Dans le sillage de l'excellente version PC de Blood Bowl, le studio Cyanide nous invite maintenant à venir fracasser des mâchoires et marquer des touchdowns sur DS. Moins fourni en termes de contenu que son grand frère, le soft se présente néanmoins comme une adaptation fidèle du célèbre jeu de plateau de Games Workshop. En tant que tel, il ravira donc les fans de longue date mais peut-être plus difficilement les néophytes qui ne lui pardonneront pas ses soucis de prise en main.
Savant mélange de sport et de stratégie, Blood Bowl fait s'opposer des équipes de créatures issues du monde de Warhammer dans des matches où presque tout est permis. En effet, sur le terrain, le seul objectif digne de ce nom consiste à porter le ballon dans l'en-but adverse afin de marquer des touchdowns. Et si pour cela, il faut briser des mâchoires, corrompre l'arbitre et expédier les joueurs adverses ad patres, eh bien le spectacle n'en sera que plus réussi ! Mais prenez garde, si cette description succincte de l'univers de Blood Bowl laisse entendre que chaque match n'est finalement qu'un gigantesque pugilat, un chaos innommable, votre rôle de coach vous impose de connaître parfaitement le déroulement de chaque partie. C'est vous en effet, qui devrez tenter de maintenir la cohérence de votre équipe sur le terrain, malgré les blessures, les morts, les entourloupes de l'adversaire et les ratés de vos propres sportifs. Une tâche ardue, qui demande un bon sens tactique de même qu'une bonne faculté de tolérance face à l'injustice.
Blood Bowl sur DS se montre en fait très respectueux des règles du jeu de plateau d'origine. Heureusement, l'apprentissage devrait se faire facilement, grâce à un petit tutorial bien mieux fichu que sur PC. Une fois cette première étape franchie, le joueur aura la possibilité de se lancer dans un match indépendant avec une équipe toute prête ou de s'attaquer au véritable coeur du jeu, son mode Campagne. Il vous faudra alors choisir le nom, le logo et surtout la race de votre équipe : Humains, Orques, Nains, Skavens, Hommes-Lézards, Gobelins, Elfes Sylvains ou Chaos. Chaque race déploie évidemment un style de jeu bien particulier et vous devrez donc choisir judicieusement votre formation en fonction de vos envies. Vous apprendrez effectivement très vite que les Orques tentent tous de massacrer l'adversaire avant de penser à aller porter le ballon de l'autre côté du terrain. Les Elfes et les Skavens en revanche, préféreront la vitesse, les esquives et les passes, alors que les Humains pourront globalement tout faire, mais sans être particulièrement brillants dans un domaine particulier. A chaque sportif correspondent des critères tels que la force, la vitesse, l'agilité et la résistance aux baffes.
Des critères qui varient grandement en fonction de la race et du rôle qu'il occupe sur le terrain. Bref, avec tout cela à l'esprit, vous devrez acheter des gars et composer une formation capable de tenir la route. L'intérêt de la campagne, c'est évidemment de suivre l'évolution de votre équipe sur plusieurs saisons, celle-ci partant des bas-fonds du classement pour tenter d'atteindre la gloire. A travers de multiples championnats, vos joueurs gagneront de l'expérience ainsi que de nouvelles capacités. Vous pourrez même former un petit groupe de pom-pom girls qui vous permettront de profiter de divers bonus en cours de partie. Ajoutons à cela divers services plus ou moins avouables, comme la possibilité d'acheter l'arbitre afin qu'il ferme les yeux lorsque vous piétinerez gaiement un joueur assommé dans l'espoir qu'il ne se relève plus. Il sera également possible de s'adjoindre les services d'un soigneur ou d'acheter un relance, mais nous reviendrons plus tard sur cet aspect précis du jeu.
