Un jeu d'action à la troisième personne mixé avec de la plate-forme, le tout prenant vie au sein d'une version alternative d'une Amérique meurtrie par la guerre de Sécession et défigurée par une Révolution Industrielle partie en sucette ? Non mais vous rigolez ? On imagine mal qu'un brainstorming dans la salle de réunion de Blue Omega ait pu déboucher sur un tel résultat. Et pourtant, Damnation existe bel et bien et intègre avec frénésie tous ces éléments. Ah pour sûr, la bestiole est originale, mais cela ne veut pas dire pour autant qu'elle fonctionne.
L'Amérique baigne dans son propre sang et d'immondes dictateurs industriels voient dans cette agonie l'occasion de s'approprier le pouvoir et d'assujettir la population. Le pire de ces tyrans est sans conteste Prescott qui, à la tête de sa propre armée, n'hésite pas à se servir de substances toxiques pour transformer les citoyens en monstres assoiffés de sang. Heureusement qu'Hamilton Rourke, officier déchu, veille au grain et tient à organiser la résistance. Dans la peau du vétéran, vous allez donc traverser des tripotées de niveaux en sautant de toit en toit et en exterminant des hordes d'hommes-grenouilles aussi combatifs que des potirons. En fait, Damnation n'a clairement pas les épaules assez solides pour faire vivre son étrange univers steampunk. Déjà plombé par des cinématiques quelconques et des personnages oubliables, il échoue en grande partie à cause d'un bilan technique calamiteux. Les graphismes n'ont pas la moindre finesse, l'animation est déplorable, le tout étant associé à un monde quasi monochrome au design repoussant. Bref, vous vous en doutez, l'effet produit n'est pas très engageant. Du coup, on tentera de s'en remettre au gameplay en lui-même, censé être le véritable point fort de Damnation.
Shooter relativement classique en apparence, le titre mise en fait sur de gigantesques niveaux nécessitant de nombreuses acrobaties pour être traversés. Le bébé de Blue Omega fait effectivement partie de ces jeux qui se targuent d'exploiter la verticalité de la 3D. Dans les faits, cela implique qu'on pourra grimper à peu près partout, bondir comme un cabri, utiliser des poteaux pour se hisser sur un balcon ou encore opérer un double saut entre deux murs. Hélas, on tirera rarement parti de ces possibilités en plein combat, la dimension plate-formique de Damnation se résumant la plupart du temps à un intermède un petit peu trop mou entre deux courtes fusillades. En effet, les possibilités de mouvements offertes sont loin d'être aussi satisfaisantes que dans un Tomb Raider ou un Assassin's Creed, pour citer des grands noms. La caméra reste quant à elle résolument passive et nous impose de lourdes manipulations. De même, l'architecture des niveaux, bien que relativement ouverte, n'encourage pas vraiment à l'exploration. Que l'on passe par le balcon d'une bicoque délabrée ou sur le toit d'une grange noircie par le feu, on finira toujours par être obligé de passer par la même échelle, synonyme de sortie.
Mais nous ne sommes malheureusement pas au bout de nos peines, car les séquences d'action de Damnation ne sont pas plus convaincantes que le reste. Constamment accompagné par deux camarades maladroitement gérés par le soft, on constatera vite que les fusillades ne fonctionnent pas très bien et n'ont en plus aucune patate. Le jeu accumule effectivement les bugs de collision, nous fait croiser des tripotées de gardes qui ne réagissent pas même quand on leur tire dessus et nous assène des séquences véhiculées risibles à intervalles réguliers. Certains ennemis parviendront même à disparaître complètement, comme si David Copperfield opérait en backstage. Pour couronner le tout, la petite sélection d'armes mises à notre disposition n'est pas très originale et ne partage qu'une seule caractéristique : l'imprécision. En dehors du fusil de sniper, on aura presque toujours l'impression de tirer au pif en espérant qu'une balle aille se perdre dans la caboche d'un soldat drogué. C'est un genre, c'est un choix, mais là encore, ça n'encourage pas vraiment le joueur à se dépasser.
Une petite partie des problèmes d'IA pourra être contournée en embauchant un pote pour traverser l'aventure en coopération (en local ou en ligne). Mais seul ou à deux, vos adversaires se montreront toujours aussi incompétents et le jeu toujours aussi buggé. Même constat pour la plate-forme et les combats, qui ne changeront évidemment pas de nature pour autant. Ne restera plus alors qu'à jeter un oeil au multijoueur, plutôt complet, mais qui ne parviendra pas à extirper le soft de la flaque de boue dans laquelle il se vautre joyeusement. Très moche, mou, buggé, inintéressant, Damnation est un jeu que nous nous garderons bien de vous recommander, même pour une location.
- Graphismes12/20
Nettement plus fin et plus fluide que les versions consoles, le jeu reste néanmoins quelconque. Les images qui accompagnent ce test devraient d'ailleurs vous permettre de découvrir un univers monochrome aux décors d'une grande pauvreté.
- Jouabilité8/20
Ca partait d'un bon sentiment et on aurait bien aimé voir ce mélange d'action à la troisième personne et de plates-formes fonctionner. Hélas, Damnation accumule les problèmes, qu'il s'agisse de la gestion de la caméra, du rythme ou de l'IA. Le jeu souffre en plus de nombreux bugs généraux qui plombent bien souvent l'expérience et lui donnent évidemment un air d'inachevé.
- Durée de vie12/20
Damnation s'inscrit dans la moyenne dans ce que l'on trouve actuellement dans le commerce. On profite tout de même d'un mode coopération et d'un multijoueur consistant. Mais malgré ces efforts, on doute que les joueurs supportent bien longtemps la faiblesse du gameplay.
- Bande son10/20
Musiques (discrètes) et effets sont de bonne facture, mais les doublages sont calamiteux. Que l'on parle des accents ridicules, du manque de conviction des doubleurs, du mixage et du montage incohérents, il n'y a rien à sauver à ce niveau.
- Scénario9/20
L'univers présenté a beau être très intéressant sur le papier, sa représentation dans le jeu s'avère tout de suite beaucoup moins affriolante. En dépit de quelques bonnes idées, le soft sombre rapidement dans l'ordinaire. On se retrouve ainsi avec un héros bourru mais généreux et un terrible méchant qui sent de la bouche et n'aspire qu'à conquérir le monde en le détruisant. Le tout croule d'ailleurs sous des cinématiques aussi insipides que mal fichues.
Damnation cherchait à offrir quelque chose de nouveau, une nouvelle façon d'aborder les jeux d'action, mais il ne se contente finalement que de mixer maladroitement des mécaniques de jeu anciennes et depuis longtemps dépassées par une concurrence de plus en plus farouche. Le jeu est plombé par de trop nombreux défauts, autant en termes de structure et de jouabilité que de réalisation. Peut-être serait-il plus avisé de garder votre argent pour autre chose.