et Ryu en grande forme.
- Jouabilité17/20
La grande force du soft reste son gameplay extrêmement poussé. Le système de contre décuple la richesse du jeu d'une façon exponentielle. L'aspect technique des combats n'a jamais été aussi bien exploité dans un Street Fighter à vrai dire ; de quoi rebuter les joueurs occasionnels même.
- Durée de vie14/20
Peu de modes de jeu sont présents malheureusement. Toutefois, si vous accrochez au système de jeu, il y a fort à parier pour que les parties en multi s'enchaînent à vitesse grand V. Le casting est quant à lui honorable avec une vingtaine de combattants disponibles.
- Bande son14/20
Les sonorités chaleureuses sont plaisantes et vraiment novatrices pour une série ayant tendance à se reposer sur ses lauriers sur le plan musical. Elles ne plairont pas à tous mais ont le mérite d'avoir une certaine personnalité.
- Scénario/
Il va sans dire que cet épisode est le plus technique de toute la saga. Tous les éléments de jeu précités, et plus particulièrement le système de contre, en font un jeu de combat 2D ultra complet. Les fans de King Of Fighters qui trouvaient jusqu'à présent la série de Capcom trop simpliste se seront lancés dans l'aventure. La série Street Fighter tient là son épisode le plus exigeant, en dépit d'un casting discutable. Nul doute qu'il sera toujours joué avec ferveur dans la décennie à venir, et ce malgré la présence de SF4, un épisode tout aussi grisant bien que plus accessible aux néophytes.