Disponible sur Wii, PS2, PSP et DS, Indiana Jones et le Sceptre des Rois a la particularité de se décliner en autant de versions différentes. Sur la portable de Sony, il laisse de côté la grande aventure pour se muer en un bon gros beat'em all des familles. Malgré ce parti pris audacieux qui ne sera pas forcément accepté par tout le monde, le jeu assure à merveille son rôle de défouloir.
Au-delà de l'orientation spécifique de chacune des versions d'Indiana Jones et le Sceptre des Rois, il est assez singulier de les voir composer avec le même scénario pour en tirer un développement différent. Ainsi, cette mouture PSP débute par un prologue qui voit Indiana Jones se frotter avec son ami Magnus Völler, avec qui il entretient une certaine rivalité, dans le cadre de la récupération d'une mystérieuse sphère de jade au fin fond d'un temple panaméen. Dix-sept ans plus tard, Indy reçoit un inquiétant coup de fil de son vieil ami Archie, le conviant à le rejoindre de toute urgence à San Francisco. Arrivé sur place, l'homme au fouet et au chapeau est immédiatement pris à parti par des mafieux locaux, manifestement très déterminés à l'empêcher de retrouver Archie. S'ensuit une succession de péripéties à travers un Chinatown qui ne lui épargnera aucune mauvaise rencontre.
Durant le périple qui va conduire Indy aux quatre coins du globe, de Panama au Népal en passant par Istanbul, vous aurez l'occasion de prendre part à quelques phases à la Tomb Raider, au cours desquelles vous éviterez des pièges, résoudrez quelques puzzles simples et jouerez du fouet pour vous envoler au-dessus de précipices. Mais cette composante aventure apparaît comme assez anecdotique dans cette version PSP, centrée essentiellement sur les combats. La grande majorité des niveaux du jeu se présentent en effet sous la forme d'une simple "salle" d'apparence variée : bar, toit, usine, quai, pont suspendu... Indy doit alors vider les lieux de leurs occupants, sachant que de nouveaux malfrats surgissent régulièrement par vagues successives. Bref, la composante beat'em all finit par prendre le dessus sur tous les autres aspects du gameplay. Les fans de l'homme au fouet et au chapeau risquent de hurler à l'imposture. Et pourtant, cela fonctionne très bien.
Indy possède d'abord une palette de coups suffisamment vaste pour vous permettre d'éliminer ses opposants sans jamais vous lasser. Les quatre boutons principaux servent à donner un coup de poing rapide ou puissant, à esquiver une attaque ou à saisir un adversaire par les épaules, sachant qu'une fois maintenu de la sorte, l'infortuné malfrat peut être projeté dans le décor ou assommé via un violent coup de boule. Les différents enchaînements possibles sont nombreux et assez simples à réaliser (d'autant qu'ils s'affichent brièvement à l'écran). A l'occasion, il faut également s'acquitter de quelques actions contextuelles, qui serviront par exemple à se dégager de l'emprise d'un adversaire ; mais ces séquences ont le bon goût de rester peu fréquentes et facilement exécutables. Sachez qu'Indy peut également utiliser son fouet pour désarmer un opposant, et même faire usage de son pistolet si la situation devient critique (le nombre de balles étant toutefois limité).
Mais le plus réjouissant, c'est que si les environnements sont peu étendus, ils fourmillent d'éléments interactifs. Il y a de nombreux objets qu'Indy a la possiblité de saisir, de la bouteille en verre à la chaise en passant par le couvercle de poubelle. Il peut alors les projeter à la tête de ses adversaire ou s'en servir pour leur porter des coups. De même, les développeurs ont multiplié les occasions de tirer profit du décor pour prendre l'ascendant sur ses opposants : avec son fouet, Indy peut leur faire tomber un chandelier sur la tête ou bien encore démolir la plate-forme où ils se tiennent. Au final, les combats sont particulièrement variés et agréables. Les niveaux s'enchaînent assez vite (chacun ne dure pas plus de 5 à 10 minutes), si bien que vous n'avez jamais le temps de vous lasser. Outre les quelques phases d'aventure à la Tomb Raider, de sympathiques petites séquences d'action (comme cette fuite à bord d'un tramway à San Francisco) viennent agrémenter le tout.
