Marchant dans les pas d'un Project Zero, Cursed Mountain troque les manoirs japonais contre des temples tibétains. Perdu dans la tourmente, seul face à vos peurs, il vous faudra avancer pour découvrir ce qu'il se cache en haut de la montagne... Et croyez-nous, il ne s'agit pas ici de Heidi et de son pépé.
Bien qu'il soit désolant de ne pouvoir toucher à la version officielle de Project Zero : Mask of the Lunar Eclipse, on se consolera le mois prochain avec le Cursed Mountain de Deep Silver. Si vous avez lu notre précédent aperçu, vous êtes en droit de vous demander si ce substitut se montrera à la hauteur du dernier survival de Tecmo qui était d'une grande qualité il est vrai. Eh bien, après y avoir passé quelques heures, laissons tomber les effets de style et répondons tout de go : non, Cursed Mountain ne vous fera pas frémir autant que Mask of the Lunar Eclipse dont il reprend plusieurs éléments. Pourtant, en marge de cette fracassante révélation, tout n'est pas à jeter dans ce survival. En premier lieu, l'ambiance est réussie mais semble tout de même dénoter une certaine flemmardise des développeurs. En effet, l'ensemble du titre se déroule à flancs de montagne ou dans des villages complètement vides où seuls quelques spectres osent encore s'aventurer. Si dans l'absolu, cet état de faits ne diffère en rien de celui d'un Silent Hill ou d'un Project Zero, on peut regretter l'aspect technique minimaliste de Cursed Mountain qui n'aide pas vraiment à se plonger dans l'aventure.
De fait, on a du mal à pardonner les animations assez moyennes du personnage ainsi que les textures d'un autre âge recouvrant la totalité des éléments. Le tout est quelque peu rattrapé par divers effets spéciaux mais ici aussi, on est loin du compte, Silent Hill 3 et 4 étant par exemple bien supérieurs d'un point de vue visuel. En somme, il ne faut pas chercher l'esbroufe technique chez Cursed Mountain mais plutôt la sensation d'étouffement au sens propre comme au sens figuré. En effet, à mesure que vous monterez en altitude (afin de rechercher un parent disparu ayant semé la zizanie chez les bouddhistes du coin), vous serez sujet à de plus en plus d'hallucinations qui se montreront extrêmement agressives. Dans ce cas, la seule solution sera de les combattre même si vous pourrez vous montrer plus ou moins clément en fin d'affrontement. Ainsi, si vous aurez à utiliser votre piolet afin de balancer des décharges d'énergie mystique (ça ne s'invente pas ce genre de trucs), vous devrez ensuite choisir d'éliminer votre ennemi via une dernière déflagration ou pratiquer un rituel de purification. Si vous optez pour la dernière solution, il vous faudra alors effectuer quelques mouvements avec vos Nunchuk et Wiimote. En plus de ce petit côté magnanime, vous en profiterez pour récupérer un peu de santé. A ce sujet, il faut savoir que depuis notre dernière rencontre avec le soft, les développeurs ont opté pour une jauge de vie, bien plus parlante que le précédent système lié aux battements de coeur. Peu original mais efficace.
L'originalité justement, c'est peut-être ce qu'il manque à Cursed Mountain perdu qu'il est entre des phases d'exploration banales et des combats dont le nombre va crescendo. Toutefois, rendons à César ce qui appartient à César : la jouabilité s'avère convaincante exception faite de la lenteur de déplacement du personnage qui se montre aussi véloce qu'un lamantin cul-de-jatte, même lorsqu'il court. A contrario, la sensibilité est bien calibrée lors des rixes et le menu d'inventaire offre une sobriété synonyme de lisibilité très appréciable. On ne perdra donc pas de temps à chercher un item, à lire un document ou à changer d'arme même si on eut apprécié de pouvoir modifier notre piolet sans devoir passer par ledit menu. Le scénario, lui, fait le jeu de plusieurs cinématiques renvoyant très souvent à des flash-back, le reste du temps étant consacré à des apparitions ectoplasmiques mises en valeur par les angles de caméra. Mais ici aussi, autant dire que le tout est moins maîtrisé qu'un Project Zero, le changement de point de vue s'effectuant parfois bien en amont de l'apparition arrivant au premier plan. Finalement, tout en adoptant le point de vue de ses illustres modèles, Cursed Mountain peine à copier-coller intelligemment la formule. Néanmoins, attendons de voir ce qu'il vaut dans son ensemble d'autant qu'il dispose d'une atmosphère intrigante.