Si on associe souvent Nippon Ichi Software à la série Disgaea, cette fois il n'en est rien. Bon, ok, je vous l'accorde, nous retrouvons malgré tout le Prinny, pingouin explosif de la saga susnommée, d'accord, le palmipède évolue dans l'univers du jeu de rôle tactique mais il s'agit ici non pas de RPG tactique mais de plates-formes/action. Etonnant non, d'autant que pour une première incursion dans le genre, ces diables de Japonais s'en sont plutôt bien sortis.
Bien que nous n'en doutions pas une seule seconde, Prinny : Can I Really be The Heros ? se veut aussi décalé et bourré d'humour que son proche parent Disgaea. En choisissant ouvertement le personnage le plus ridicule de la série, mais aussi le plus craquant, Nippon Ichi met d'emblée les points sur les "i", son titre ne se prend pas une seule seconde au sérieux et ça tombe bien puisque c'est exactement ce qu'on attend de lui. D'ailleurs, le scénario est là pour confirmer ces dires. On retrouve ainsi cette chère Etna, bras droit du seigneur des démons, Laharl, et accessoirement tortionnaire de nos pauvres Prinnies. Cette dernière va alors obliger notre héros malgré lui à aller chercher divers ingrédients afin de lui confectionner l'ultra dessert. Pour couronner le tout, vous n'aurez qu'un temps limité pour le faire, chacun des stages devant se terminer en 8 minutes, 3 vous étant allouées pour venir à bout du boss de chaque niveau.
On touche ici un des points sensibles du soft synonyme de durée de vie réduite. De fait, bien que la difficulté soit exponentielle, on viendra rapidement à bout des six premiers stages qui une fois bouclés donneront accès à 4 autres stages. Malheureusement, il suffit de faire le compte : 10 stages demandant maximum 11 minutes pour être terminés = longévité estimée à un peu moins de deux heures, du moins dans l'absolu ! En effet, si les premiers stages sont du niveau de ceux d'un Super Mario, les derniers versent plus facilement dans le Ghouls'n Ghosts. De plus, on pourra toujours débuter en mode Normal mais dans ce cas, préparez-vous à quelques crises de nerfs sachant qu'un tir ennemi (contre trois en Facile) suffira à vous éliminer. Vous me direz, nous débutons avec un capital de 1000 vies (un clin d'oeil appuyé à Disgaea qui brisait les règles du genre en autorisant un level-up pouvant aller jusqu'au niveau 9999) mais ceci ne légitime en rien quelques problèmes de gameplay induisant des phases de plates-formes délicates. Je songe ici aux sauts, peu précis et très figés, le déplacement du personnage n'étant par exemple pas autorisé en plein vol. Eh oui, ces soucis existent encore de nos jours et on regrette amèrement de les trouver dans Prinny d'autant que l'exploration s'avère par ailleurs agréable.
Ceci tient à plusieurs choses. Avant tout, le superbe graphisme du titre qui reprend les formes rondelettes et les couleurs chatoyantes de son illustre parent. Dommage par contre que les attaques ne soient pas plus spectaculaires ou les mouvements plus nombreux. En l'état les aptitudes de Prinny sont des plus limitées, le pingouin pouvant simplement asséner des coups d'épée (sur la terre ferme ou en l'air), sauter sur l'ennemi pour l'assommer, effectuer une glissade ou un tourbillon pour être temporairement invincible ou se faire exploser (sigh!). Paradoxalement, les affrontements contre les boss (eux aussi issus de Disgaea pour la plupart) ne s'en trouvent pas amoindris. Mieux, ils s'avèrent excellents car basés sur une technique bien spécifique à adopter pour venir à bout du maître des lieux. Toutefois, ici aussi, il y a matière à une petite critique liée à la limite de temps imposée. En effet, bien qu'on trouve rapidement la tactique à adopter, il est parfois nécessaire d'attendre une charge de l'adversaire pour attaquer et ce jusqu'à la fin. Du coup, en étant tributaire des assauts ennemis, il arrive souvent qu'on perde le combat par manque de précieuses secondes. Irritant autant qu'excitant.
Enfin, si on tombe prestement dans une certaine lassitude, la faute à un scrolling horizontal nous donnant l'impression d'évoluer dans un univers étriqué, les développeurs ont eu la bonne idée d'inclure quelques petites passages évoquant Metal Slug. On pourra ainsi conduire des véhicules (tank, marteau-pilon, vaisseau) pour arroser copieusement des hordes d'ennemis. Toutefois, il est à nouveau étrange de noter d'énormes baisses de rythme lors de ces séquences durant lesquelles il se passe de longs moments sans que rien ne se passe. En somme, si le soft doit faire face à de gros défauts, il reste étonnamment stimulant, surtout si vous connaissez l'univers établi dans les trois premiers Disagea. Au final, en saupoudrant son titre de grand n'importe quoi, de phases de parlotes décalées entre les stages, Prinny : Can I Really be The Heros ? sait se mettre en valeur en offrant au joueur une bonne bouffée d'air frais. Loin d'égaler les ténors du genre, ce premier pas de Nippon Ichi dans le domaine de la plate-forme se montre concluant tout en étant extrêmement élitiste d'un point de vue de la difficulté. Ne reste plus qu'à transformer l'essai en gommant quelques erreurs de jeunesse dans une éventuelle suite. On en salive d'avance dood.
- Graphismes16/20
Un des points forts du titre. Coloré, détaillé, le jeu aligne des décors en scrolling horizontal plus beaux les uns que les autres. Si on regrette que les attaques de Prinny ne soient pas plus nombreuses et spectaculaires, on appréciera de retrouver le bestiaire de Disgaea ainsi que quelques nouvelles têtes. En sus, les combats contre les boss s'avèrent tactiques et bien mis en valeur.
- Jouabilité13/20
Disposant de peu de mouvements, Prinny pourra malgré tout compter sur des véhicules ou des bombes, en plus de ses deux épées, pour occire du monstre baveux. Pensez tout de même à utiliser les techniques d'esquive (glissade, tourbillon) pour éviter les attaques sournoises. On signalera également des sauts peu précis étant à même de nous poser problème dans des endroits a priori anodins.
- Durée de vie14/20
Chacun des 10 stages devant se boucler en 11 minutes, la durée de vie n'excède pas les deux heures, du moins dans l'absolu. Toutefois, la difficulté progressive fait vite état d'une montée en flèche des crises de nerf, les derniers stages étant extrêmement difficiles. Au final, on misera plus volontiers sur une durée de vie se situant entre 8 et 10 heures, surtout si vous désirez débloquer les niveaux bonus.
- Bande son15/20
On retrouve avec délice les voix américaines volontairement nasillardes des Prinnies pour des phases de parlotes entièrement doublées. Un bon point qui vient renforcer l'ambiance musicale faisant le jeu de thèmes délibérément niais ou de bruitages issus de Disgaea.
- Scénario/
Pour une première incursion dans le domaine de la plate-forme/action, Nippon Ichi s'en sort plutôt bien. Renouant avec l'ambiance complètement débile de Disgaea, Prinny assure quand il s'agit de nous faire sourire ou de nous éblouir grâce à un visuel avenant. Dommage en revanche que la maniabilité ne soit exempte de défauts, qu'on note de véritables baisses de rythme et que la difficulté soit si élevée vers la fin, le tout évoquant plus facilement Ghouls'n Ghosts que Mario. Malgré cela, ce jeu reste une vraie bouffée d'air frais distillant de très bons moments tout au long de sa progression.