Contrairement à la version PC, Blood Bowl ne propose ici que du tour par tour. Le terrain est donc découpé en petites cases qui vous permettront d'estimer les possibilités de déplacements de vos joueurs. Lorsque vous sélectionnerez une de vos ouailles, les cases sur lesquelles elle pourra se rendre apparaîtront en vert. Vous devrez donc définir précisément le trajet que devra effectuer le bonhomme, en évitant les zones de tacles adverses (les huit cases entourant chaque joueur) ou en prenant justement le risque de les traverser et de mordre la poussière. Evidemment, les déplacements ne sont pas les seules actions disponibles. On comptera donc sur une simple transmission de balle entre deux joueurs se tenant côte à côte, une unique passe par tour, des "blocages" qui consistent tout simplement à tenter d'assommer ou de repousser un joueur qui se tient sur une case adjacente et même des agressions, qui reviennent en fait à faire bouffer du crampon à un joueur déjà étalé... En gros, chaque joueur ne peut entreprendre qu'un seul type d'action par tour. Dans ces conditions, la dernière action du jeu, le blitz, se révèle particulièrement importante. Comme la passe, vous ne pourrez tenter le blitz qu'une seule fois par tour mais il vous permettra de vous déplacer ET de tenter un blocage dans la foulée. Un plus absolument primordial lorsqu'il s'agit d'aller casser le dos d'un joueur qui s'apprête à planter le ballon dans votre en-but.
Comme dans le jeu d'origine, le résultat d'une action autre qu'un déplacement de base est déterminé par l'usage de dés spéciaux. Les compétences de vos joueurs, ainsi que leurs capacités spéciales (dépendantes de leur race et de leur rôle sur le terrain) influeront bien évidemment sur le résultat. On se souviendra par exemple qu'un troll ne vaut pas tripette lorsqu'il s'agit de mettre la main sur le ballon, mais qu'il est en revanche idéal pour distribuer des mandales et envoyer l'adversaire sur Pluton. Une fois encore, ce sera donc à vous d'estimer les risques de chaque manoeuvre et d'agir en conséquence. Reste que quoi qu'il en soit, le facteur hasard occupe donc une place très importante dans Blood Bowl, et c'est d'ailleurs ce qui donne leur charme aux parties. C'est aussi là qu'intervient la notion de relance que nous évoquions plus haut. Chaque action étant résolue par un jet de dés virtuels, on appréciera la possibilité de relancer occasionnellement les dés et d'en modifier le résultat, en bien ou en mal.
Une autre notion fondamentale à retenir est sans conteste celle du turnover. L'idée qui se cache derrière ce mot étrange, c'est que si l'un de vos joueurs ne réussit pas l'action que vous lui aurez attribuée, votre tour prendra fin subitement et la main passera à l'équipe d'en face. Un coach avisé devra donc juger des risques de chaque action et planifier ses coups avec discernement, en privilégiant quelques mouvements faciles avant de tenter une passe périlleuse par exemple. Hélas, dans les premiers temps, autant dire que vous risquez de subir des tripotées de turnovers. Les premières heures d'une campagne sont généralement marquées par beaucoup de frustration, puisque vos joueurs font constamment les frais de leur inexpérience. Mais rassurez-vous, une fois ce cap franchi, Blood Bowl revêt un tout autre costume : celui d'un jeu extrêmement profond où les notions de tactique sont absolument primordiales. Sur PSP, le maniement est tout ce qu'il y a de plus efficace, le stick servant à déplacer la caméra, les touches directionnelles le curseur. Les touches de droite servent quant à elles à valider ou annuler vos choix. Simple et imparable.
Sur DS en revanche, on se retrouve malheureusement gêné par un stylet dont on attendait justement beaucoup pour un jeu de ce type. Très curieusement, il semble effectivement difficile d'opérer les sélections les plus anodines, l'écran tactile ne semblant pas toujours réagir comme il le faudrait. Ainsi, on devra parfois s'y reprendre plusieurs fois avant de pouvoir "cliquer" sur la cible d'un blitz. Le problème est d'ailleurs accentué par la gestion de la caméra. Alors que sur PSP, on pourra zoomer à loisir et tourner la caméra dans tous les sens, la DS ne propose quant à elle que deux niveaux de zoom, sans possibilité d'opérer de rotations. Du coup, on aura parfois du mal à sélectionner un pauvre joueur nain, plus ou moins caché derrière la masse imposante d'un troll de pierre ou d'un minotaure. Bref, si vous avez le choix, privilégiez la version PSP qui vous évitera beaucoup de frustration grâce à son maniement exemplaire. Dommage car la DS profite d'ajouts bien pratiques qui se manifestent sous la forme d'onglets accessibles sur les bords de chaque terrain. On pourra ainsi consulter la liste des remplaçants ou voir le nom des joueurs expédiés à l'infirmerie/morgue.