Indiana Jones et le Sceptre des Rois contient une quarantaine de niveaux que vous allez enchaîner sans voir le temps passer : au total, il ne vous offrira guère plus de 6 heures de jeu, mais vous aurez la possibilité de prolonger le plaisir en rejouant certains niveaux. A l'instar des autres versions, cette mouture PSP possède en effet un système d'accomplissements (Fortune et Gloire) qui vous incite à débloquer une flopée de succès et à retrouver des artefacts disséminés dans les niveaux. Si vous êtes du genre à finir les jeux à 100 %, ce système est susceptible de booster la durée de vie du titre. Sachez également que si les points de Fortune et de Gloire obtenus peuvent être dépensés pour débloquer une ribambelle d'artworks, ils ont aussi une utilité plus immédiate puisque vous pouvez vous en servir pour améliorer les capacités d'Indy : jauge de vie, dégâts des coups portés... Exclusive à la version PSP, cette fonctionnalité confirme qu'on est en présence d'un titre très abouti.
Pour ne rien gâcher, Indiana Jones et le Sceptre des Rois sur PSP s'appuie sur une réalisation de premier plan. On passera rapidement sur la jouabilité, satisfaisante si l'on excepte les inévitables problèmes de caméra typiques du genre, ainsi que sur le rendu visuel, plus fin et mieux animé que dans les autres versions. Car c'est sur le plan sonore que le jeu épate le plus. D'excellents bruitages renforcent l'impact des coups lors des combats, tandis que tout un tas de sonorités de circonstance mettent dans l'ambiance des différents lieux traversés (cf. les bruits de fête et de feux d'artifice à Chinatown). Quant aux personnages qui vous tiennent parfois compagnie durant l'aventure (et qu'il faut alors protéger), ils commentent régulièrement vos exploits. Résultat : on s'y croirait, malgré l'absence dommageable de la voix officielle de Harrison Ford. Au final, en dépit d'un parti pris qui ne plaira pas à tout le monde, l'équipe d'Amaze Entertainment nous livre là un très bon travail.
- Graphismes15/20
Cette version PSP est sans aucun doute la plus convaincante de toutes sur le plan visuel. Les décors sont fins et très colorés, les personnages bien animés. On a grand plaisir à parcourir les différents environnements du jeu, d'autant qu'ils affichent une réelle variété.
- Jouabilité14/20
Assez inégales et trop scriptées, les phases d'aventure déçoivent. Il est en revanche très agréable de prendre part aux combats, et c'est une chance vu qu'ils sont au centre du jeu ! Rien à redire sur les commandes, qui répondent au doigt et à l'oeil. Seule réserve : les sempiternels problèmes de caméra, assez symptomatiques du genre et du type de représentation adopté.
- Durée de vie10/20
Difficile d'évaluer finement la longévité d'un titre qui mise sur son système d'accomplissements pour étoffer une aventure sans doute un peu courte. Comptez 6 heures de jeu en mode normal si vous avez du mal à rentrer dans le trip des succès, et deux à trois heures de plus si vous comptez finir le jeu à 100 %.
- Bande son17/20
Les bruitages sont d'une remarquable qualité, les doublages en français sont réussis (même si on aurait aimé retrouver la voix officielle d'Harrison Ford) et les thèmes tirés de la saga Indiana Jones répondent présents. Bref, que du bonheur.
- Scénario12/20
Moins décousue que dans les autres versions du jeu, la narration est assurée par le journal d'Indy, qui apporte du liant entre les niveaux. Elle avance aussi parfois à la faveur de quelques cut-scenes réalisées avec le moteur du jeu. Rien de bien transcendant, mais on n'en attendait pas vraiment davantage.
Sans doute la plus éloignée de l'esprit d'Indiana Jones, la version PSP du Sceptre des Rois est paradoxalement la plus réussie. Vous aurez sans doute un peu de mal à digérer l'abandon de l'aspect aventure au profit d'un gameplay voué tout entier à la cause du beat'em all. Mais si vous y parvenez, vous devriez tirer un grand plaisir de ces combats amusants et variés, servis par de multiples occasions de tirer profit de l'environnement. Sans doute un peu court, le jeu bénéficie d'une réalisation aux petits oignons et remplit à merveille son rôle de défouloir.