Il y a quelques mois, LostWinds se faisait remarquer pour son usage de la Wiimote couplé à une narration et un univers oniriques. Aujourd'hui, Icarian prend la relève même si, en dépit des apparences, c'est un autre développeur qui se cache derrière. Ici pas question d'esprit du vent mais carrément de dieux grecs. Reprenant à son compte le mythe d'Icare qui se brûla les ailes en voulant s'approcher du soleil, Over The Top le détourne et imagine qu'Icare a pu atteindre son but et rencontrer Nyx, une nymphe dont il tomba amoureux. Une liaison contre nature, fatalement maudite et impossible, comme le sont beaucoup d'histoires d'amour. Nyx, réalisant qu'Icare ne se rend plus en douce parmi les Dieux pour la rencontrer, décide de partir à sa recherche sur Terre. Elle découvre des plaines ravagées, transformées en désert brûlant par Hélios, dieu du soleil passablement soupe au lait.

Evoluant au milieu de ruines antique Nyx va vite découvrir que les pieds délicats d'une nymphe supportent mal la brûlure du sable surchauffé. Fort heureusement pour elle, à défaut de tongs, elle a des ailes. Pour la contrôler, on utilise d'une part le Nunchuk pour la direction, d'autre part la Wiimote pour qu'elle batte des ailes. Le bouton B du Nunchuk servant à la faire planer sur une courte distance. L'astuce qui vient pimenter l'affaire étant, on s'en doute, que Nyx ne peut pas voler en permanence. Une jauge indique le nombre de battements d'ailes qu'elle est capable de produire à chaque envolée. Précision et timing sont donc de rigueur pour la guider à travers les divers obstacles de ce jeu de plates-formes. Si on se met à marteler le bouton A sans prendre garde à la distance à parcourir (ou à la hauteur d'un plafond hérissé de pieux) on aura tôt fait de heurter le sol (ou de s'empaler au plafond). On retrouve ensuite les pièges habituels de la discipline, qui prennent un nouveau sens lié à ce besoin de timing et à un rythme de déplacement relativement lent qui n'annule en rien la nécessité d'une certaine dextérité.

Globalement, le jeu est relativement facile, pourtant, quelques éléments viennent compliquer le travail du joueur qui va devoir apprendre à faire plusieurs choses à la fois. Au gré de sa progression, Nyx recevra de nouveaux pouvoirs de la part des dieux. Ces pouvoirs seront attribués à la Wiimote et à son pointeur et serviront soit à résoudre des puzzles soit à progresser. Déplacer un objet pour avancer, changer la direction d'un courant d'air pour s'envoler plus haut, attraper au vol une boule de feu pour dégager un passage ou tuer un ennemi ou encore utiliser la foudre de Zeus sont quelques exemples des aptitudes de Nyx. Ce qui apporte une dose de challenge, c'est que bien souvent ces actions devront être exécutées en plein vol. Le joueur devra donc s'assurer que son contrôle de la nymphe est correct, déplacer un rocher et changer la direction du vent avant d'attraper une boule de feu pour tuer les harpies qui bloquent le passage. Tout ça, toujours au rythme paisible du jeu. Ainsi, Icarian parvient à imposer une progression naturelle, faite de phases très calmes, assez simples, ponctuées par de courtes séquences nettement plus tendues. L'aspect grand public transparaît néanmoins dans l'absence de game over. Lorsque Nyx meurt, elle reprend vie sur l'un des nombreux points de passage.

Très proche de LostWinds dans ses mécaniques, quoique plus corsé, Icarian l'est également dans son ambiance. Très posée, celle-ci revêt une robe onirique accentuée par une bande-son épurée, paisible. Le seul point noir provenant de la traduction des textes carrément misérable. Morceaux choisis tirés de l'introduction : "J'ai volé aussi haut que j'ai rencontré un règne parmi les nues." ou "Moi j'ai volé mais mes ailes en cire se sont fondues". Rassurez-vous, tout n'est pas du même niveau, mais les fautes d'accord, de grammaire, de syntaxe ou même les phrases en français de rédaction de CE2 sont monnaie courante. A ce jour, il s'agit sans doute de la pire VF qu'on ait pu voir depuis bien longtemps. Pas de quoi ruiner la fête mais la chose reste choquante. Heureusement que le design, sobre, presque désuet, comble ce manque de charme.