Reste enfin à évoquer le multijoueur, à peu près semblable sur les deux machines. On profitera ainsi d'un mode "Hot Seat", qui vous permettra de jouer à deux, à tour de rôle, sur la même console, mais aussi d'options pour quelques parties en réseau local. Notez cependant que chaque joueur aura besoin de son propre exemplaire de Blood Bowl et qu'il ne sera pas possible d'organiser de championnats. On se contentera donc de matchs simples, ce qui reste tout de même très agréable. La grosse déception vient de l'absence d'un mode Online, qui aurait pu permettre de passer outre les errements occasionnels d'une IA plutôt efficace, mais qui nous gratifie parfois de jolies bévues. Bref, Blood Bowl n'est probablement pas parfait, mais l'expérience reste néanmoins très complète et très prenante. Les fans du jeu de plateau auront indubitablement plaisir à découvrir une version de poche de leur jeu fétiche, et les néophytes en quête de fraîcheur et nouveauté trouveront là un titre plaisant et bien conçu sur PSP, et peut-être un petit peu moins convaincant sur DS.
- Graphismes13/20
Avec seulement deux niveaux de zoom, le jeu vous semblera hélas très confus. Dommage car les différents joueurs sont correctement modélisés et très reconnaissables, ce qui n'est pas forcément le cas sur PSP. L'interface apparaît quant à elle très claire et permet donc au joueur d'accéder à toutes les informations importantes rapidement et de développer son jeu sans le moindre souci.
- Jouabilité13/20
Jolie petit stylet, pauvre petit stylet ! Toi dont on attendait tant, tu n'est finalement plus qu'une source de déception ! Attention, ce n'est pas à dire que Blood Bowl est totalement injouable sur DS. Non, le soft souffre simplement de nombreux petits problèmes qui mis bout à bout, peuvent sérieusement nuire au plaisir de jeu. Entre un écran tactile qui ne réagit pas toujours comme on le souhaiterait et une caméra limitée, on se sent parfois bien démuni. Dommage car fondamentalement, le titre est un petit bijou de tactique, riche, prenant et diablement efficace.
- Durée de vie15/20
Moins bien fourni qu'une version PC littéralement gargantuesque, le titre s'en tire tout de même avec les honneurs en proposant de nombreuses heures de jeu en solo. On comptera ainsi sur de petits matches simples pour passer le temps et de véritables championnats, longs et difficiles. Accéder à la première place est un challenge de taille tout à fait passionnant. Côté multi, pas de online, mais du "Hot Seat" ainsi que la possibilité de faire des parties à deux, en local, pour peu que chacun ait sa propre version de Blood Bowl.
- Bande son13/20
Des bruitages assez moyens et des musiques dispensables constituent le fond sonore de Blood Bowl. Le bon point, c'est qu'on s'évitera les répliques et les calembours fumeux des commentateurs de la version PC.
- Scénario/
Généreux jeu de massacre, à la croisée des chemins entre fantasy, football américain et jeu de stratégie, Blood Bowl pourrait faire figure de petite perle s'il ne souffrait pas de nombreux problèmes de prise en main. Malgré ces soucis, le jeu parvient néanmoins à rester prenant, et ce, même lorsqu'on encaisse une série de défaites. La console éteinte, on se prend alors à penser à la manière de pulvériser ces insaisissables Skavens lors de la prochaine rencontre, et c'est là tout le génie de la formule Blood Bowl. Au fil du temps, on finit par s'attacher aux espèces de tarés qui nous servent de joueurs et on ne vise plus qu'une chose : les emmener au firmament des meilleures équipes de Blood Bowl.